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29 janvier 2022

Mais c’est quoi, tout ça (Exmed)




     De la répétition naquit l’ennui. Au moins l’ennui ne manque pas de vertus cachées. La litanie infatigable de ce que nous disons «les nouvelles» n’a-t-elle aucune répercussion sur la qualité de notre vie de chaque jour ? Nous ne sommes pas des récepteurs dénués d’émotions humaines, nous ne sommes jamais neutres.

    Nos grands calculateurs, devins vénérés, ne se hasardent pas à l’évaluer. Il ne reste, et c’est considérable, que la voix clairement formulée de ceux qui refusent que souffrir en silence soit la seule attitude raisonnable. Jacques Grieu nous livre gaillardement sa vision des choses du quotidien médiatisé.  « TOUT VA BIEN » LEM 1258.

François-Marie Michaut

 30 janvier 2022

TOUT VA BIEN (LEM 1258)

   

Ce matin, au réveil, après un doux sommeil,
C’est la sérénité, je me porte à merveille.
J’allume la radio pour prendre les nouvelles :
Ecouter les infos, il n’y a rien de tel,
Pour « être dans le coup » et vivre avec son temps.
Il est bon de savoir quels sont les incidents.
Pour l’instant, « tout va bien » aurait dit la marquise
Qui était d’une époque ignorant toute crise.

De fait, il y aurait « danger de pollution »,
Indique le speaker qui, comme solution,
Conseille de « marcher sans ménager ses pas ».
Mais attention aussi à « l’alerte attentat » !
Vigipirate est-il encor d’actualité,
Quand les « parcelles fines » attentent à nos santés  
Et que rôde un virus obligeant vous et moi
A partir bien masqué dès qu’on sort de chez soi ?

Il y  aurait aussi « alerte innondations »
Martèle « France-info » avec répétitions.
Mais « l’alerte à la neige » n’est plus d’actualité                                
Et dame météo veut bien nous l’assurer.
Par contre, un  tsunami du côté des  « Tonga »
Dans tout le Pacifique, va faire des dégâts.
A part ça tout va bien : le PSG recrute
Et l’équipe de France reste bien dans la lutte.

Il y a bien parfois quelques voix de grincheux
Qui se lamenteraient sur des constats piteux :
Déficits commerciaux, du budget, d’EDF  
De tous les hopitaux, de la SNCF...
Notre école régresse en toutes les matières,
Et notre PIB, par Français, est à terre.
A part ça, tout va bien : nos équipes de France
Vont partir à Pékin avec de grandes chances.

Mais le pétrole monte, et le fer et le bois
Les pâtes et le riz, comme les petits pois.
La dette qui explose est-elle une menace ?
L’avenir des retraites est-elle dans l’impasse ?
Questions pour alarmistes ! Propos de défaitistes,
Puisque le CAC 40 , à la bourse, résiste.
Pour l’instant, tout va bien. Et même l’omicron,
Finit par succomber à nos vaccinations.


Des pessimites obtus parleraient d’inflation ?
Des bruits de bottes sont dans les conversations ?
La France rabougrie aurait perdu dix places
Au top vingt des nations où ses atouts décroissent ?
Nos licenciés en lettres  écorchent la grammaire ?
Les GAFA ont croqué tous nos publicitaires ?
Heureusement, on a de bons économistes !
« Tout va  bien » nous ont dit les plus fins spécialistes.

La France est le pays où l’on « bosse » le moins ;
« Le déclin s’accélère » ? Mais je ne le crois point !
Une idée, tout à coup : Coué au moins, est Français ?
Celui de la Méthode, un génie, comme on sait.
On pourrait l’exporter, la vendre au monde entier,
Redressant la balance avec ce grand surdoué !
« Tout va bien, tout va bien », chantons-le tous en chœur,
« Tout va bien, tout va bien », et nous n’aurons plus peur !

            Jacques Grieu

    

Os court :

«  L’actualité à laquelle on colle est une machine à broyer l’humain.  »

                             Fernand Ouellette (poète, romancier, essayiste québécois)


 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1258 30 janvier 2022
 


                        
             

23 janvier 2022


Une si vieille erreur (Exmed)


   Ce n’est pas en la répétant, avec les meilleures raisons du monde,  qu’une erreur est transformée en vérité. La méthode scientifique le prouve sans cesse.

   L’hypothèse que nous ayons collectivement perdu de vue quelque chose dont nous manquons dramatiquement pour cesser de nous détruire mérite un peu plus qu’un rejet condescendant. Deux hommes de plume et une femme hors norme sont sur la sellette dans la LEM 1257 : Quatre siècles de retard.


