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29 octobre 2019

Allergie mondiale (Exmed)

   La santé des peuples ne préoccupe pas vraiment les soignants. Et pourtant, sur tous les continents, même si c’est pour des prétextes différents, des foules manifestent dans les rues pour se faire entendre de leurs dirigeants. « Manifestations : pourquoi cette colère mondiale» titre le New York Times du 25 octobre 2019.
Une inédite crise majeure d’allergie touche les humains.

   Nous réagissons autrement ( signification originale de ce terme médical) à la relation qui nous lie à nos élites.  Pour le dire sans détour nous ne croyons plus à la supériorité de ceux qui ont la fonction de diriger nos affaires collectives.

   Tout se passe comme s’il leur manquait une dimension intérieure, cette «chose» qui pourrait nous porter. Nous sentons bien que son absence a pour chacun des conséquences  manifestement vitales.

   Pourquoi avons-nous pris la mauvaise direction, camarades Homo Sapiens ?

  François-Marie Michaut
30 octobre - 2 novembre 2019

27 octobre 2019

HUMEURS (LEM 1143)


Les Français sont râleurs, perpétuels mécontents,
Mais depuis quelques temps leurs aigreurs vont s’enflant.
Tout est contradictoire et fait tourner leurs têtes.
A tous leurs gouvernants, ils vont faire la fête.
Il faut manifester pour le contre et le pour :
En tout, l’incohérence est l’humeur de leurs jours…

La police est laxiste, attentiste et absente ?
« Elle est brutale, aveugle, elle est omniprésente ! »
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

Les éleveurs ne sont que vulgaires assassins
Et les agriculteurs des pollueurs clandestins.
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


La pagaille aux urgences ? La faute à la Sécu !
Pourquoi, à l’hôpital, tout est si mal tenu ?
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


« Bien pire est le climat qu’on veut bien nous le dire ;
Le GIEC est alarmiste et veut nous abrutir… »
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


Le chômage persistant ? C’est la faute aux migrants,
Aux charges, aux employeurs et au… gouvernement !
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

Notre fiscalité est le plus grand scandale :
La baisse de l’impôt doit être radicale.
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

La chasse au CO2 est un impératif ?
« Mais ce n’est qu’un prétexte à impôt lucratif »
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


C’est le grand capital, source de tous nos maux.
« Mais sans nos CAC 40, ce serait le fiasco ! »
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

La dette est une épée qui plane sur nos têtes
Et des économies ? Lesquelles ont été faites ?
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


Il faut vite arrêter tous ces flux migratoires !
« Devant tant de détresse, on devrait s’émouvoir ».
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

« Tous nos politiciens sont des gens incapables ».
Mais à chaque élection, l’abstention nous accable…
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


Trop de morts sur nos routes, on veut plus de contrôles ;
Mais les radars routiers tout le monde les viole…
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


Nos grands supermarchés tuent nos petits commerces.
Pourquoi chacun de nous y court-il, à l’inverse ?
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…


La  « PMA pour toutes » est donc si immorale ?
Il faut manifester ! En France, c’est crucial.
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

Entre Chine et US, le salut c’est l’UE ?
Mais Roms ou Polonais doivent rester chez eux…
Assez ! On nous trahit, trêve de baratin !
Nous ne sommes pas dupes ! Il faut plus de moyens…

                         Jacques Grieu
   

 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1143

 28 octobre 2019
                        
                                                   
 
                                                                    

 

Refrain sans frein (Exmed)

    Une conviction simpliste largement partagée peut-elle servir de panacée à tous nos maux contemporains, réels comme imaginaires ?
  Ce n’est pas perdre (totalement) son temps (précieux) que de prendre connaissance de ce que Jacques Grieu écrit dans la LEM 1143 sous le titre HUMEURS.


François-Marie Michaut
28-29 octobre 2019

24 octobre 2019

Faire médecine (Exmed)

   
 Langage d’adolescents et de leurs parents au moment du choix d’un avenir professionnel. De façon moins concise, il est question de suivre le parcours intellectuel et technique long et complexe qu’imposent les études médicales. Il est à souligner que la seule action digne d’être retenue est celle de faire. Comme celle d’un maçon est de construire un bâtiment. L’être est passé à la trappe ; le médecin (ordinaire) est caché derrière la (prestigieuse) médecine.

