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29 décembre 2019

Un voeu, un seul (Exmed)

    Voeux 2020 


                             d’

               EXaltation MEDitée


                       François-Marie Michaut

                   
Expression Médicale

                     https://www.exmed.org


26 décembre 2019

J'ai pas eu mes trois mois (Exmed)

    C’était au millénaire dernier. Une vacancière inconnue vient me voir en consultation : 

- Qu’est-ce qui vous arrive ?

- Ben rien, Docteur, j’ai juste pas eu mes trois mois.
- Vos trois mois ?

-  Ben oui, dans mon administration parisienne, on a droit à trois mois de congé maladie par an sans perte de salaire, et j’ai pas encore tout pris.
- Dehors, Madame. Ici on soigne des malades.

François-Marie Michaut  
27-29 décembre 2019

22 décembre 2019

Victime ou acteur (Exmed)


 « Que diable allait-il faire dans cette galère ?» met Molière dans la bouche de Géronte. Qui ne s’est jamais posé la question un jour ou l’autre ?
    Autrement dit , et la robotisation galopante du quotidien aidant : ce que je fais a-t-il un sens ? Il vous est proposé avec la LEM 1151 : Un tour de plus, non pas une réponse mais une piste d’observation et d’interrogation en dehors des chemins de la philosophie.

François-Marie Michaut  
23-26  décembre 2019

Un tour de plus (LEM 1151)

                                                  
                                     Le grand miracle annuel est là, devant nos fenêtres. Les ténèbres reculent et le soleil pâle, jour après jour, redonne vigueur progressive au monde du vivant. C’est devenu peu perceptible aux yeux des citadins polarisés par la surveillance aliénante de leurs écrans.
   Les humains célébrant avec faste cet événement cyclique selon les usages de leur culture ne se soucient guère d’en comprendre le sens. La peur que cesse de naitre un nouveau cycle entrainant la vie - autant que celle de la peur du noir et de la mort qui y sont liés- est profondément imprimée dans notre mémoire inconsciente collective. Hypothèse issue de la clinique qui s’accorde très bien avec ce que Carl Jung (1) nommait les archétypes. Dont on peut regretter qu’il n’ait pas pu aller jusqu’au bout en expliquant leur signification (2).

   Le regard des enfants, comme les fêtes des lumières, ont raison. Ceux qui veulent résumer comme des comptables ce qui s’est passé durant le dernier cycle planétaire au moyen des seuls bilans ou des évènements que nous avons subi ne font que nous détourner de l’essentiel. Un cycle a donné toute la réalité qu’il pouvait fournir, rien de moins, rien de plus. Au bout du compte demeurent quelques briques dont nait son successeur, comme les enfants naissent des gamètes de leurs parents.

   Tout cela est très simple, si simple même que nous devenons de plus en plus incapables d’en avoir conscience. Le « c’était mieux avant» renvoyé dos à dos avec le « ce sera mieux demain» nous prive de toute possibilité d’admiration en nous empêchant de voir le présent. Cette capacité du cerveau humain, si suspecte de naïveté incurable par ceux à qui «on ne la fait pas», est une richesse considérable. N’est-elle pas une inépuisable source d’énergie pour donner âme à sa propre vie, à ses actes de chaque jour ?

    Jour après jour, année après année, cycle solaire après cycle  solaire, la réalité du monde, du moins pour la partie capitale qui dépend de nous,  se construit. Contre, sans ou avec nous, chaque option est ouverte à notre liberté. 
  
  Ce passage du cycle terrestre achevé dans le nouveau à construire vaut bien la peine de le fêter, avec ou sans modération (3).


                       François-Marie Michaut

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Notes :


(1) Carl Gustav Jung (1875-1961) est un psychiatre suisse considéré comme un des pères fondateurs de la psychanalyse. D’abord proche puis opposé à Freud sur la théorie analytique dès 1911.
Pour en savoir plus : LEM 853 Briseur de cloisons 17 mars 2014

(2) Aucune science humaine, à ce jour, n'a pu parvenir à nous faire comprendre quelle(s) réalité(s) cachent, au delà du symbolisme, ce que nous nommons des archétypes.

