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31 juillet 2019

Dix ans et 30 000 morts après (Exmed)

Un groupe né sur les rives du Lac Tchad en 2009 est dans une insolente santé. Son nom : Boko Haram est son programme politique. En langue haoussa, il proclame : l’éducation occidentale est un péché. 6000 combattants terrorisent les populations rurales du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger. Silence embarrassé de ceux qui se disent les gendarmes de cette région de plus en plus misérable et affamée.
    Quant à nous, qui vivons si grassement des richesses obtenues par l’éducation occidentale qui nous a formés, nous demeurons aussi aveugles que sourds à ce qui se passe au loin. 


   Et si, au lieu de se battre avec des armes, on examinait avec le plus grand soin, et sans oeillères, la question de ce qui sous-tend notre éducation venue d’Occident ?

François-Marie Michaut
31 juillet - 1er août  2019

28 juillet 2019

CASSE GRAINE (LEM 1130)

                      
                        
En ces temps de progrès, la graine est à la mode ;
Il n’est plus un repas sans qu’on chante son ode.
L’anis ou le pavot, tournesol ou lupin,
On devrait en manger comme on mange du pain.

« Celui qui vend sa paille, il vend aussi son grain
Mais s’il vend son fumier, il a vendu son pain ».
Ce sont de vieux dictons devenus obsolètes :
La graine est à l’honneur, crue, cuite ou en galette !

Loin de monter au nez, la graine de moutarde,
Bourrée d’oméga 3, est une sauvegarde
Contre le psoriasis et l’aérophagie :
Je vais m’en rassasier jusqu’à l’apoplexie…

Courge pour la prostate ou chia pour l’humeur,
Ont d’immenses vertus assurant le bonheur.
Lin pour la thyroïde, amande pour le foie
Et même la nivelle, ont de quoi mettre en joie.

« Veiller toujours au grain » est un conseil ancien,
Mais mis au goût du jour par nos bons médecins.
La becquée graine à graine engraisserait assez :
« Si la semence est bonne on aura la santé. »

« Séparer le bon grain de la mauvaise ivraie » ;
Il y a si longtemps qu’on le dit : on le sait !
En « prenant de la graine », on a cru en sagesse
Et un bon quinoa vient nous remettre en liesse.

« la graine est dans le fruit et le fruit dans la graine » :
Là on… égraine encore une douce rengaine.
Où on a de la graine, on aura du plaisir !
Sans un grain de folie, le génie va s’enfuir…

Si la graine de lin est meilleure que d’autres,
Elle peut remplacer le bon vieil épeautre.
L’instruction n’est qu’un sac juste rempli de pierres :
La culture est la terre où la graine prospère.

Grainons, grainons, grainons ! Puisque c’est le sésame !
Absorbons toutes graines et foin des états d’âme !
Donc de « casser la graine », il faudra qu’on s’entiche :
Prenons en de la graine et vive le pois chiche …

       Jacques Grieu
                                                                                                  
   
Os court ;

« Le culturel commence au dessus des sourcils, comme le rhume de cerveau et la migraine.» 

 Denis Langlois

( écrivain, pacifiste, avocat des droits de l’homme, né le 30 janvier 1940 )

Lettre d'Expression Médicale

LEM n° 1130
 29 juillet  2019


Semence en cadence (Exmed)


   Semen dit le latin, sperme pense le médecin. Du moins celui qui n’a écouté ni Voltaire ni... Freud : « J’ai perdu mon temps : la seule chose importante dans la vie, c’est le jardinage» (1).  Avec la LEM 1130 CASSE GRAINE, Jacques Grieu nous entraine sur ses terres, avec le concours amical de Denis Langlois qui fut au collège d'Etampes mon seul complice en classe de grec.
Bonne récolte, culture en tête.

(1) Citation en exergue dans « Les émotions cachées des plantes» Didier Van Cauwelaert, Plon,  2018)

François-Marie Michaut 
Exmed 29-30 juillet 2019

25 juillet 2019

Anxiogenèse (Exmed)

   Tout semble se passer comme si le flot incessant des récits de ce qui se passe autour de nous était devenu une curieuse usine pour le cerveau humain. Sa finalité demeure non dite, mais le produit fabriqué saute aux yeux. Donnons-lui, juste par goût pour l’autodérision indispensable de nos connaissances, un nom savant : l’anxiogenèse.