    Le pari implicite de notre société est que le savoir accumulé, tant théorique que pratique, est nécessaire et suffisant pour qu’un être humain, en une dizaine d’années, se transforme obligatoirement en une personne voulant et sachant soigner ses semblables. Génération spontanée, l’explication n’est pas acceptable. 
 Être un médecin digne de ce nom, chacun le reconnait sans savoir l’expliquer, est d’une toute autre nature que d’avoir en poche sa thèse de doctorat d’Etat en médecine.

  Du «faire» à « l’être» demeure un cheminement personnel mystérieux.

François-Marie Michaut
25-27 octobre 2019

22 octobre 2019

Poches percées (Exmed)

   L’assurance maladie made in France poursuit son déficit. Le double financement par les cotisations prises sur le travail et par l’impôt prélevé par l’Etat rend le jeu trouble. La Sécu, c’est notre argent ou celui de l’Etat comme le vote du budget par le Parlement le suggère ?
   
    Sommes-nous obligés par la réalité des faits de dépenser autant d’argent que nous avons pris l’habitude au fil du temps de le faire ? Dans d’autres activités, on optimise,  on innove, on recycle. Dans notre univers dit « de santé» qui se délite dans ses contradictions, on fait toujours plus de la même chose. 

  

   Les gens de Palo Alto ont démontré que c’était une stratégie courante pour que... rien ne change. 
                     
             Mais qui les écoute chez les réformateurs ?

François-Marie Michaut
23-24 octobre 2019

20 octobre 2019

Le temps des "terribles simplificateurs" (Exmed)

   L’expression est empruntée au psychologue  Paul Watzlawik (1921-2007), l’un des fondateurs de l’école de Palo Alto en Californie. Au nom de la facilité dans des domaines complexes, du gain de temps, donc d’argent, nous nous engluons dans un piège aux conséquences redoutables.
La LEM 1142 : Questionnaire, pense bête ? est à votre disposition.

François-Marie Michaut
21-22 octobre 2019

Questionnaire, pense bête ?
 (LEM 1142)


    Comme le firent bien plus tard les procès staliniens, la justice médiévale avait érigé les aveux du présumé auteur d’un crime ou d’un délit comme la preuve absolue de sa culpabilité. Pour y parvenir, la torture dite de la question (1) était usuelle.
  L’école nous a appris comment, à Athènes, cinq siècles avant notre ère, un bonhomme pas très beau a trouvé le moyen d’obliger ses jeunes élèves à sortir un instant de leurs certitudes toutes faites. Socrates ne faisait rien d’autre, en marchant,  que de poser des questions pour «accoucher» des esprits (2) à partir des réponses juvéniles.

     L’invasion des techniques, de plus en plus complexes, l’explosion de nos connaisssances, nous on contraint à trouver des moyens de limiter le plus possible nos risques d’oubli. Des «check lists» des aviateurs aux mémoires numériques les plus gigantesques de nos machines numériques, la liste est longue. On ne peut plus s’en passer.

  Pour se simplifier la vie, les autorités enseignantes ont inventé depuis longtemps de demander à leurs étudiants de répondre à une question bien définie portant sur le contenu de leurs cours. Les désormais  classiques questions à choix multiple QCM inventées dans les années 1960 pour pouvoir être corrigées par une machine (3) font partie de notre paysage.

   Ce sont peut-être les journalistes , en particulier dans la presse féminine, qui ont le plus largement popularisé la notion de questionnaire(4) pour inciter leurs lecteurs à se tester eux-mêmes. Simplifier, parfois jusqu’à la caricature,  une situation complexe au moyen de mots au sens aussi univoque que possible, cela vous donne à peu de frais l’impression que vous êtes intelligent et instruit.

