Chiffrer sans oublier de déchiffrer
Rien de plus dépourvu de toute dimension émotionnelle qu’un chiffre. Rêve rationnel jamais abouti de mettre dans le bain numérique tout ce que nous voudrions rigoureux ou même scientifique. Thomas Mesnier, médecin et député, affirme dans un rapport public que 43% des personnes s’adressant aux services hospitaliers d’urgence peuvent tout à fait être soignés par les médecins généralistes. La précision du chiffre peut impressionner les foules. Qui est capable de faire un tel calcul ? La médecine générale ne fait l’objet d’aucun enseignement pour nos confrères hospitaliers. Sur quels critères peuvent-ils alors décider de la pertinence du recours à un métier qu’ils ne connaissent pas ?
Inversement, peut-on avoir une idée des effets pervers, le nocebo n’est pas un mirage, sur les malades de passer sans nécessité entre les mains des urgentistes ?
Cessons de nous saouler de chiffrages, d’échelles de graduation des symptômes comme des fins en soi. Notre boulot de soignant, toutes disciplines mélangées, demeure toujours de déchiffrer ce qui se cache derrière tous les symptômes de dysfonctionnement.
François-Marie Michaut,
CO d’Exmed 24-25 mai 2018