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03 octobre 2016

Intelligence artificielle LEM 983

Lettre d'Expression médicale 983

LEM n° 983 
http://www.exmed.org/archives16/circu983.html
   3 octobre 2016

                            

                       Intelligence artificielle 
                     
                            
Docteur François-Marie Michaut

 Laissons la parole à Elon Musk, le patron des automobiles américaines électriques haut de gamme Tesla (1) qui sont à la pointe des voitures sans pilotage humain. « Je pense que nous devrions être très prudents au sujet de l'intelligence artificielle. Si je devais miser sur ce qui constitue notre plus grande menace pour l'existence, ce serait ça » .  Renâcler devant les innovations technologiques, du métier à tisser de Jacquard au chemin de fer, sans oublier la tour Eiffel, ou... les découvertes pastoriennes dans le milieu médical, est une posture intellectuelle bien classique. Quand l’alerte est donnée par une entreprise qui est à la pointe de la construction de voitures se conduisant toutes seules, elle a une toute autre dimension.
Qu’est-ce que c’est que cette intelligence artificielle (IA) ? Marvin Lee Minsky, l’un des créateurs parle de « construction de programmes informatiques qui s’adonnent à des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des êtres humains car elles demandent des processus mentaux de haut niveau tels que : l’apprentissage perceptuel, l’organisation de la mémoire et le raisonnement critique ». Nos robots humanoïdes, y compris les chirurgicaux à la précision époustoufflante, en sont encore fort loin.
La grande difficulté se trouve du côté de notre ignorance. Même si nous avons quelques intuitions, nous ne savons toujours pas définir avec précision ce qu’est l’intelligence. Pour parler trivialement : ce mystérieux truc qui fait que nous comprenons, ou que nous ne comprenons pas, la réalité où nous baignons.

Et il faut bien dire, pour demeurer dans notre domaine du champ de la santé des hommes, que les neurosciences ne peuvent pas nous aider. Même si elles font admirablement leur travail d’investigation de tout ce qui est observable avec nos techniques du fonctionnement du système neuronal si complexe, elles buttent sur deux obstacles. Elles ne peuvent rien nous dire sur la naissance de la pensée elle-même. Aucun organe intracérébral n’est reconnu comme possédant cette fonction. La mémoire, celle invoquée par le père de l’IA est à la même enseigne. Aucun lieu repéré, pas le moindre disque dur interne, où nos souvenirs peuvent être stockés. D’où l’embarras considérable pour comprendre, donc pour pouvoir soigner, la maladie d’Alzheimer. Il en est de même avec la conscience : rien, absolument rien, ne peut prouver que la conscience humaine résulte d’une fabrication de notre corps. La notion même de cette ignorance peut choquer. Pourtant, dame Informatique nous a montré qu’il est possible de stocker, et d’utiliser à volonté, des quantités considérables d’informations sans aucun lien matériel avec nos petits ordinateurs. L’hypothèse d’une sorte de cloud ( donc inlocalisable dans l’espace perceptible mais bourré d’informations)  dans lequel nos cerveaux pourraient venir piocher (ou non) des informations afin d’en réaliser leur propre montage pour fonctionner n’est pas impensable. Une énergie extérieure à notre cerveau, et non fabriquée par lui comme on le laisse croire sans preuve, la question n’est pas philosophique.

En effet, les robots androïdes, dont certains parviennent dans le domaine de la vision à des performances très supérieures à celles de l’homme ( travaux et réalisations déjà industrialisées de Philippe Guillemant ) vont encore se développer. S’ils ne font que réaliser les programmes qu’ils ont engrangé, s’ils sont la simple application de systèmes experts établis par des humains, on ne peut pas encore parler  d’objets dotés d’une intelligence. Car qui dit intelligence dit conscience, et rien d’autre encore que la foi des adeptes du transhumanisme ( cf LEM 958 http://www.exmed.org/archives16/circu958.html ) ne nous dit que cette conscience puisse, dans toute sa complexité, être un jour accessible à des machines.
On le voit la question est des plus ardue, et mérite infiniment plus et mieux qu’une simple lettre. Je ne saurais trop conseiller aux lecteurs qui ont envie de creuser la question la lecture du chapitre 2 Idées fausses sur l’intelligence artificielle, page 229 à 236 de La PHYSIQUE de la CONSCIENCE de Philippe Guillemant. Le point de vue de celui qui vit  de l’intérieur ce dont il parle est une denrée précieuse.


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Note :

(1) Marque encore inconnue il y a dix ans, par son côté futuriste, elle est la vedette médiatique du Mondial de l’automobile qui vient de commencer à Paris.



 

 Os Court :

 «   L’intelligence artificielle n’est rien comparée à la stupidité naturelle.»

        Thomas Edison (1847-1931)


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