(3) Petite taquinerie du slogan médiatique automatique qui se voudrait préventif des consommations dangereuses d’alcool : à consommer avec modération.
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Os court :
«  Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que  de choses à mépriser. » 
         

Albert Camus


 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1151   23 décembre 2019
 

19 décembre 2019

« Adulting» estudiantin (Exmed)


  C’est un cours offert aux élèves de la réputée Université de Californie Berkeley ( Courrier International du 18 décembre 2019). Oui, une formation pour que ces vingtenaires ou trentenaires promus à de hautes responsabilités deviennent capables de mener leur vie pratique en dehors des heures d’étude.

  
Des sociétés aussi riches et puissantes dont les jeunes perdent à ce point le contact avec la réalité matérielle sont visiblement en phase aigüe de déshumanisation. 


  Cela mérite certainement bien autre chose qu’un dressage aussi tardif  à des recettes comportementales toutes faites. Et n’en rions pas, la tyrannie aliénante des écrans règne partout sur le globe dès les premières années.

 François-Marie Michaut  

20-22  décembre 2019

17 décembre 2019

Pointillisme (Exmed)


  Un peu surréaliste pour un médecin non fonctionnaire que d’entendre fustiger sans retenue le système dit de la retraite par points. Il est légalement assujetti, en tant que profession indépendante à une caisse autonome qui ne connait depuis ses origines que ce système. S’il a collaboré en outre à une fonction hospitalière publique, sa retraite complémentaire est régie par la caisse des agents non titulaires de l’Etat qui utilise le même système de points pour comptabiliser les droits à la retraite.


   Ce système bien rodé semble ici... au point.


François-Marie Michaut
  
18-19 décembre 2019

15 décembre 2019

Traiter la retraite
 (LEM 1150)


    Quel vacarme subissons-nous depuis des mois dans notre patrie volontiers querelleuse ! Quel point particulièrement sensible (1)  a donc été touché en nous ? Il porte un nom aux peu glorieux accents militaires : la retraite. Tentons la dissection du mot. Le préfixe re prévient qu’on est là dans un retour en arrière. Le suffixe - selon les dictionnaires - vient du latin trahere, tirer, tracter. Pour un mordu de vélo, cela vous a un parfum discret de rétropédalage. Promesse non dite d’un retour au paradis infantile, pied de nez thérapeutique à l’approche imparable de notre fin de parcours ?
   Le christianisme, sur le modèle de multiples religions, n’a cessé d’inciter ses ouailles à savoir prendre des périodes de retraite en s’éloignant de l’agitation du monde. Ligne de mire : trouver le chemin de la vie éternelle au paradis dans l’au-delà de la mort.

   Aurions-nous gardé, bien caché dans un coin de notre âme dûment décapée à la lessive laïque, un tel tropisme pour une spiritualité laminée par nos préoccupations matérielles ? Difficile à admettre quand on voit l’image des hordes de retraités étalée par les médias. Ils sont partout, déguisés en gamins, de tous les voyages, dans tous les loisirs, à l’assaut de tous les amusements et plaisirs, y compris sexuels, de la jeunesse. De l’argent tombant automatiquement du ciel tous les mois et tout le temps disponible sans limite pour en profiter au mieux.

    Comment ne pas rêver devant cette image d’Epinal des écrans quand tous les jours, il faut aller, souvent loin de chez soi, au charbon pour tenter de pouvoir succomber aux sirènes de la consommation quand la paye est tombée ? Comment imaginer en sa jeunesse que le temps passant notre vision du monde et de ce que nous y faisons reste susceptible d’ évoluer ?

    L’écologie est à l’assaut de nos esprits inquiets du futur immédiat de notre planète en danger. Nous voulons ne plus polluer, ne plus gaspiller nos ressources, toutes épuisables en une poignée de dizaines d’années. Que voulons-nous faire de nos retraités de plus en plus nombreux chez nous ? Faut-il après usage les jeter à la décharge comme des mouchoirs en papier utilisés ? Certains établissements d’hébergement ultime le laisseraient penser.

   Une autre option peut exister, si notre civilisation veut s’en donner la peine. Celle du recyclage, comme on le fait pour les objets hors d’usage. Pas pour refaire du jeune avec du vieux, cela s’entend. Une vie, toute vie aussi modeste soit-elle, produit un certain capital immatériel, une contribution à la construction, positive ou négative, de notre culture commune. L’évolution à la Darwin, comme la sagesse orientale, nous le dit depuis longtemps, tout le vivant est en mouvement permanent. Vers la vie comme vers la mort. Chaque homme par ce qu’il fait ou a fait en est un maillon unique. Que de matière (2) à filtrer pour ne pas laisser détruire ce qui est notre bien commun pour construire un devenir plus humain. 
   Comment s’y prendre pour traiter la retraite en en extrayant la substantifique moelle (3)?  La question est ouverte.