   Cette mode, car ce n’était qu’une mode éditoriale, a contaminé de multiples activités jusqu’à donner l’illusion de pouvoir ainsi totalement maitriser la complexité de la réalité. L’invention des échelles de notation numérique en a encore été un perfectionnement. Quand vous êtes hospitalisé , votre infirmière ne vous demande plus de décrire votre douleur, y compris avec des onomatopées grimaçantes, mais de lui donner une note chiffrée. Dont le niveau indique la médication qui vous sera administrée automatiquement.

  Que cette mécanisation des observations médicales facilite l’abord technique des situations cliniques, en permette l’utilisation dans des exploitations statistiques indispensables à des travaux scientifiques, personne ne peut le nier. Mais le risque que disparaisse la dimension humaine de cet épisode si marquant de l’existence et du patient (5)  et de la personne dont le métier est de la soigner est un danger bien réel. 

  Alors, une fois encore, ne cessons pas d’user de notre droit et de notre devoir de questionner tout ce que nous faisons. Nos longues et laborieuses années d’études n’auraient-elles pas développé en nous un effet pervers ? Celui de la  soumission au savoir de ceux qui font autorité. Cela entrainant l’imitation de leurs manière de penser et d’être.
  

   Oser mettre en question nos certitudes est la seule façon, n’en déplaise aux chantres de  l’Intelligence Artificielle  bonne à tout faire, de ne pas penser bêtement.




Notes :  
                
(1) La pratique de la question a été abrogée en France, c’est peu connu, par Louis XVI en 1780 et 1788.


(2) La maïeutique, coeur de la méthode socratique.



(3) Les QCM ont été introduites par la réforme Debré dès 1962 dans les études médicales. Traitées d’abord par la mécanographie mécanique, ils ont été ensuite numérisés. La capacité des carabins à exprimer correctement par  écrit leurs connaissances a alors disparu, au nom de la recherche du non favoritisme des examens.


(4) Sur le modèle des jeux de salon, charades et autres devinette. On site encore volontiers le questionnaire de  Marcel Proust  adolescent importé de Grande-Bretagne en 1860 sous le nom de Confessions.


(5) Combien il faut l’être pour vivre dans cet univers intellectuel où toute émotion doit disparaitre, car elle elle est ,par nature, inquantiable et instandardisable.

Os court :
 «  De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité.»
                              Paul Watzlawik

Lettre d'Expression médicale


LEM n° 1142

 
                   François-Marie Michaut
     21 octobre 2019
               

17 octobre 2019

Agonie des cabinets médicaux personnels (Exmed)


     L’Île-de-France, la région la plus riche en ressources de la nation, est touchée. Après avoir connu, comme dans les campagnes isolées, la raréfaction et le vieillissement de la population des médecins généralistes, voici que disparaissent à Paris de plus en plus de cabinets de médecins spécialistes. Il y a déjà un bon moment que les étudiants affirment leur préférence massive pour un exercice salarié. Il est bien naturel que tout évolue avec le temps.

  Il n’est pas totalement stupide de se demander avant qu’il ne soit trop tard si ce qu’on fait va bien dans l’intérêt du couple malade-médecin, et, par ricochet, du système de soins dans son ensemble. 
   Et, de grâce, pas seulement au nom des équilibres financiers !


François-Marie Michaut
18-20 octobre 2019

15 octobre 2019

Suicides en hausse (Exmed)

    Le pays matériellement le plus riche de la planète vit une évolution dramatique. Celle du nombre des suicides. Une augmentation de 30% entre 2000 et 2016 aux USA. Source : JIM du 9 octobre 2019 Prévention du suicide, nouvelles tentatives, Pierre Margent MD. La tranche d’âge des 18 à 25 ans serait la plus vulnérable. Constat sans appel d’une inadéquation entre les valeurs mises en avant par une organisation sociale et les attentes vitales de l’ensemble de ses membres. Les solutions préventives psychothérapiques ou médicamenteuses proposées par la médecine  depuis longtemps se révèlent insuffisantes pour stabiliser ou inverser cette situation.