   
Il faut croire que ça se vend aussi bien que les climatiseurs pendant les canicules, l’anxiété.
François-Marie Michaut 
Exmed 26-28 juillet 2019

24 juillet 2019

Greta Thunberg (Exmed)

    Cette jeune-fille suédoise de 16 ans devenue l’égérie médiatique de l’intervention de la jeunesse pour influencer la conscience écologique des nations, mérite simplement d’être respectée. Comme il est simplement normal, entre autres pour les soignants, que tout être humain le soit, quelles que puissent être ses singularités médicalement repérables ou non.


   Elle porte sur la place publique des idées, son droit inaliénable sous nos climats. Seules les idées qu’elle promeut peuvent, et doivent, être soumises à la critique la plus rigoureuse.

  Élémentaire, n’est-ce pas ?
Mais, cent fois hélas, pas pour tout le monde.


François-Marie Michaut 

24-25 juillet 2019

21 juillet 2019

Ce qui tient avec (LEM 1129)


              Feuillets de Systémique Médicale (7 )


                                                                                                   
    Ce qui tient avec est exactement ce que veut dire le mot système hérité du grec ancien . Sun : avec et stein : tenir. Avoir le culot d’oser, sans aucun mandat ayant pignon sur rue, perturber la pensée médicale dominante en insistant avec obstination, suppose un postulat. Bien entendu totalement critiquable. Dans le domaine de la médecine, rien n’existe qui soit isolé de tout ce qui existe autour. Depuis toujours les médecins, seuls devant leurs malades, le ressentent avec une telle évidence qu’ils n’ont même pas le besoin d’en parler à qui que ce soit. L’éclatement des pratiques médicales depuis la seconde (1) guerre mondiale a fait surgir un nombre croissant de disciplines spécialisées limitant volontairement leur champ de compétence, donc de connaissance, à une seule partie du corps humain pathologique. L’attrait auprès des étudiants en formation, eux mêmes formés presqu’exclusivement par des spécialistes hospitaliers de renom académique a été considérable. En 2018, la France comptait 226 000 médecins actifs. Dont 102 000 généralistes pour 124 000 spécialistes (2). Est-ce bien le meilleur équilibre possible pour que les habitants reçoivent les meilleurs soins dont ils ont besoin ? Visiblement, la question fâche ceux qui devraient avoir une opinion sur cette étrange dichotomie. 

  Objectif depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale : améliorer la somme des connaissances de la médecine en fractionnant de plus en plus les disciplines partielles en constituant le corpus. Construire sa propre spécialité médicale a été un rêve pour nos prédécesseurs médecins en quête de gloire professionnelle. Ce fut le cas au siècle dernier, pour ne citer que quelques noms qui eurent leur heure, si brève, de célébrité, de Jean Bernard ( hématologie), Robert Debré (pédiatrie), Jean Hamburger (néphrologie), Jérôme Lejeune (génétique). Que leurs cendres, comme celles de tous ceux dont je n’ai pas parlé, me pardonnent, mais tous ont construit leur propre système aussi hermétiquement refermé sur lui-même qu’ils l’ont pu. Avant que de nouveaux talents conquérants ne s’imposent en divisant sans cesse leur champ de compétence et leur sphère d’influence, notamment médiatique. Bien garder en mémoire qu’une telle vision pyramidale de la médecine a profondément marqué des générations entières de médecins dans un univers statique.     Et, en toute lucidité, nous sommes encore fort loin d’avoir dépassé cette vision de la médecine.