                        François-Marie Michaut

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Notes :


(1) Les médecins connaissent bien la trigger zone (point gâchette) dont l’effleurement suffit à déclencher des névralgies faciales intenses.



(2) Une matière immatérielle si on peut dire.

(3) Docteur François Rabelais (1494-1553)


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Os court :

«  Pour tout Français, la retraite est le but suprême de l’existence. C’est avec joie qu’il envisage sa vie de vieillard. Mastiquer avec une mâchoire édentée semble être le comble de ses délices.»

George Mikes  (journaliste et humoriste britannique, 1912-1987)


Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1150

 16 décembre 2019
                                                  
                                

Matière noire (Exmed)

    Cela n’a rien à voir avec la cosmologie, et n’est ni matériel, ni noir. C’est juste un point d’interrogation dans notre existence de terriens contemporains. Notre devenir collectif quand notre usure de mortel  ne nous permet plus d’exercer notre métier. 
  Pouvons-nous en tirer quelque chose pour tous ou considérer que c’est un investissement à perte ?
   
La LEM 1150 propose à votre lecture critique «Traiter la retraite» .


François-Marie Michaut

16-17 décembre 2019

13 décembre 2019

En six syllabes (Exmed)

 Homo Sapiens Sapiens, la zoologie savante d’antan a ainsi établi notre carte d’identité. Six syllabes en trois mots, dont deux semblables. Six comme le nombre de points dans l’espace pour localiser un objet, comme  aussi le nombre de couches  de l’anatomie du cortex cérébral.

 Homo, l’homme bien sûr, mais aussi, homonymie oblige, le pareil, le semblable. Sapiens ? Celui qui est en train de savoir. Action en cours, mais  quelle sapience est en cause ? La réponse serait dans le second Sapiens accolé au premier ? La propriété de savoir que notre caractéristique spécifique animale nous impose est de chercher sans cesse à savoir ce que nous savons.

  Tout dire en trois mots, même si leurs inventeurs ne les voyaient pas ainsi,  comment ne pas admirer cet exploit.

François-Marie Michaut  

13-15 décembre 2019

10 décembre 2019

L'arbre des retraites (Exmed)

    Et si les manifestations de masse en cours, protestant contre la modification des retraites en France, étaient l’arbre spectaculaire qui cache la forêt  profonde ? L’idée a été soulevée par John  Lichfield dans The Guardian (Londres) du 10 décembre 2019.
Lecture de notre actualité qui mérite attention.

   Emmanuel Macron, tel un matador agitant devant le taureau de l’opinion  une cape rouge, tiendrait-il cachée une épée pour gagner la corrida en cours ? Notre journaliste voit en lui « plus qu’un homme politique, un visionnaire»  s’étant mis en tête le gigantesque chantier de « faire changer les mentalités».

   Don Quichotte nous vient en tête. Mais ce personnage immortel de roman, avons-nous enfin compris qu’il est tout, sauf un fou ou un naïf ?
   Il va bien falloir que vous vous expliquiez sur vos intentions profondes, Monsieur le Président.

François-Marie Michaut 
 
11-12 décembre 2019

08 décembre 2019

PUBLICITÉ (LEM 1149)

                                                    
                                    

Pourrait-on, de la pub, vouloir l’interdiction ?
Et contre la réclame, hurler… réclamation ?
Hélas, c’est un vœu pieux, ce n’est qu’une utopie :
La pub a trop d’effets sur notre économie.

D’ailleurs, elle nous grise en nous promettant tout ;
Car c’est en nos cerveaux qu’elle enfonce ses clous :
Et  qui, mieux que Renaut, répare ma Renaut ?
Je  lis pour mon plaisir, avec un livre IXO.

Croulant sous les promesses, on mélange, on confond,
Tellement d’avantages on voit dans ce jargon :
Car quand le steak haché est garanti quatre ans,
Les pièces et la main d’œuvre, alors, sont bien dedans.