   
On reste les bras croisés ou on se pose, enfin, les bonnes questions qui dérangent nos habitudes mentales ?

François-Marie Michaut
16-17 octobre 2019

13 octobre 2019

ABSOLUMENT
 (LEM1141)

                                           
L’absolu est un mythe et comme une illusion ;
Tout reste relatif, sauf rares exceptions ;
Le silence absolu n’existe pas vraiment :
Il n’y a que les sourds qui n’en soient pas conscients.

Quand l’absolu nous quitte, et où qu’en soit la cause,
Tout n’est pas disparu, il reste quelque chose.
C’est là le relatif, chose la plus commune,
Qui inspire nos pas, nos erreurs, nos lacunes.

L’absolu, dans la vie, peut se trouver partout
Et on peut l’éprouver, où qu’on soit, tout à coup.
Peut-être en se rasant le matin, au réveil,
Ou bien en repensant aux malheurs de la veille.

Pourquoi aspirons-nous à ce bel absolu ?
Est-ce une tentation ? Pour rechercher quel but ?
On le perd, il s’enfuit mais c’est une attraction,
Et cet aimant puissant n’est que malédiction.

Le bonheur absolu n’a cours que chez les sots,
Nous a dit un chanteur n’ayant pas peur des mots.
Car un sentiment noble, hissé vers l’absolu,
Peut devenir un vice au lieu d’une vertu.

Grand prélat fut souvent petit absoluteur.
Ces pingres du pardon ont fait bien des pécheurs,
En cherchant à montrer la rigueur du salut,
Que toute rémission n’est pas droit absolu.

Tous les pouvoirs corrompent, ont dit des mécontents :
Le pouvoir absolu corrompt… absolument,
Et il a ses raisons qui n’ont pas de statut.
Mais tout gouvernement n’est-il pas absolu ?

                      Jacques Grieu


     

Os court :
 « La poésie est une aventure vers l’absolu. On arrive plus ou moins proche, on emprunte tel ou tel chemin : c’est tout. 


 Pedro Salinas (1891-1951)


Lettre d'Expression médicale

 LEM n° 1141

 14 octobre 2019
                         
                                             
 
                                 

Point de friction (Exmed)

   De la platitude des mots ordinaires nait l’ennui et le sommeil de l’attention aux autres et au monde. Attitude dangereuse de la part de ceux dont la fonction est de soigner les autres.
  Notre agitateur de neurones Jacques Grieu monte à l’assaut des cimes avec la LEM 1141 ABSOLUMENT. Pourtant la physique reconnait le zéro degré absolu de température, et la chimie utilise l’alcool (éthanol) absolu.

  Alors? demandez-vous.  L’absolu ment ?
Le poète Pedro Salinas aurait-il  absolument raison ?

François-Marie Michaut
14-15 octobre 2019

10 octobre 2019

Les "empathophages" (Exmed)

   Nous venons d’avoir à Paris notre Michaël Harpon. En RDA, visiblement sous un autre étendard, un autre homme se filme en train de faire un massacre dans une synagogue fêtant Le Grand Pardon avant d’attaquer un restaurant turc. Un fond commun saute aux yeux : la froideur absolue des deux sujets en train de tuer.

   Nos mots en isme cherchant à les définir cachent l’essentiel, tout comme celui de psychopathe dont le public gavé de films mesure mal la dimension. Nous sommes en face de gens eux-mêmes dépourvus de toute empathie, sinon simulée. Leur ennemi à détruire, c’est celui qui est pourvu de cette forme d’altruisme. Il leur faut le bouffer, le réduire en poudre, pour l’exploiter dans leur entreprise. C’est de l’empathophagie, sans vouloir accrocher la moindre dimension savante à ce vocable que monsieur Google lui-même ne connait pas.