    La façon dont nous pensons la médecine elle-même n’intéresse pas les foules. Les louanges aussi excessives des promesses que les critiques systématiques des dangers suffisent à alimenter les réactions du grand public. Quelques petits coups de publicité, un poil de propagande pour les bonnes causes et un bon souffle de mercantilisme y trouvent leur pâture. On pourrait penser que les études de médecine apportent aux carabins quelques lumières afin de se définir elle-mêmes avant de vouloir entrer dans les esprits. Et bien, rien de tel n’existe dans la tradition française. C’est à chaque médecin, tout au long de sa vie, d’inventer et de remettre sans cesse à jour sa propre vision de la médecine. Les querelles traditionnelles autour de l’homéopathie, de l’acupuncture ou des médecines venues d’ailleurs en sont l’écho finalement rassurant. La liberté de jugement n’est pas définitivement détruite par le carcan universitaire.

   Comment les choses se sont passées avant notre époque ? C’est l’histoire qu’il faut convoquer. Une histoire de la médecine qui ne fait l’objet d’aucun enseignement pour tous les étudiants. Terrain de jeux pour des retraités érudits en mal d’écriture savante, l’image n’est pas attractive. Nous savons que l’université, depuis ses origines chrétiennes médiévales (3) a limité son terrain à l’étude des livres anciens jugés les plus importants. En médecine, ce furent les écrits prêtés à Hippocrate et ceux du philosophe grec Aristote. La survenue du siècle dit des Lumières, celui de Diderot et des encyclopédistes, en sonna le trépas définitif.

   Pour tenter d’avoir une vision globale, «  généraliste », aussi complète que possible, tout en demeurant de lecture accessible, je n’ai trouvé sur ma route qu’un seul ouvrage. Il date de 1975. C’est «  Histoire de la médecine » de Charles Lichtenthael (4), éditions Fayard. Bien entendu, la médecine a évolué depuis et le lecteur a tout loisir de pratiquer une lecture critique, mais l’ensemble, car il y en a un, demeure pertinent. Des systèmes de penser la maladie, les malades et la façon de soigner se dégagent bien. Mais, il demeure impossible d’imaginer que quelque chose de commun en ressort. Des systèmes succédant à des systèmes, chacun éliminant ceux qui avaient cours auparavant ? Une vision linéaire d’un progrès de l’intelligence humaine en constante progression ? La prise de conscience très récente de ce que nous faisons subir depuis des siècles à notre planète mère nous empêche d’y croire.

  Alors, désolé, mais la question de l’existence d’un système des systèmes, d’un principe unificateur de toutes nos connaissances, demeure en suspens. Contre vents et marées de tous les scepticismes moqueurs (5),  la quête continue. Comme la vie de chaque chose.


Notes :
1) Pour l’auteur, non pessimiste déclaré, seconde dit bien : deuxième et dernière. Une deuxième chance peut être suivie d’une troisième, une seconde, non.

2) Les Échos, mai 2018. Au Royaume-Uni, en décembre 2016, on comptait 74 624 généralistes pour 61 137 spécialistes ( source www.profilmedecin.fr).

3) D’où son enseignement dans la seule langue latine jusqu’au temps de Molière.

4) Professeur de médecine à Lausanne et Hambourg, c’est le texte des 20 conférences de son enseignement.

5) Dont le dogme - car s’en est un  et de la plus belle eau - affiché haut et fort, est que la vérité n’existe pas.


   François-Marie Michaut


Os court ;

«   La langue est système commun à tous ; le discours est à la fois porteur d’un message et instrument d’action.» 

 Émile Benveniste ( linguiste,1902-1976)

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1129
 22 juillet  2019
                        
                       
 
                            

Faire les poubelles du savoir (Exmed)

   Notre récente conscience écologique ne peut y voir qu’une bonne chose : une possibilité de recyclage. C’est ainsi que cherche à se présenter la LEM 1129 sous le titre énigmatique : Ce qui tient avec.
 À vous de découvrir, et si le coeur vous en dit, de faire passer directement à la... poubelle.

François-Marie Michaut
Exmed 22-23 juillet 2019

18 juillet 2019

Ursula triplement armée (Exmed)

   Une patronne à la tête de la Commission européenne, nous ne l’avions jamais connu.

- Qu’elle soit parfaitement francophone depuis l’école primaire à Bruxelles est un atout culturel de toute première importance dans le concert mondial dominé par l’anglophonie des affaires.