Trois bidons de lessive au prix d’un seul bidon,
Mais à boire surtout, avec modération
Les parfums Séfora contre la pollution
Me dégagent les bronches et la respiration.

Et sur la literie, moins cinquante pour cent !
L’assurance est offerte en tous cas d’accident !
Des huit jours Cetroën il faut bien profiter ;
Les portes latérales ont-elles bien coulissé ?

Et encor vingt pour cent sur pièces détachées !
Il faut s’en occuper, courir en acheter
J’entre dans l’univers, l’univers Nutellgra :
L’énergie positive, je la ressens déjà.

Ce déluge d’atouts me fait tourner la tête,
Et tellement de chances embrouillent mes emplettes.
Suis-je vraiment content de l’Optique 3000 ?
Le contraire serait faire le difficile !

Vive le vrai poulet élevé en plein air ;
Et l’on m’en donne deux si je trouve moins cher !
Vente flash Amazone et bon plan chez Leclère,
Me font moins vingt pour cent sur machin point fr.

La pub exauce rêves et désirs les plus fous ;
Tous les jours c’est Noël, on gagne à tous les coups;
Avec la garantie, l’entretien assurés,
L’assurance est offerte et je me sens comblé !
Entre Conforana et Monsieur Bricorage
De cadeaux  en cadeaux, je ne peux rester sage.
Avec ma carte EU, je me sens au Pérou ;
C’est au rayon rabais que je prends rendez-vous.

Avec le pack Pegeot, je trouve la santé,
Avec Bioterma, c’est la sécurité.
Avec ces jantes alliages et boîte automatique,
A cent vingt neuf euros, comment rester stoïque ?

Tous mes tickets Leclère soigneusement gardés
Vont-ils récompenser notre fidélité ?
Label rouge ou bio, les choix sont pléthoriques !
Et sur Auchant point com, les discounts frénétiques.

Le Crédit Agricol prend en main ma retraite,
Et la Casse d’Epargne entreprend ma conquête.
Avec ce beaujolais cent pour cent naturel,
Géand me fait, c’est vrai, une offre exceptionnelle.

Sur le saumon fumé, trente euros de remise !
Je n’aime pas du tout, mais vais tripler la mise !
Avec des prix barrés et dans ces conditions,
Je me paye la lune ! Et sans hésitation !

Une grande nouvelle ajoute à l’euphorie :
Le black Friday débarque ! Avec l’artillerie !
Pour le plus blanc que blanc, on avait bien aimé,
Mais maintenant on a : plus bradé que bradé !

Heureusement, je suis, ainsi, bien informé,
Et de tous ces cadeaux je ne peux rien manquer.
Je plains les malheureux privés de nos médias
Et qui ignorent tout de ces merveilles-là !

                                            Jacques Grieu




Os court :

« À force d’appeler ça ma vie, je vais finir par y croire. C’est le principe de la publicité.»


Samuel Beckett (1906-1989)


 Lettre d'Expression médicale


LEM n° 1149
 9 décembre 2019

Marquage des marques (Exmed)

    C’est une vraie tranche de la vie de chacun de nous dans notre tumultueuse France. Avec son invasion «virale» - rien à voir avec la virologie- de nos esprits par des noms de marques alimentant notre frénésie de consommation.

   Jacques Grieu, en esprit sérieux, sait nous en faire sourire avec sa LEM 1149 : PUBLICITÉ . 

   De peur que ce soit bête à pleurer que de se laisser grignoter les neurones par une telle manipulation inépuisable ?

   
Alors, notre poète agit en vrai médecin d’une maladie qui échappe aux radars de la médecine. Au lecteur d’en juger.


François-Marie Michaut

9-10 décembre 2019

05 décembre 2019

Que dit la nation France ? (Exmed)


    Des gens plein les rues pour se faire entendre. Les motifs invoqués constituent un patch work sans autre lien commun que la mise en question de la capacité du pouvoir politique de répondre à cette avalanche de contestations. Des observateurs disent qu’à l’image de ce qui se passe partout dans le monde, au delà des apparences, de l’immédiat, du concret, c’est la pertinence de la démocratie qui est sur la sellette.



- Saurons-nous entendre ce qu’il y a derrière les mots, les contradictions, les colères, les tentatives de manipulation des esprits par des radicalismes ?

- Des voix audibles du plus grand nombre pourront-elles transformer ce grand désordre en un projet de civilisation nous rendant simplement plus humains, ou moins inhumains, que nous ne le sommes ?


