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12 mars 2019

Quelle « Renaissance de l’Europe » ? 
(LEM 1110)


        
   Porteur officiel élu de la voix de la nation française, Monsieur Emmanuel Macron, vous avez pris le parti d’écrire (1) sur ce sujet à tous les citoyens des 28 pays composant l’Union Européenne (2) le 4 mars 2019. Avez-vous été entendu, au double sens de la lecture et de la compréhension de ce verbe en français ? Chacun a-t-il picoré dans ce texte soigneusement écrit la petite partie qui peut le concerner dans sa vie personnelle ? Les compte-rendus journalistiques et les déclarations, assez maigres, des opposants comme des soutiens idéologiques le laissent craindre. Une belle occasion d’exprimer sa pensée perdue pour tous.


    Que voulez-vous dire avec votre titre : « Pour une Renaissance de l’Europe» ? Une naissance, un médecin  en connait le mécanisme, une renaissance, il n’en a pas l’expérience vécue. Vous avez choisi de marquer d’une majuscule cette évolution dont vous souhaitez la survenue. Faire monter au créneau de l’imaginaire le roi François Premier, le château de Chambord et Léonard de Vinci n’est pas rien. Ce ne peut  pas être un hasard pour quelqu’un qui a un grand respect de notre culture. Au delà de la référence historique, l’énigme de la majuscule utilisée mérite de pousser l’enquête. 
Un texte de qualité est construit comme se fait un diagnostic médical rigoureux. Il suit un  rythme précis de progression.Les étapes se suivent articulées des plus générales aux plus précises. Pour aboutir à la conclusion, stade ultime (souvent sous estimé par le lecteur) du travail d’expression de l’auteur. Suivons donc ensemble cette méthode bien éprouvée ; tournons les pages. Laissons aux techniciens et spécialistes le soin de décortiquer comme il se doit toutes les propositions qui sont de leur domaine de compétence.


   Dans le chapitre avant dernier Liberté, protection, progrès, vous écrivez : « L’humanisme européen est une exigence d’action ». Au risque de vous faire traiter,  par des gens qui dans leur immense majorité ne le connaissent pas, de Don Quichotte (3). Ne pas, ou ne plus, savoir pourquoi on agit là où on est, c’est bien se condamner à se deshumaniser. Vous ajoutez : « une Conférence pour l’Europe afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique » . Une majuscule encore à Conférence, vous insistez : vous voyez grand pour nous, sans craindre que cela puisse attiser des critiques. Dans votre exposé, vous demandez qu’elle soit « sans tabou». Vous voulez même que soient associés à ses travaux des « pannels de citoyens», « auditionner des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels». Vous osez convoquer ceux qui explorent la dimension spirituelle de l’esprit humain aux côtés des savoirs des sciences, C’est un état d’esprit nouveau.

  

   Si j’ai bien compris, vous faites le constat qu’il est devenu impossible de se contenter des techniciens et des experts des domaines scientifiques et matériels supposés les plus importants et les plus efficaces pour régler un à un les problèmes politiques  concrets à régler. C’est d’une mobilisation aussi large que possible des ressources potentielles de toutes les productions de l’esprit humain, sans aucune exclusion de quelque ordre que ce soit, qu’a besoin notre collectivité humaine dans son ensemble. Il va falloir de fins limiers et des stratèges d’exception pour mener à bien cette ouverture vers le monde de l’esprit et des esprits, à la fois très ancien et vraiment nouveau. Tout ce qu’il faut pour cela existe déjà. Et le choix de ne pas aller dans le sens que vous indiquez, la réalité terrible du monde que nous avons construit nous en a définitivement privés.


   Le médecin que j’ai été ne peut que constater que la grande collectivité que constituent toutes les collectivités dont nous sommes les membres,  est malade (4). Ses rouages infiniment complexes, malgré les efforts de certains, fabriquent de toutes pièces des dangers de plus en plus  redoutables. Quand quelqu’un  prend le risque de se lever et d’écrire ce qu’il en est, son expression mérite simplement d’être examinée sous toutes les coutures. Ensuite, mais ensuite seulement, c’est à chacun de faire fonctionner son libre-arbitre. Plus que jamais, nous sommes contraints par la réalité de penser que notre sort d’espèce vivante est entre nos mains et que le seul remède possible à tous nos maux est notre intelligence. Et  comme elle est souhaitée dans le plaidoyer français  « sans tabou». 

  

   Cette Intelligence, ayons l’audace de lui octroyer la lettre majuscule initiale qui s’impose (5).

         Notes :

(1) Texte original de la tribune disponible sur https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/03/04/pour-une-renaissance-europeenne  , avec possibilité de traduction en 22 langues.   
  


(2) Par ordre alphabétique, à ce jour, il s’agit de : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Dannemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembour, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède.   


(3) 
Impossible en 2019 de faire l’impasse sur l’exégèse audacieuse Don Quichotte, prophète d’Israel  de madame Dominique Aubier sur ce héros de Cervantès qui demeure depuis 4 siècles, juste après la Bible, le livre le plus édité et le moins compris  dans le monde. 


(4) Ce constat systémique a été l’un des déclencheurs de la création en 1997 du site Exmed



(5) Dommage que nos amis britanniques aient depuis longtemps baptisé leur service de renseignement national d’Intelligence Service . Une Europe orientant ses actions avec la boussole d’un service de l’Intelligence n’aurait pas manqué de panache pour la planète toute entière.


 
 
Os court ;
«  Après avoir été longtemps le cerveau de l’Europe, Paris est encore aujourd’hui la     capitale de quelque chose de plus que la France. » 
  Milan Kundera ( Ecrivain tchécoslovaque nationalisé français)

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