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19 avril 2020

CONFINEMENT TRISTE ENNUI ? (LEM1167)


Nous sommes confinés ? Que voilà une affaire 
Qui vire au supplice et condamne à l’enfer !
Pensez ! On ne peut plus se rendre à l’apéro
Ni aller  prendre l’air aux tables des bistrots !

Contrainte intolérable et brimade indigne,
On ne pourra longtemps supporter cette guigne.
L’ennui qui nous accable est un dangereux signe
De cette dépression à laquelle on s’assigne.

Qu’est-ce donc que l’ennui ? Benoîte la question ?
Elle est plus compliquée qu’à première impression :
Petite dépression ? L’acédie des vieux moines ?
Celle de Saint Jérôme ? Ou bien de Saint Antoine ?

Les gamins d’aujourd’hui ne savaient s’ennuyer.
Un ennui défendu ; non pas pour travailler,
Mais pour jouer, jouer à tout, ou à n’importe quoi,
Aux jeux sophistiqués dont l’époque est la proie.

Distractions, distractions ! C’est là le maître-mot,
Qui nous distrait bien moins que le moindre des maux.
L’ennui est attaqué, par de bons catholiques.
Car la mélancolie, pour eux est satanique.

L’ennui comme rat mort : un vice diabolique ?
Moi, ce sont les récrés que j’aimais, romantiques :
Là, on peut s’ennuyer, tout seul ou à plusieurs,
On peut changer d’ennui en changeant de raseurs.

Pour savoir s’ennuyer, il faut avoir du temps.
Et du temps, trop pressés, on n’en avait plus tant.
L’ennui est singulier : son pluriel le détruit,
Puisque, en simultané, trop d’ennuis tuent l’ennui.

L’ennui doit être libre en étant supportable,
Volontaire, accepté. Pas celui des cartables,
Des prisons, des exils, des ghettos, des pensions.
Ni des temples nouveaux de la consommation.


Alors résignons -nous, à ce confinement.
De ce mal nécessaire, eh bien, profitons-en !
Ennuyons-nous longtemps, c’est le plaisir des Dieux !
Loin des spleens, des bourdons, des cafards pernicieux.

Profitons de ces pauses pour savoir méditer
Pour penser à « l’après » qui va nous arriver.
A ce qu’il faudrait faire ? A notre humanité.
A la notion d’État, de droit, de liberté…

A ce qui va se faire, à ce qu’on n’a pas fait
Que l’histoire  nous enseigne, et resté sans effet.
Aux grandes hécatombes, aux guerres  et aux erreurs
Aux civilisations, au malheur, au bonheur.

Le droit à s’ennuyer, moi, je le revendique :
Donner du temps au temps, de grands sages l’indiquent.
Comment le définir, cet ennui que je choie ?
Si c’était l’art de vivre ? Art de vivre avec soi ?


                    Jacques Grieu (un très vieux confiné)

Os court :

« Celui qui connait l’art de vivre avec soi-même ignore l’ennui.»  

Didier Érasme

Le grand face à soi (Exmed)

     Expérience collective imposée, cette retraite individuelle prolongée entre ses quatre murs. Aucun antécédent historique à nous mettre sous la dent pour comparer, nous vivons de l’inédit. Au jour le jour, avec des bonheurs inattendus et des drames effroyables aussi, l’humanité poursuit une étrange épreuve. Celle de la rupture de ses conditionnements sociaux.

   Les hommes de science ne l’ayant jamais observée sont dans l’impossibilité d’en dire quelque chose de pertinent ce jour. Aurait-elle, aura-t-elle, on non une valeur initiatique, cette retraite sociale pour tous ?


   Plus que jamais, les artistes et créateurs, poètes en tête, sont en position de vigile.  Nous avons le temps de les écouter.
Voici la LEM 1167 de Jacques Grieu : CONFINEMENT TRISTE ENNUI ?



François-Marie Michaut


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