   Le réel nous le dira sans ménagement, si nous savons ne pas nous laisser aveugler par notre seul intérêt personnel.

François-Marie Michaut  

6-8 décembre 2019

03 décembre 2019

Fuites au sommet (Exmed)

  Le sommet prestigieux de la glorieuse pyramide hospitalo universitaire à la française s’effrite. Source : Le Figaro du 2 décembre 2019. Nos professeurs de médecine abandonnent de plus en plus leur triple casquette de soins, de recherche et d’enseignement pour aller exercer plus confortablement ailleurs leurs talents.


  Ce symptôme croissant et sans retour, aussi marginal soit-il, mérite d’être pris au sérieux. Des généraux désertant des armées en campagne, la maladie systémique au plus haut niveau n’a rien de rassurant. 
   Le système hospitalier public tel qu’il avait été défini par le professeur Robert Debré et voté par le Parlement en 1958 est-il encore adaptable à la réalité culturelle, sociale et... économique de la France de 2019 ?

  
Pas facile d’y voir clair, tant les conflits d’intérêts y sont nombreux.


François-Marie Michaut

4-5 décembre 2019

01 décembre 2019

Que valent nos valeurs ?
 (Exmed)

  Les matérielles se comptent. Celles qui guident nos façons d’être dans la vie demeurent généralement dissimulées. Tant pis pour l’omerta protégant tous les pouvoirs, osons la curiosité d’aller voir ce qu’il y a derrière le rideau.

   C’est ce que propose la LEM 1148 : Toute emprise est systémique.
  Sa seule ambition ? Susciter des questions, vos questions.

 François-Marie Michaut
 
   2-3 décembre 2019

Toute emprise est systémique
 (LEM 1148)

                        
                                      
     La notion d’emprise sur autrui  est ressortie comme un lapin du chapeau des pouvoirs publics, sommés par la population de sortir de la négligence le drame du femmicide (1) en France. On ne connait plus guère le verbe emprendre (2) d’où vient l’emprise. Il est pourtant éloquent. Laissons l’oreille nous parler. En prendre, se servir, piquer dans (l’autre) ,  le principe moteur  permettant le mécanisme d’emprise est là.

    Dans les civilisations traditionnelles, c’est une force extérieure invisible qui est reconnue avoir le pouvoir de prendre possession d’un être humain. Possession démoniaque, rituels de sorcellerie ou d’envoûtement plus ou moins exotique, tout cela est de l’emprise. Il n’est pas rare encore que d’authentiques états dépressifs pour les médecins conservent pour les familles cette connotation explicative. D’une certaine façon, c’est rassurant : la maladie vient d’ailleurs, de cause extérieure, pas d’un dysfonctionnement de la personne atteinte. Elle est la victime, et non la coupable d’une faute quelconque dans son comportement.

Prendre le pouvoir sur les autres a toujours été une caractéristique de notre espèce animale, nos récits historiques  comme nos recherches ethnologiques en témoignent. L’esclavage, hélas encore vivant en 2019, même s’il a pris d’autres masques, est toujours dans nos esprits. La vieille idée que la vie est un combat sur les autres à gagner chaque jour demeure vivace. Être le plus fort, ne pas se laisser faire, rendre coup pour coup, être le premier : le culte du sport ne célèbre pas une autre valeur. La vie sociale, professionnelle, communautaire, familiale, ne cesse de nous y pousser.

Vieux relents de temps dépassés, malgré des prises de conscience collectives de grande ampleur ? Ce n’est pas une certitude. Il nous manque quelque chose. En France, nous proclamons sur nos édifices publics : Liberté, égalité, fraternité. Trilogie d’une société idéale jamais accomplie, chacun le sait. Il faudrait avoir l’audace, sans en altérer pour autant la valeur remarquable , de penser autrement notre relation à tout autre que nous-mêmes. Sans grands mots, sous un forme simple, non agressive et acceptable pour le plus grand nombre. On croirait presque à la gestation laborieuse d’un slogan publicitaire dans la sphère commerciale ! Sauf qu’ici, il n’y a rien à vendre mais beaucoup à gagner.

