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09 décembre 2018

Passeurs à l'acte (Exmed)

    Images en boucle, commentaires redondants, émotions provoquées en cascades, les yeux se croisant les bras à force de s’user devant nos écrans plats, l’actualité du moment en France nous abrutit. Des hordes un peu partout. Pas de langage commun audible, mais quelques individualités se portant  isolées au contact des forces de police pour déclencher le combat.

    Pourquoi certains passent à l’acte quand la majorité reste en arrière ? Les connaissances médicales ont-elles quelque chose de pertinent à verser au dossier ? Existe-t-il des formes beaucoup plus discrètes et infiniment plus agissantes ?

  La LEM 1097 ouvre une sulfureuse question : « Le règne des psychopathes »


François-Marie Michaut,
CO d’Exmed 10-11 décembre 2018

Le règne des psychopathes (LEM 1097)


                                

                            Le règne des psychopathes

                                                    François-Marie Michaut


    D’abord oublions l’image caricaturale véhiculée par les fictions, Vous savez, celle des redoutables et machiavéliques tueurs en série pourchassés par d’infatigables enquêteurs. La réalité est beaucoup plus subtile et largement méconnue du public. La psychiatrie la plus classique (1), à la suite de Kraeplin (1856-1926)  parle de « personnalités psychopathiques». Il s’agit donc, bien plus que d’une maladie bien définie, d’un mode de fonctionnement lié au système d’organisation de certaines personnalités. D’origine encore  mal déterminée pour les scientifiques. Très inconfortable pour les soignants qui ne savent quoi en faire.
Une présentation générale accessible aux non spécialistes a été réalisée par Wiki à l’adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychopathie.


   Ce qui caractérise principalement les psychopathes est leur facilité de passage à l’acte, leur habileté à se montrer séduisants pour mieux manipuler les autres et leur manque total de prise en compte de ce que peut ressentir leur prochain. Toute émotion manifestée est vécue par eux comme une faiblesse à utiliser pour mieux dominer la personne qui l’éprouve. Froideur extrême, calcul permanent pour parvenir au premier rang quelque soient les moyens à employer. Comme si l’adage populaire : la vie est un combat (contre les autres), était leur idéal soigneusement caché pour ne pas se faire repérer comme les prédateurs qu’ils sont. Dans les pays anglophones, on les nomme volontiers antisociaux. Affirmation d’une dangerosité pour la collectivité toute entière. Les sociopathes disent-ils.

   Dame Statistique, en vraie  touche à tout qu’elle est, estime, ne me demandez pas comment, leur nombre. Un pas très important entre 1% et 4% de la population qui pourrait rassurer à tort sur leur possibilité de  nuire à notre vie à tous. C’est oublier deux choses. Leur habileté à dissimuler leur soif de pouvoir, et leur intelligence cognitive souvent au dessus de la moyenne. Dans nos systèmes scolaires qui sont fondés sur le principe unique de sélection, donc d’élimination des «plus faibles», de prise en compte des seules performances cognitives, de négation de la dimension émotionnelle dans l’intelligence (2), ils accèdent souvent aux toutes premières places. Les voilà à vie membres de l’élite de la nation comme des organismes internationaux..

    Notre culture, et depuis bien longtemps, fait tout pour que les plus hauts postes de responsabilité, dans tous les domaines, leur tombent entre les mains. Et, les yeux bien fermés, admirateurs des puissants, nous subissons leurs actions destructrices de cette chose si fragile que nous nommons, faute de mieux, l’humanité. Notre humanité à chacun.

   Répétons-le, ce n’est pas une maladie comme une pneumonie ou un cancer. Il est impossible de compter sur la médecine pour soigner ces personnes dangereuses. Elles s’estiment sincèrement plus intelligentes donc plus habiles que les autres dans la manipulation des comportements. Pour eux, c’est nous qui sommes les malades qu’il faudrait soigner de leur «humanité». Toute sensibilité émotionnelle est une faiblesse qu’il faut exploiter pour conduire sa vie.

   Leur nuisance considérable ne peut cependant s’établir et se maintenir que s’ils ne sont pas démasqués. Leur seul pouvoir est d’agir pour leur propre intérêt sans être reconnus comme des sujets présentant une personnalité dangereuse pour les autres.
Sans verser dans un délire conspirationniste bien dans l’air de l’époque, ni dans une chasse aux sorcières (3) ne pouvant conduire qu’à des erreurs et à des excès, que peut-on faire ? 

   Admettre qu’on ne peut rien faire, ce qui est très difficile pour des médecins. Si ce n’est une chose qui n’est pas rien du tout : s’écarter de la voie de ces gens quand on les a débusqués, ne pas les suivre car leur mode opératoire est facilement et redoutablement contagieux. Les récents débordements largement télévisés des manifestations des gilets jaunes en sont une illustration.
   N’oublions pas comment un peuple si cultivé et si éduqué de notre Europe a suivi un certain Adolphe Hitler il n’y a pas si longtemps.

     Il ne serait peut-être pas totalement inutile de dire et de redire à chacun dès l’enfance que personne n’a à se soumettre aux ordres ou aux désirs de quelque autorité que ce soit s’il les désapprouve. Le droit de dire non doit dépasser la seule intégrité sexuelle (4).
                 
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     Notes :

(1)H. Ey, P.Bernard, Ch.Brisset ,Manuel de psychiatrie, Masson, 4ème édition,p. 363  et seq.    


(2) La notion de QI (quotient intellectuel) censée mesurer par un chiffre le niveau d’intelligence d’un sujet n’est fondée que sur les seules performances cognitives.  Certains estiment qu’un QE ( quotient émotionnel ) devrait le compléter.

(3) Par exemple par un dépistage systématique au moyen d’une grille d’évaluation.  Genre d’algoritme dont use et abuse la pratique médicale contemporaine. « À combien chiffrez-vous votre douleur ?»  
  
(4) Cela constitue également la seule réponse possible devant toute forme de harcèlement, qu’il vienne ou non d’une personne fonctionnant sur un mode narcissique pervers.  

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Os court ; «  Combat le diable avec cette chose qu’on appelle l’amour. »
        Bob Marley

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1097 sur Exmed  
http://www.exmed.org/archives18/circu1097.html
      10 décembre 2018   

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