François-Marie Michaut  23 janvier 2022

Quatre siècles de retard (LEM 1257)


   Nous célébrons les quatre siècles d’existence de Molière au sommet incontesté de notre langue de France. Si ses mots ont un peu vieilli à nos oreilles contemporaines, ses sujets scéniques, sous le couvert de la seule comédie, ont conservé toute leur pertinence. Malades comme médecins en bonne place, c’est bien connu.

   Que peut bien signifier cette très inhabituelle persistance de l’attachement des générations ? Qui était en vérité ce Jean-Baptiste Poquelin aux allures d’amuseur public pour marquer ainsi au fer rouge nos esprits ?
Il avait certainement une caractéristique hors du commun qu’il s’est bien gardé de formuler clairement. Par choix ou par incapacité de l’analyser lui-même.

  Tout simplement, Molière, même dans toutes ses outrances pour faire rire parle toujours vrai. Il est toujours dans la réalité, il ne ment pas, il ne triche pas, il ne cherche à ménager personne. En un mot totalement démodé, c’est paradoxalement un vrai sage.

   Au delà de l’émotion festive immédiate, qu’en tirer pour notre présent et notre avenir lourd de nuages menaçants ? Qu’il y a quatre siècles déjà, nos esprits étaient capables de comprendre le réel tel qu’il est et non tel que nous l’inventons comme si nous étions dans la maitrise de tout. Comment avons-nous pu rater la marche de ce que nous savions déjà ? Ce déraillement a entrainé toute notre culture vers des excès que nous subissons de plein fouet. Toujours de plus en plus, comme si une seule chose dans ce qui nous entoure pouvait obéir à ce système.

  Cela a déjà été évoqué à plusieurs reprises ici, il n’est pas que Molière dans ce cas de figure. Et si nous avions fait erreur en baptisant à la légère le XVIIIéme le Siècle des Lumières quand nous foncions dans une direction qui a conduit directement notre culture occidentale dans le mur que nous ne pouvons plus ignorer, tant le temps du sans retour possible presse. Juste quelques courtes années, nous l’avons mesuré.

 

   De peu prédécesseur de Molière, l’inventeur espagnol du roman, Cervantés, fit l’effort de nous livrer cet enseignement sous forme cachée (Inquisition obligeait) sous le grotesque quichottien jusqu’à nos jours. Thèse dûment étayée que l’opinion, même et surtout la plus savante,  ne parvient pas à reconnaitre à Dominique Aubier dont presque personne ne veut entendre parler. Et pourtant, toute clé de lecture de ce que nous ne comprenons pas, ou ne comprenons plus depuis des siècles, est précieuse pour ne pas dire vitale. Serait-ce parce qu’elle fut une femme indépendante sans label académique? Parce qu’elle naquit  de cette France en qui elle crut tant ? Est-il stupide de prendre un pari sur quelqu’un qui disait déjà que nous raisonnons avec quatre siècles de retard, en pensant à Don Quichotte ? 

   Faute de roue de secours fiable dans la même étendue de compréhension de la réalité pour demeurer dans l’humain vivable, j’accepte sans hésitation d’être stupide.

                                         François-Marie Michaut


    

Os court :

«  Être en retard est un acte de violence.  »

                             Gandhi


 

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1257 23 janvier 2022

20 janvier 2022

Miroir déformant (Exmed)


 Selon Bruno Patino, auteur de « Tempête dans le bocal = la nouvelle civilisation du poisson rouge» , les réseaux sociaux ne sont qu’un miroir déformant de la réalité telle que nous la pensons chacun de notre côté. 

   Salutaire mise au point du président du directoire d’Arte France pour la santé de notre compréhension de ce qui occupe nos esprits. Il ne peut qu’être entendu par ceux qui ont des oreilles pour entendre, pour paraphraser la Bible.

François-Marie Michaut
 20 janvier 2022

09 janvier 2022

BIOSPHÈRE (LEM 1256)

 


                      
Bio ou pas bio ? Là n’est pas la question,
N’en déplaise à Hamlet (qui mangeait du poisson).
Shakespeare était-il anti écologiste ?
Car même Roméo était loin d’un gauchiste...    

La truffe et le caviar nous semblent-ils meilleurs,
Si on les garantit bio chez le vendeur ?
Car si la boîte est verte, avec de jolies fleurs,
Alors elle promet d’ineffables saveurs.    

Pour l’environnement le bio fait miracle
Et ses grands partisans assènent leurs oracles :
Tout en synthétisant les antioxydants
De bons polyphénols, il nous met sous la dent.