   De la vie intra-utérine à la mort et quels que soient les systèmes culturels et les organisations sociales, un seul principe que  je nomme systémique, pourrait surgir.  J’ose le formuler ainsi, à titre   provisoire  en attendant mieux. Aucun être humain n’est et ne peut être la propriété d’un autre.  Personne n’appartient à quelqu’un dans tout le règne du vivant.  Attention, cela va beaucoup plus loin, dans  le vécu de chaque vie, qu’une altruiste déclaration de principe. Établir coûte que coûte sa domination sur l’autre - être le plus fort, le plus beau, le plus puissant, le plus égoïste, le plus intelligent etc - est un schéma sytémique directeur de vie facilement observable tant en clinique que dans la vie habituelle. Peu importe ici le jugement qu’on porte devant cette réalité : nous la subissons tous plus ou moins.

   En achevant la rédaction de ce texte bref, si maigrement documenté, je ressens deux impressions. 
- D’abord, celle d’enfoncer des portes ouvertes depuis des siècles et des siècles partout dans le monde par des esprits d’incomparable clairvoyance. 
- La seconde est une crainte. Que, si une prise de conscience de cette réalité destructrice peut se faire (3), nous ne sachions pas trouver les bons outils pour que les choses puissent changer. Enfin changer. Nous le devons bien aux armées silencieuses de victimes du choix de nos valeurs depuis nos plus lointaines origines.


    Tradition française : pas de sujet, aussi dramatique soit-il, qui ne puisse se conclure sans un sourire. Il est emprunté ici à un mémorable spot publicitaire télévisé pour une marque de rillettes : « Nous ne partageons pas les mêmes valeurs ».

                                         François-Marie Michaut


  __________________

      Notes :



(1) Ce terme (non répertorié par Google) me semble plus simple, plus direct et plus euphonique que le féminicide actuel.



(2) Du verbe latin enprehendo, devenu entreprendre.



(3) La révélation sur la place publique de comportements prédateurs tenus secrets, en particulier dans le domaine sexuel, semble en constituer un début probablement irréversible.

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Os court :

«  C’est la liberté de tyranniser qui est le contraire de la liberté.»


Fernando Pessoa ( poète portugais trilingue 1888-1935)

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1148

 2 décembre 2019



                        

28 novembre 2019

À quoi on joue ?
 (Exmed)

   Un hebdomadaire français, dont je choisis de pas citer le nom ici, vient d’attirer ses lecteurs en vantant l’efficacité d’une injection unique pour « réduire l’alcoolisme». Peu importe que soit citée l’ University College of London comme gage de sérieux. La substance utilisée a été synthétisée en 1962 et depuis d’utilisation courante en médecine vétérinaire et hospitalière.

   La dénomination ne figure pas ici car n’importe quel moteur de recherche permet d’en acheter en ligne. Parce qu’il est, en toute illégalité nationale, très prisé dans certains types de fête. Risque majeur de pharmacodépendance en cas d’usage répété, ce n’est pas neutre.
   

  Penser traiter une alcoolodépendance ( et non «l’alcoolisme») en courant le risque d’une pharmacodépendance aussi redoutable, c’est comme vouloir cicatriser  une brûlure par le feu. Donner toutes les clés pour que d’autres aillent jouer sur le même terrain des addictions, c’est s’en faire les complices au nom sacré de l’information et... du tyran tirage.

François-Marie Michaut 
29 novembre-1er décembre 2019

26 novembre 2019

Sombre parfum de lobotomie (Exmed)


   Le Figaro du 25 novembre 2019 titre crânement : « Le cerveau virtuel au secours de la chirurgie de l’épilepsie ». Faut-il en déduire qu’il existe un cerveau virtuel et que l’on sait faire autre chose que de détruire les zones du cortex atteintes de périodes d’hyperactivité électrique quand les médicaments sont sans effet ? Non, le public ne doit pas s’y laisser prendre.
   Réaliser un cerveau virtuel, même avec la merveilleuse fée numérique, suppose une condition préalable. Celle de savoir non seulement comment, mais aussi pourquoi notre cerveau est capable de fonctionner comme il le fait. Nous ne le savons pas encore, qu'on se le dise bien dans les chaumières.
  

  Au mieux, les neurosciences fournissent une image de plus en plus fine de ce qui pourrait être comparé au câblage de l’encéphale. Mais, il nous manque encore cruellement d’avoir accès à ce qu’est, pour une machine, la notice technique qui permet d’en comprendre le fonctionnement.
  

