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03 septembre 2017

RESCAPÉ (LEM 1031)

Lettre d'Expression médicale


LEM n° 1031  
http://www.exmed.org/archives17/circu1031.html
    4 septembre 2017

                          
             
                              


                                   RESCAPÉ

                                  
               


                                           Jacques Grieu


    
Ce matin, au réveil, une question comique :

« Comment n’être pas mort ? Mon âge est canonique,

Debout je tiens encore ? Il faut qu’on me l’explique !
»

Ceci n’est pas normal ! Peut-être un cas clinique ?

N’étant pas hépatique, ou même diabétique,

Diarrhéique, anémique ou bien anorexique,

Pas du tout rachitique ou encore hystérique,

Je redoute une erreur, une hérésie inique,

Une incongruité sur le plan scientifique !

Je vois mon médecin, quelqu’un de méthodique :
« Voilà pourquoi, docteur, je viens vous déranger :

Durant quatre-vingts ans, j’ai frôlé cent dangers,

Tous les ukases enfreints pour la bonne santé,

Ignoré vos confrères en toute éternité.

De vos médicaments, je n’ai jamais usé ;
D’aspirine, arnica, je n’ai pas abusé.

J’ai ri des interdits, pris des risques pendables,

Piétiné les conseils et tenté tous les diables.

Bu beaucoup de bordeaux, fumé trop de cigares,

Bien aimé le foie gras, fait la fête très tard.

Inversement, la guerre m’a fait faire abstinence,

Et des rutabagas, j’ai subi les carences.

Tel un miraculé, je viens me renseigner :
Le cas est-il si grave ? Il faudrait me soigner ?
Alors, je suis en vie ? ou bien suis-je amnésique ?

Pincez-moi si je rêve ; est-ce pathologique ?
»

Service militaire enduré en trois ans !

Ça n’a pas émoussé mes grands élans d’antan.

Dans le Rif, neige et boue contre les fellaghas,

J’ai eu froid, j’ai eu faim et suis encore là !

J’ai bu bien des piquettes ou bières frelatées,

Tant d’ersatz de café, de sodas périmés...

Ai-je bien survécu ? Sans jamais aucun casque,

Sur mon vieux Solex où j’ai fait tant de frasques !

Plus tard, en deux-chevaux, aux freins pleins de mollesse,

J’ignorais la ceinture, air bag ou ABS.

Moi, d’aucun TGV, je n’ai su la vitesse !

J’ai vécu sans portable, IPAD, ou GPS !

Et toujours sans Prozac, portable ou DVD,

En guise de musique, un « phono » dégradé.

Pas de téléalarme, ou fax ou caméra.

Pas de porte blindée, de psys, ni de viagra,

Et le préservatif, nous ne connaissions pas !

Pas plus que le scanner, l’IRM, l’écran plat,

Les machines à laver et les supermarchés,

Les cartes de crédit, les vol à l’arraché...

C’est dans les cabinets, qu’à l’école initié,

Je fumais mes « havanes » enroulés de papier.

L’eau du robinet bue, je n’en ai craint les maux.

Parfois des alcools forts, bus toujours au goulot.

Grillé des vers de terre avant de les manger,

Et cuit des sauterelles afin de déjeuner...

Mes tartines au saindoux n’étaient pas « allégées »

Mes prises de courant n’étaient pas « protégées ».

Tant de chutes et plaies, debout sur mon vélo !

Et ces acrobaties, ces bleus sur ma moto !
Et je serais en vie ? Ou bien suis-je amnésique ?

Pincez-moi si je rêve ; est-ce pathologique ?

Quand je fus déprimé, jamais un psychologue,

De mes jeunes chagrins ne dressa catalogue.

Je ne me sentais pas victime du système,

Ni ne rendais l’Etat comptable des problèmes.

Mes semaines de travail étaient de soixante heures...

Comment pouvoir survivre à tous ces grands malheurs ?
Je suis un rescapé de ce siècle sauvé.