Champignons pathogènes, insectes ravageurs,
Pucerons, charançons, les suceurs, les piqueurs
Tous sont mis en échec dès qu’on plante bio ;
Ils protègent les sols de la plupart des maux.

Abeilles et perdreaux, cigales ou crapauds
Chacun à leur manière nous chantent le bio.                               Dentifrices aussi, crèmes, onguents divers,
Et même les savons, tous exigent du vert.

C ‘est une frénésie ! La course au bon label
Fait courir tout le monde et la pub le martèle.
« AB », quel beau logo ! Merveille des merveilles !
C’est plus cher, mais c’est mieux puisque c’est ça qu’on paye !

Autrefois nos anciens, dévots ou pas dévots,
Priaient les saints patrons pour adoucir leurs maux :
Saint Antoine ou Thomas, saint Michel ou Bruno...
Aujourd’hui, c’est fini : on prie Saint Bio !

                            Jacques Grieu


    

Os court :

«  La logique toujours à la remorque du bio ?  »

                             Inomminé

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1256 9 janvier 2022


Mais quelle vie (Exmed)

 
Les modes d’expression ne cessent de tenter de nous séduire. La diffusion verbale industrialisée sans limite, à la portée de tous, fait sonner les trompettes de la renommée ou du scandale à si peu de frais. Entre le vrai et le caricatural, la frontière ne parvient pas à sortir du flou.
Heureusement la tradition de ceux qui nous obligent à réléchir à ce que nous entendons, et répétons, ne se perd pas.

Jacques Grieu, dans sa LEM 1256, nous convie avec sa lucidité habituelle de vieux briscard de l’écriture dans sa BIOSPHÈRE.  À vous, que vous vous sentiez ou non, fondamentalement «bio».

François-Marie Michaut

9 janvier 2022

06 janvier 2022

Endémie (Exmed)

   Pourquoi avoir peur des mots pour comprendre ce qui se passe ? Les discours persistent, chiffres et, au besoin insultes à l’appui, à nommer pandémie le flirt poussé que nous entretenons avec le COVID-19. Une infection collective qui persiste partout depuis plusieurs années, en bonne médecine classique, cela se nomme une endémie.

    Pas une simple question d’étiquette, mais l’adoption d’une conduite adaptée à une situation différente de celle d’une épidémie. Le lutter contre guerrier initial cède la place au dogme du vivre le moins mal possible avec.
L’histoire de la médecine humaine comme vétérinaire nous y a habitués. C’est oublié ?


François-Marie Michaut

04 janvier 2022

Effet parapluie (LEM 1255)

     Ainsi peut-on nommer notre situation collective pour nous défendre contre la menace infectieuse du moment. En vérité la cascade inévitable des conséquences entrainées par nos mesures de protection contre le SRAS-2. Ouvrir le parapluie, nous n’avons cessé d’en voir pratiquer l’exercice par ceux, les infortunés, chargés d’assurer notre santé. Le parapluie des connaissances scientifiques, et des échappatoires bardés de technologie arrogante, il n’arrête pas tout. On n’y croit de moins en moins.

   Parce que, ce que nous avons fait, et persévérons à amplifier, a des effets décevants pour les décideurs, et des conséquences très délétères ou destructrices à long terme quand elles se voulaient salvatrices. Nous ne faisons que récolter ce que nous avons semé. Sans penser assez à ce que nous mettions en terre en songeant agir de la façon  «sanitairement» la plus adaptée possible. Tout procès d’intention, de personne, d’institution ou de courant de pensée est inutile. Dépassé. Stérile. Car tel un château de cartes, et en réaction directe avec ce que nous avons fait, sous nos yeux s’écroule notre beau modèle civilisationnel occidental. Et nous avec. Constat aussi amer que réaliste : les, nos, cerveaux humains se sont plantés. On ne peut le redire assez.

    La nature, dit-on, ayant horreur du vide, de cet immense gâchis chaque jour plus évident, nait autre chose que nous ne connaissons pas encore. On peut continuer à vouloir l’ignorer jusqu’à disparaitre avec le monde des vivants. N’est-il pas moins suicidaire de vouloir exploiter au mieux ce que notre cerveau humain a pu laisser de côté pour savoir, enfin, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut surtout pas, ou plus, s’obstiner à faire ?

   Jamais, nous n’avons eu sur le dos aussi crûment une telle responsabilité collective et individuelle. Pas d’autre ailleurs ou ici dont c’est la faute. 
Transformer un effet parapluie en un syndrome ombrelle.
                                       François-Marie Michaut
    

Os court :

« Un  parapluie ouvert est un beau ciel fermé. » 


 Xavier Forneret     


 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1255 4 janvier 2022
 


                       
             
                                                

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...