- Qu’Ursula Von der Leyen ait été médecin avant de se consacrer à la politique, c’est également un ressort intellectuel sans précédent à ce niveau d’exercice d’un pouvoir s’étendant sur 28 pays de notre vieux continent.

        Que va-t-elle pouvoir faire de ses armes hors du commun, l’avenir, notre avenir, le dira.

 François-Marie Michaut 
Exmed 19-21 juillet 2019

16 juillet 2019

Éponges à catastrophes (Exmed)

   Merci à nos merveilleuses machines à nous connecter en direct sur ce est livré en pâture à notre terreur du vide existentiel et de l’ennui. Quand les nouvelles du quartier étaient diffusées par des langues bavardes, le temps de la digestion, de l’interprétation, de la distorsion, de l’échange, était respecté. Piégés par le direct, les émissions spéciales et les infatigables réseaux sociaux, il nous faut ingurgiter de force  heure par heure les choses les plus épouvantables. Notre humanité est réduite à être une éponge à catastrophes, et chacun de nous avec. Tous ceux qui y contribuent plaident leur bonne foi ou leur droit légitime à nous plonger dans ce bain d’horreur.

  Le seul problème est que nous n’avons pas encore trouvé comment presser ce genre d’éponge, et que c’est notre humeur qui en fait les frais.

   Glissement vers une sorte d’état dépressif collectif croissant, ne trouvez-vous pas ?

 François-Marie Michaut

Exmed 17-18 juillet 2019

14 juillet 2019

LATINOPHOBIE (LEM 1128)

                  
                         
 
                             

« Haro sur le latin ! », proclament les modernes ;
« Cette langue est bien morte et pour vieilles badernes »
Si elle sert encore au baptême de plantes,
« Seulement à l’église elle reste courante ».
Et encore certains voudraient l’y supprimer,
Malgré le Vatican qui ne veut l’oublier.

Supprimer le latin est le nec plus ultra,
Le vrai sine qua non pour persona grata.
À ces vieilleries-là, mettons notre veto
Et rangeons-les très vite en un grand mémento.
C’est en totalité, vraiment in extenso,
Qu’il faudra tout exclure ; et pas grosso modo.

Pas besoin de passer par un referendum
Qu’il nous faudrait subir jusqu’à ad libitum :
Pedibus cum jambis  ou bien par omnibus,
Brisons le statu quo sans craindre les hiatus !
Alors, ipso facto, sans risquer de lapsus,
Tous ces latinophobes auront donné quitus

S’il nous faut endurer de tels ultimatum,
Nous n’en seront jamais les trop vils factotum :
Quels que soient nos métiers, curriculum vitae,
Contre le bas latin, pas de brutalité !
Faut-il, ex nihilo, inventer d’autres mots,
Au risque de créer d’absurdes quiproquo ?

Certains, nolens, volens, voudraient au muséum
Tout ce qui est latin,  coller dans un album.
Faut-il rebaptiser l’Amérique latine,
Et du Quartier Latin supprimer les racines ?
Alea jacta est ! chassons les latinos ?
Mais là, le vae victis, n’est pas le juste mot…
   


Jacques Grieu
 


Os court :

« Il faut d’abord bien savoir le latin. Ensuite, il faut l’oublier.»
 Montesquieu ( 1689-1755 )



LETTRE D'EXPRESSION MÉDICALE

LEM 1128

15 juillet 2O18

In latino veritas (Exmed)

  Quand on pense que ce fut longtemps la seule langue utilisée par la science, comme elle l’était par l’Église ! Le Diafoirus de Molière marqua son agonie chez nous, alors que la systématique botanique et zoologique maintenait son usage. Une langue morte est-elle un archaïsme à jeter à la poubelle ? Ou bien, demeure-t-elle, paradoxalement, une ressource importante pour aller fouiller le sens au delà des apparences et de l’utilitarisme immédiat ? Qu’en pense l’intelligence artificielle ?

Voici la LEM 1128 de Jacques Grieu : LATINOPHOBIE. À consommer sans aucune modération comme antidote au «globish» métastatique.