François-Marie Michaut
11-13 octobre 2019

08 octobre 2019

L'hydre à combattre (Exmed)

Discours solennel d’Emmanuel Macron à la Préfecture de Police de Paris célébrant les victimes d’une tuerie commise en son sein, retransmis et commenté le 8 octobre 2019 par les radios et les télévisions. Nous sommes exhortés, nous qui vivons en France, à participer à un «combat sans relâche» contre «l’hydre islamiste». L’image du monstre mythologique dont les têtes coupées repoussent est forte, le ton martial. Comme nous aimerions savoir quelle est la stratégie censée enfin y parvenir. Renforcer encore ce qui n’a pas marché jusqu’à ce jour : difficile de croire à son succès. 
  

  Alors, on fait l’effort de remonter le temps pour comprendre ce qui s’est passé entre nos cultures issues du même tronc pour qu’elles ne  cherchent qu’à s’éliminer mutuellement ? Combat, non pas des armes entre l’Occident et l’Orient, ce qu’on fait, mais des façons de comprendre la réalité. Ce qu’on ne fait jamais clairement ni d’un côté ni de l’autre.

François-Marie Michaut
9-10 octobre 2019

06 octobre 2019

Écologie et médecine systémique (LEM 1140)

                        
                                        
 
                                                                         
   À tout inventeur reconnaissance s’impose. Depuis quelques années (1),  la conscience écologique se répand comme une marée dans la plus grande partie des esprits.  Les plus jeunes  n’étant pas les moins démonstratifs (2). Le mot d’écologie a été utilisé pour la première fois par le médecin  anatomiste allemand Ernst Haeckel (1839-1919). La langue grecque a, selon la coutume savante, été mise à contribution. Oïkos veut dire maison et logos, c’est connu, le discours,. Sous entendu :  celui des hommes de la cité scientifique. La notion, déjà contenue dans la théorie de l’évolution du britannique Charles Darwin, que nous n’avons qu’une seule maison commune qui est notre planète terre, et pas seulement les espèces vivantes,  apparait clairement, même si elle érode progressivement nos confortables sentiments de supériorité et de toute puissance.

      En 2019 il devient de plus en plus difficile de se penser soi-même comme le centre autour duquel gravite un univers qu’il faut dominer pour l’exploiter au mieux de son intérêt (3).  Un mouvement de civilisation, faute de le définir autrement,  se fait sous nos yeux, sur tous les continents. Qu’il s’agisse des variations climatiques, des atteintes à la biosphère ou de la protection de telle ou telle espèce menacée d’animal ou de végétal. Au risque de nous enfermer dans un certain intégrisme de chapelle militante. Cette évolution de notre façon de concevoir la planète est aussi récente que rapide. La qualification de «bio» (4) est devenue un argument commercial majeur. C’est comme si, dans nos têtes, nous devenions de plus en plus, tels les Martiens des bandes dessinées, des petits hommes verts !

Il demeure pourtant tout un secteur de notre compréhension du monde qui échappe à la vague verte. Celui de la santé,  ou plus exactement celui de la médecine, solidement calé entre son carcan scientifique et ses armes technologiques. que nous sommes obsédés  par l’obligation d’agir toujours mieux , et surtout toujours plus,  pour soigner et prévenir ces maudites maladies qui nous empoisonnent la vie de la naissance à la mort.. Agir, agir, agir, telle semble être notre devise implicite. Comme des fourmis, nous courons sans répit. Comme nos amies, nous n’avons pas la moindre idée du pourquoi nous agissons ainsi, et vers quoi nous nous précipitons. La course des sciences  vers l’infiniment petit nous laisse l’illusion que c’est ainsi que nous trouverons la clé ultime de la connaissance de l’humain. Illusion sans cesse repoussée.

  Il est curieux de remarquer que la médecine a le plus grand mal, alors que c’est si à la mode, à s’emparer de l’adjectif biologique. Médecine biologique, ça vous sent son pléonasme (5) à dix lieues. Une fois encore, au risque de lasser la patience  du lectorat, la seule roue de secours disponible est celle de l’abord systémique. Un système sans frontière prédéfinie regroupant en son sein et tout ce que l’écologie exprime d’elle-même et tout ce qu’une approche systémique permet d’appréhender de notre fonctionnement le plus intime d’être humain. Notre «maison», bien des traditions le disent depuis longtemps est, et ne peut être qu’une. La découper en appartements sans communication avec ce qui existe autour, c’est se condamner à ne pas pouvoir la connaître. 
   Puisse cette dernière phrase n’enfoncer qu’une porte ouverte. Il ne peut être d’écologie que systémique ; il ne peut  exister de médecine que systémique (6).