   Alors comment ne pas évoquer l’effroyable expérience de la lobotomie largement pratiquée aux USA dans les années d’après guerre ? Pour aller plus loin, lire Lynda Zerouk

François-Marie Michaut
27-28 novembre 2019


24 novembre 2019

MINCEURS
 (LEM 1147)


« Ah ! Et puis, mince, alors ! ».  La belle exclamation !
On peut se demander d’où sort cette expression.
Certains esprits retords y voient un euphémisme
Pour camoufler un « merde ! » aux relents de… snobisme.

Tous deux ont bien cinq lettres et commencent par « M » :
Ce n’est pas par hasard si leur ton est le même.
Le « zut ! » sonne moins bien qu’un « mince ! » bien craché,
Prononcé par un gros ou un maigre fâché.

Au sujet des gros mots, on a beaucoup à dire :
Leur effet n’est pas mince et le fait bien sentir.
Le gros mot est une arme, un obus, un missile
Mais savoir le lancer est un art et un style.

Plus le mensonge est gros et mieux il va passer.
Plus mince est le savoir, plus forts les préjugés.
Un très mince croquis vaut mieux qu’un gros discours ?
Oui, « mais moins qu‘un gros chèque », ajoutent les balourds !

Si le verbe « mincer » n’est plus guère employé
L’obsession de « mincir » est  partout proposée.
Le mince est à la mode et le gros mal perçu.
Plus on est filiforme et mieux on est reçu.

Plus mince est le discours, plus chaque mot est gros :
Plus mince sont les bois, plus gros est l’arbrisseau…
Gros défaut vaut-il mieux que trop mince vertu ?
Qui a un trop gros nez croit que chacun l’a vu !

Gros mot n’est pas mot gros, a dit le professeur ;
Cœur gros n’est pas gros cœur, ajoute le censeur.
Je grossis, je grossis ! Et ainsi, je m’aigris !
Mourir gros, mourir mince est même vilenie…

                Jacques Grieu    MINCEURS


Os court :

«  Maigre comme un clou : faut être marteau pour avoir la minceur comme obsession, car en général ça tourne au vice.»


Stéphane De Groodt
( comédien, réalisateur, humoriste, ancien pilote de course)





LETTRE D'EXPRESSION MÉDICALE

LEM 1147

Maigromanie (Exmed)

   
Depuis combien de décennies les blouses blanches ne cessent de nous marteler que nous sommes trop gros pour nous porter bien ? Sans grand succès. Seuls les résultats sont ... maigres, il faut le reconnaitre.

   
Alors sans tomber dans le piège dramatique de la redoutable anorexie mentale, et sans nous prendre au tragique, allons faire un tour avec Jacques Grieu et MINCEURS, sa LEM 1147.
            Bonne lecture décapante.

François-Marie Michaut
25-26 novembre 2019

21 novembre 2019

Présidentielle obsession (Exmed)


    Emmanuel Macron  parlant hier aux maires de France a dit : « Je n’ai d’autre obsession que d’agir.». Agir pour que la nation France patraque aille mieux, ou moins mal, faut-il comprendre ?  C’est son travail. Mais faire de l’action une préoccupation dominant et remplaçant toutes les autres doit être discuté. Et au bon niveau : celui du fonctionnement du cerveau humain. Ici même a été publiée une approche inusitée de nos deux entités mentales : Le «Qui-Fait» et le «Qui-Sait». LEM 1156  . 


   Le Président se dit le serviteur du Qui-Fait mais reste muet sur son Qui-Sait. Le comment faire les choses, avec chiffres à l’appui, occupe le devant de la scène. Mais le pourquoi faire les choses, ces choses bien cadrées dans les médias,  cet obscur Qui-Sait  agissant comme moteur de tout, nous n’en avons jusqu’à ce jour aucune explication politique claire. Les nations, partout dans le monde, reprochent fort justement à leurs élites un manque fondamental. Celui de savoir exprimer la ligne directrice civilisationnelle capable de rendre bénéfique aux autres ce qu’ils font.

   Alors, rêvons large, la France ne serait pas mal placée pour baliser dans le chaos mondial une voie qui n’a pas encore pu être empruntée. Oui, rêvons de nouvelles «Lumières» donnant enfin toute sa place à notre cerveau « Qui-Sait».


François-Marie MichautC.O. 22-23 novembre 2019

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...