François-Marie Michaut
Exmed  15-16 juillet 2019

11 juillet 2019

Voyage officinal (Exmed)

   
Étonnant voyage en arrière dans son arsenal thérapeutique pour un médecin qui a cessé d’exercer depuis des années.  Les rayons des pharmaciens exposent à la convoitise des clients force médicaments qui naguère nécessitaient une prescription médicale en bonne et due forme.
   L’assurance-maladie ne les remboursant plus, ils sont en vente libre. Leur  prix étant libres et les pharmaciens persuasifs vendeurs, le commerce de ces produits, tous plus prometteurs les uns que les autres, vantés dans des spots télévisés,  sont une excellente affaire pour toute la filière du médicament.

  
Pour les utilisateurs aussi ?
    Que c’est mal élevé que de poser de telles questions !


François-Marie Michaut

 12-14 juillet 2019

09 juillet 2019

Connaissez-vous cet outil ? (Exmed)

   
En butinant sur la Toile, je suis tombé sur un remède au royaume des fake news et aux autres manipulations numériques si polluantes sous le règne impérial des GAFA. Un site ouvert à tous, sans objectif de profit, cherchant à faire entendre, au niveau international, ce que les enseignants-chercheurs eux-mêmes, ont envie de faire savoir aux opinions publiques. Son nom : THE CONVERSATION .
   Parler ensemble, l’idée n’est pas aussi banale qu’elle en a l’air. L’adresse de sa version francophone : https://theconversation.com/fr .
Intéressant à connaître et méritant, à mon avis, ce papier en témoigne, de le faire connaître autour se soi.

François-Marie Michaut

10-11 juillet 2019

07 juillet 2019

Petits gars, causez (LEM 1127)

     Une terrifiante comptabilité nous heurte de plein fouet. Celle des femmes qui périssent en France sous les coups de leur partenaire sexuel habituel,  actuel ou passé. Il est même question pour le gouvernement de lancer des «états généraux des violences faites aux femmes» ( source : France Info du 7 juillet 2O19).
 Serait-ce donc un sujet politique ? Quelques mesures réglementaires ou textes législatifs sévères seraient-ils en mesure d’empécher les meurtriers domestiques d’agir comme ils le font ? Des actions dites de prévention pourraient-elles empécher un seul de ces drames absolus pour des familles entières ? Il est, hélas, facile de ne pas y croire.

  L’émotion est grande. Elle est justifiée, même si elle pose la question du silence qui a régné de tout temps (1) sur cette réalité. Faisons l’effort d’essayer non pas de supprimer, cette émotion car, son nom le dit, elle est une force motrice, mais de tenter de réfléchir au lieu de nous précipiter sur les «mesures» immédiates. Ces hommes, que leurs voisins, leurs camarades de sport ou de travail décrivent souvent comme «sans histoire», comme des gens «normaux» peuvent-ils en arriver à ce paroxysme de fureur destructrice ?
Eux-mêmes ont été des enfants, ont vécu leur vie d’enfant heureuse, malheureuse ou terne. Ils ont fréquenté l’école, le contact avec les maîtres et surtout l’apprentissage sans amortisseur de la cour de récréation. Faites donc un tour vers la cour de l’école des petits proche de chez vous. Observez ce qui s’y passe. Dans un mélange de cris aigus, des mots fusent dans tous les sens. Souvent des insultes ouvertement homophobes, des vociférations à visée provocatrice. Voilà qui contraint les moins habiles à ce sport à utiliser la seule réponse qui leur reste : l’affrontement physique direct, la bousculade et les coups. Il n’échappe à personne que ce sont massivement les garçons qui agissent ainsi, les filles  à prudente distance se contentent de se servir de leur langue. Quant aux adultes responsables de cette petite société, ils semblent, de mon temps, plus occupés à parler interminablement entre eux, parfois le dos tourné aux enfants, qu’à observer leurs élèves interagir hors de la classe. Vision au trait forcé par l’observateur extérieur, j’en conviens.

