Chaque époque souffre de ses mots à la sauce du jour. En ce moment, le déroulement continu et très rapide de tout événement le fait qualifier d’exponentiel. La traduction graphique de cette fonction mathématique lui confère une allure de scientificité digne de toute confiance.
Pour qui a tenté un peu de comprendre comment fonctionne le vivant, cela semble être une (vénérable) illusion d’optique. Rien en nous n’est continu, par exemple notre pression artérielle ou nos sécrétions hormonales, ni en expansion ininterrompue, comme notre croissance osseuse, sauf sur des tableaux.
Le vivant ne connait guère qu’un mouvement passant par d’indispensables phases successives de la naissance à la mort, et par la suite de la mort à la naissance. Vouloir absolument imaginer qu’il s’agit toujours d’une causalté linéaire simplifie la perception des observateurs, d’où son grand succès. Mais rend bien aléatoire, pauvres chantres des modélisations mathématiques, toute tentative de comprendre comment les choses peuvent et vont se passer.
Dans la vraie vie, pas dans les équations.
François-Marie Michaut
31 mars 1 avril 2021