Je l’ai échappé belle ! Et pourquoi préservé ?
C’est donc que mes enfants vivront cent cinquante ans,

Eux qui n’ont pas connu ces guerres et nos tourments ?

Avec leurs vidéos, leurs « ordis », leurs autos

De si beaux hôpitaux, Ikea et Mac Do !

Avec leurs trente-cinq heures, « ertétés », et vacances,

Et tant d’allocations, d’assistances : une chance !

Et Principe sacré, celui de Précaution,

Pour leur Sécurité en géniale notion !

À ce train de progrès, pour mes petits-enfants,

Je pressens pour leur fin : l’éternité des temps !
Je suis encore en vie ? Ou bien suis-je amnésique ?

Pincez-moi si je rêve : est-ce pathologique ?



NDLR : Ce poème, publié ici in extenso , avec l’autorisation de l’auteur, est extrait du livre Papiers de vers, 2016, auto-édition Jacques Grieu.
   
Os Court :


 «   La santé, c’est d’avoir mal tous les jours à un endroit différent. »  

Michel Chrestien ( Jacques Silberfeld ) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Silberfeld



31 août 2017

Connectibilité problématique


 

 

Connectibilité problématique



Le Particulier n° 1136 fait ses choux gras des innovations numériques revendiquant une amélioration de l’état de santé pour leurs utilisateurs. L’offre est considérable : ce qu’il faut bien nommer les marchands de santé se déchaînent sans retenue.
  Pouvoir surveiller en permanence ses constantes biologiques, sa tension, sa balance calorique , avoir la possibilité d’un avis médical 24 heures sur 24, disposer d’un traitement automatique en fonction des symptômes, du rendez-vous le plus rapide auprès d’un spécialiste.
 
   Tout, tout, tout, vous aurez tout sur la santé aurait chanté avec un franc éclat de rire Pierre Perret. En cherchant bien, pas l’ombre d’un objet connecté ou d’une application vaccinant contre l’imposture.


Dr F-M Michaut , CO d’Exmed 1-3 septembre 2017

29 août 2017

Fric-frac carabiné

 

 

Fric-frac carabiné



   Précisions pour nos lecteurs lointains francophiles. Un fric-frac, en argot désuet, est un cambriolage. Un carabin est la dénomination populaire d’un étudiant en médecine. En France, l’enseignement médical depuis Napoléon 1er est exclusivement assuré par l’Etat, et les frais d’inscription demeurent accessibles à tous. Selon les échos de la presse, des associations d’étudiants affirment qu’il en est tout autrement pour la première année des études médicales.

     Il serait nécessaire pour les familles de débourser environ 6000 euros pour tenter le concours de fin d’année qui laisse sur le carreau... 85% des candidats. Inadmissible racket de toute une jeunesse tournée vers les autres que ce qui se passe dans la plus grande hypocrisie générale.

Dr F-M Michaut , CO d’Exmed 30-31 août 2017

28 août 2017

La dictature des algorithmes (LEM 1030)

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1030
  http://www.exmed.org/archives17/circu1030.html

    28 août 2017

                                          

                         La dictature des algorithmes

                                  
               


                                        Docteur François-Marie Michaut


   Il est des gros mots qui ont le pouvoir de vous clouer le bec avant même que vous ayez pu l’ouvrir. Ainsi en est-il de celui d’algorithme.
Pour des oreilles médicales, la dissection du mot oriente sur une piste trompeuse. Celle des algies (algo). Que  vient donc faire la douleur dans cette galère ? Et bien rien du tout. Quant à la terminaison du vocable, au prix du remplacement du i par un i grec, elle branche les professionnels du stéthoscope vers une idée de pulsation. Rien à faire, même avec beaucoup d’imagination, ce mot savant au fort parfum technologique ne veut pas livrer ainsi son secret.