 Il y a pourtant là des histoires personnelles qui se nouent pour une vie entière. La mode du moment est de parler de harcèlement, de mobbing (2). Comment ne voit-on pas cette déficience manifeste de capacité d’expression verbale chez les petits garçons ? Je ne sais pas quoi ni comment dire à l’autre en face : je frappe. L’autre en face sait dire des choses qui me font mal, faute de capacité de riposte avec des mots adaptés, il ne me reste que la violence physique. 
   Tout faire, partout où c’est possible, pour encourager les garçons à utiliser leur langue avec autant d’habileté que savent le faire les filles, ce serait impossible, impensable au XXIème siècle ? Bon sang, une des plus extraordinaires caractéristiques de l’espèce Homo Sapiens (3) est de disposer d’un cerveau doté de la parole. Être un «taiseux» n’est pas obligatoirement une qualité, être un «bavard» n’est finalement jamais un défaut. Tout cela semble si simple, si évident, qu’on se demande pourquoi règne encore dans toutes les institutions, et pas seulement l’armée ou les facultés, la loi du silence. Silence, on tue ? Bigre. 
 Qui peut se vanter de ne pas avoir un jour gardé le silence alors qu’il aurait dû parler ? Qui peut se vanter de ne pas avoir encouragé et aidé un autre être humain à s’exprimer avec... des mots, ses mots ?

                                François-Marie Michaut



Notes :
(1) Le «pater familias» romain avait le droit de vie et de mort sur son épouse, ses enfants et ses esclaves.


(2) Terme utilisé par les anglophones, mob, (péjoratif)  veut dire groupe de gens indiscipliné, pègre.


(3) Dominique Aubier « La face cachée du cerveau».



Os court :

«   L’important n’est pas de bien ou mal parler, mais de parler»

 Pierre Falardeau ( cinéaste et écrivain québécois 1946-2009 )



Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1127

 8 juillet  2019
                         
                        
 
                          

Favoriser la mise en mots (Exmed)

  
Pour que l’émotion des cas de «fémicidité conjugale» ne conduise pas de façon aveugle à des décisions pratiques pour faire plaisir aux bonnes âmes, quelques minutes de prise de distance ne sont pas contrindiquées.

Voici la LEM 1127 : Petits gars, causez .
Bonne lecture.

François-Marie Michaut 
Exmed 8-9 juillet 2019

05 juillet 2019

La haine, le propre de l'homme ? (Exmed)

    Les médecins ont l’habitude de fourrer leur nez inquisiteur dans tous les aspects de notre vie. Et d’émettre des avis au nom de... la science. Qui nous font parfois bien rigoler quelques années après.


    Les pouvoirs s’inquiètent de l’ envahissement des réseaux sociaux sans frontière par des messages de haine. Punir la haine par la loi, est-ce la méthode pour l’éliminer des esprits qui la cultivent ?

   
Il serait temps d’entendre ce que les neurosciences ont à dire sur  ce sentiment humain ouvrant la voie à toutes les actions de prédation. Si les lunettes scientifiques peuvent nous en dire plus long et plus pertinent que ce qu’enseigne la tradition juive et chrétienne  de la création de l’univers !

François-Marie Michaut
Exmed 5-7 juillet 201

02 juillet 2019

Médecins, faut-il tout faire ? (Exmed)

  
Les échos, spectaculaires à souhait, des supposés progrès de la médecine, rendent iconoclaste qui ose se poser la moindre question sur leur promotion. Les technosciences augmentent sans cesse les modalités d’interventions sur le cours de nos maladies. Pas toutes, il faut bien le dire.


La médecine devenant une sorte d’usine à soigner ( cf la LEM  1125 : La machine à soigner, Jacques Grieu), les médecins en tant qu’êtres humains responsables de leurs actes y ont-ils encore leur raison d’être ? La révision des lois de bioéthique ( La Croix, 26 juin 2019) se révèle un chantier acrobatique aussi longtemps que la question du rôle de la médecine et des indispensables médecins n’a pas été mise sur le tapis du débat culturel. Civilationnel, plus exactement.

Ce n’est pas une question relevant des experts de la bioéthique, mais de chacun de nous.

François-Marie Michaut
3-4 juillet 2019 Exmed

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...