                                               François-Marie Michaut
  
                   
         Notes :


(1) En France, l’ingénieur agronome René Dumont (1904-2001) a été candidat aux élections présidentielles de 1974 pour tenter, en vain, de faire entrer l’écologie en politique.


(2) Cf le phénomène de masse représenté par Greta Thunberg  
 


(3) À de remarquables et bruyantes exceptions près.
 

 
(4) Étiquette purement française ce «bio» , les anglophones, eux, ont choisi « organique» (organic).  

(5) Larousse : Répétition dans un même énoncé de mots ayant le même sens, soit par maladresse (par exemple descendre en bas), soit dans une intention stylistique (par exemple Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux, vu [Molière]) 
 


(6) Formule  partagée dans un mail privé avec  Sophie Duriez, psychiatre à Los Angeles (CA)           

Os court :
 « Tous les écologistes sont daltoniens, ils voient vert partout ! »

 Raymond Devos



 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1140

 7 octobre 2019

Déferlante verte (Exmed)

  Exercice délicat que celui de humer l’air du temps, sans se prendre les pieds dans les événements du moment. Aucune machine, aussi monstrueuse soit sa mémoire mécanique, ne peut le faire.

La LEM 1140 a le culot de prendre ce risque avec Écologie et médecine systémique,  qui ne sont pas, comme on peut le penser, la carpe et le lapin.

François-Marie Michaut
7-8 octobre 2019

03 octobre 2019

Peurs ancestrales

   Nous les trainons dans nos bagages culturels, ces vieilles terreurs. Celle de la mort, de la maladie, de la pauvreté, de la solitude éclatent partout quoi que nous fassions.
Les réactions épidermiques à l’incendie de l’usine chimique Lubrizol nous rappellent combien nous sommes sensibles aux risques d’empoisonnement.

   Au Moyen Âge, pour justifier la haine contre les Juifs, une des accusations rituelles avec la pratique de sacrifices humains était qu’ils empoisonnaient les sources.
Comme remède, notre modernité ne sait faire autre chose que de confier la parole au monde scientifique. Qui ne sait et ne peut répondre que sur les faits que ses méthodes lui permettent d’étudier et d’évaluer. Et là on ne sait strictement rien de ce que cet énorme cocktail de substances toxiques soumis à une forte température peut générer.
   Deux logiques s’affrontent nous laissant désemparés devant notre comportement d’apprentis sorciers.
  La croyance en la suprématie des pouvoirs politiques en prend un rude coup de plus.


François-Marie Michaut
4-6 octobre 2019

01 octobre 2019

La médecine générale contre toute attente
 (Exmed)

    En France les nouveaux internes viennent de choisir leur discipline d’affectation.  Alors qu’ils étaient boudés depuis des années par les étudiants, tous les postes hospitaliers de Médecine Générale sont pourvus. 

  

     La première a effectuer ce choix est classée 28 ème au classement du concours (QDM du 30 septembre 2019). Nos jeunes ne croiraient plus, comme leurs ainés depuis 1958 en la supériorité absolue des carrières au sein des hôpitaux publics ou des plateaux techniques ? Les postes de santé publique sont délaissés et la psychiatrie est la grande perdante. La maladie systémique du système à la française est si sévère que les troupes médicales en formation votent pour un autre avenir. Les mouvements de grève ont des conséquences pour ceux qui les vivent de près depuis des mois.
 

   Les actes sont toujours plus parlants que les déclarations et les discours. L’avenir ne peut plus être la prolongation linéaire de notre passé, quelque soit le talent et la bonne volonté de tous les réformateurs.
  
       Bonne - ou mauvaise- nouvelle : la médecine générale est un métier d’avenir.

François-Marie Michaut
2-3 octobre 2019


CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...