Rechercher dans ce blog

03 octobre 2021

Certainement trop simple (Exmed)


   Les choses qui ne reprennent pas les sujets à la mode du brouet de la communication collective finissent par oublier d’être dites. Redoutable tare que cette exclusion de fait de nos esprits les plus percutants pour notre vie à tous.
   Voici donc, sans aucune prétention pédagogique ou militante, la LEM 1243 : Des choses et des hommes.
Il n’est pas interdit de la lire.

François-Marie Michaut

3 octobre 2021

Des choses et des hommes (LEM 1243)


       Pardon de paraphraser ainsi le titre de l’ouvrage de John Steinbeck, mais nous sommes en pleine actualité. Les médias nous ont informés qu’en France, depuis le début du SRAS2, environ 5700 lits d’hôpitaux publics ont été supprimés. Paradoxal, non ? Plus de chambres à un seul lit, cela peut se défendre en cas de risque infectieux. Et pour le confort des hospitalisés, c’est bien.

  Hélas, de telles dispositions ne dépendent que des sphères gestionnaires des grandes administrations. Les soignants n’ont pas leur mot à dire. Sous prétexte de rationalisation, de plans, d’optimisation des locaux et des équipements, de management rationnel que ne fait-on pas ? Que ne fait-on pas faire à ceux qui sont sur le terrain? Faire plus avec moins, tel semble être le défit jamais mis en cause. Et pourtant, regardons ce qui se passe dans la vie quotidienne des établissements de soins.

  Avez-vous remarqué le glissement de sens de la notion de personnel ? Jadis, c’était ainsi qu’on nommait l’ensemble des personnes travaillant dans un même lieu. Les directeurs du personnel sont devenus des directeurs des ressources humaines, comme si c’était une banale matière première comme une autre. Et un personnel est devenu la façon de désigner une personne. X personnels se sont rendus sur les lieux de la catastrophe disent les médias. Chacune  des personnes de chair et d’âme est privée de sa singularité essentielle : que nous disons donc par contagion des choses fondamentales et lourdes de sens sans en avoir conscience !

   Et bien, ce qui coince le plus dans le fonctionnement des hôpitaux, pour rester dans notre univers, c’est la pénurie chronique en personnel, des médecins aux agents techniques. Ceci n’a rien de nouveau, les plus anciens d’entre nous l’ont vécu et en ont témoigné. Mais rien n’a été fait pour rendre enfin attractifs sur le long terme ces métiers qui attirent toujours autant de bonnes volonté juvéniles. Quelques mesures cosmétiques, souvent ponctuelles ne changent rien à cette situation dont souffrent avant tout les humains au travail et les patients qu’ils soignent. Les déserts médicaux piteusement solubles dans la télémédecine, quelle misère. Et tout le monde d’applaudir. Quelle deshumanisation aveugle, ces prothèses technologiques . La presse, hélas, préfère chanter les louanges des miracles de la chirurgie, de la technologie et des médicaments riches de promesses de santé retrouvée.

  Est-il inutile de dire que soigner les autres n’est pas un métier comme les autres, et que n’importe qui ne peut pas l’exercer avec talent s’il n’est pas profondément humain ? L’humanité vraie ( des simulacres depuis toujours courent les rues) n’est pas une valeur quantifiable. L’intelligence artificielle si à la mode ne peut donc pas la déceler, ni contribuer de quelque façon que ce soit à son «développement».
  Est-il stupide de penser que cette qualité rare d’humanité n’est pas donnée à tout le monde, qu’elle ne dépend d’aucun système de formation ou de formatage, qu’elle est liée à ce qu’est vraiment une personne et pas ce qui se trouve dans les livres, aussi savants soient-ils?  À ce titre, elle doit être profondément respectée par chacun, quelque soit sa fonction dans la société. Parce qu’elle est fragile, très vulnérable, cette qualité, à toutes les agressions, à tous les mépris et à toutes les indifférences. Les humains qui soignent, pas toujours des saints , c’est évident, ne sont pas des pions anonymes interchangeables. Juste des personnes, jamais des personnels avec ce que recouvre de dramatiquement impersonnel ce détournement du sens des mots.
 


                                                              François-Marie Michaut

Os court :

« Nulle qualité humaine n’est plus intolérable dans la vie ordinaire, ni, de fait, moins tolérée que l’intolérance.  »

Giacomo Leopardi (1798-1837)


  Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1243 3 octobre 2021



          
             
                              

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...