Quelques clics sur wiki https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme, et on y voit plus clair. « Un algorithme est une suite finie et non ambigüe d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat.». Vous avez tout compris ? Moi non plus. Allons un peu plus loin : « Le mot algorithme vient du nom arabe du mathématicien perse du IXème siècle Al-Khwârizmî.». Fiat lux.

Alors tous ces algorithmes dont on nous vante la puissance inégalable pour résoudre nos problèmes les plus complexes, qu’est ce que c’est vraiment ? Donnons la parole à Gérard Berry lien: https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Berryhttps://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Berry , chercheur en science informatique : « Un algorithme, c’est tout simplement une façon de décrire dans ses moindres détails comment procéder pour faire quelque chose. Il se trouve que beaucoup d’actions mécaniques, toutes probablement, se prêtent bien à une telle décortication. Le but est d’évacuer la pensée du calcul, afin de le rendre exécutable par une machine numérique (ordinateur...). On ne travaille donc qu’avec un reflet numérique du système réel avec qui l’algorithme interagit.».

Traduisible ou nom en équations, nous voici dans un monde étrange. Celui où, pour obtenir «des résultats», notre cerveau est prié de réduire sa perception de la réalité au seul reflet que peut traiter nos chères machines.

Réduction séduisante pour pouvoir nager dans la complexité de tout ce qui nous entoure que nous révèlent chaque jour les sciences et les techniques. Mais, et je pense que beaucoup de cliniciens par leur vécu quotidien en sont persuadés, réduction aliénante.
Alors, tant pis pour les prévisions météorologiques, les orientations des politiques sanitaires, les plans d’action pour notre avenir, une prise de conscience s’impose. Sa Majesté L’Algorithme est un dictateur d’autant plus redoutable qu’il est virtuel. Sa technique : mettre à la poubelle de l’inexistant tous les aspects « ambigüs» (1) de la réalité que la Machine est incapable de comprendre.
Le monde des soins de santé est-il déjà tellement algorithmé qu’il soit incapable de penser autrement ? Un dernier clin d’oeil  au prémonitoire Parc de la Pensée de Philippe Guillemant lien : http://www.exmed.org/archives16/circu946.html, spécialiste de l’intelligence artificielle, régulièrement cité ici.

Note de l’auteur :
(1) Il y a là une négation du réel échappant à toute logique. Ne peuvent pas exister, «algoritmiquement» parlant, ce que nous ne savons pas encore, ou même, ce qui n’a rien de farfelu, ce que d’autres civilisations ont su et que nous ne savons plus.



    
Os Court :

 «  Les algorithmes proposent des prévisions du futur qui ressemblent à un passé calculé. »  
 Dominique Cardon



24 août 2017

Monde de plus en plus violent ? (Co Exmed)

 

 

Monde de plus en plus violent ?



   Le bombardement médiatique quotidien ne sachant jouer que sur l’émotion alimente, images choc à l’appui, l’idée que nos sociétés sont de plus en plus soumises à la violence la plus meurtrière.  Effet collatéral de « l’état de guerre» pour lutter contre le terrorisme islamique ?
Que disent les faits ? Selon l’article Wikipedia « mortalité dans le monde»  https://fr.wikipedia.org/wiki/Mortalit%C3%A9_dans_le_monde , ce sont les maladies qui nous tuent le plus. Maladies cardiovasculaires et dégénératives en tête pour les plus riches, et pathologies infectieuses et parasitaires partout ailleurs.
Arrive largement en dernière cause de décès répertoriée par les organismes internationaux ( la 40 ième)  les guerres. Un ordre de grandeur pour fixer les idées ? Environ 1% des 57 millions de  morts comptabilisés en 2008.
Juste pour mémoire, les nouveaux petits terriens en 2014 ont été 139 millions.  https://www.planetoscope.com/natalite/16-naissances-dans-le-monde.html




Dr F-M Michaut , CO d’Exmed 25-27 août 2017

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...