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28 décembre 2020

Vivre autrement 2021 (LEM1105

       
   Claire Marin, dans Le Monde du 27 décembre 2020, évoque «l’idée de devoir vivre autrement». Elle aurait surgi «douloureusement» en nous ces derniers trimestres. Pourquoi cette douleur ressentie ? Est-ce la prise de conscience diffuse d’avoir perdu au quotidien une grande partie de notre animalité groupale fondatrice ? Perte provisoire, espérons nous de façon infantile, avec l’espoir de revenir au monde d’avant. Comme si nous n’avions à affronter qu’un accident de parcours (1) uniquement causé par un méchant agent infectieux à éliminer.



   Nous ne parvenons pas, et les discours scientifiques ne nous y aident pas, à renoncer à la notion de pandémie. Celle-ci suppose une temporalité virale stricte avec un avant, un pendant croissant puis décroissant et... une fin. La probabilité que  le Coronavirus 2 soit déjà devenu endémique n’est pas nulle. Malgré tous ses efforts Homo sapiens continue à vivre avec comme redoutables compagnons la tuberculose, le paludisme, le sida et une foule d’autres envahisseurs microbiologiques. Malgré les médicaments, des humains meurent chaque jour, dans tous les pays, d’infections bactériennes inguérissables avec nos méthodes les plus sophistiquées. Nous ne sommes pas toujours les plus forts. Quel orgueil que de penser que nos techniques et nos connaissances ont - ou auront-  le pouvoir de faire disparaitre totalement et définitivement quelque virus que se soit !

Qu’est-ce que ça peut être alors que ce vivre autrement qui nous est imposé par la réalité ? Il serait présomptueux (et probablement ridicule, ce qui n’est jamais mortel) que de vouloir en proposer un contenu acceptable par le plus grand nombre. L’illusion que l’on est plus fort, plus intelligent, plus heureux même, quand on est en groupe que quand on est seul a volé en éclat avec le confinement, les gestes barrières sociales, les interdictions officielles. Le groupal (2) est devenu non essentiel dans nos têtes. Chacun face à soi-même sans échappement possible vers d’autres pouvant nous rassurer sur la pertinence et le bien fondé des choix que nous avons à faire en permanence. Le défi n’est pas mince, mais nous n’avons plus le choix dans la vraie vie, pas celle des médias, de la communication ou de l’internet avec ses réseaux virtuels.

Faut-il se désespérer devant l’immensité de la tâche à accomplir ? La tentation est grande pour qui prend comme grille de lecture celle de l’histoire et ne comprend pas que le futur n’est pas la projection géométrique du passé au présent déterminant le futur (3). Malgré des feux de paille trompeurs  dans le monde virtuel, bien des illusions se heurtant durement à la réalité sont en train de se déliter (4). Nous n’avons pas d’alternative, faire notre propre ménage intérieur « sans filet» des forces personnelles nous déterminant , c’est cela le vivre autrement pour l’année 2021.

Et pas le moindre manuel de savoir-vivre ou de méthode pour les nuls à se mettre sous la dent. Alors, tel Don Quichotte dans ses combats, on y va bravement.
                                          François-Marie Michaut
________________

Notes :

(1) Pour aller vers quoi ? La question demande d’être éclaircie. Faute de pouvoir répondre à cette question élémentaire, le parti d’Emmanuel Macron  : la République en marche patauge.



(2) Pour illustration, le slogan politique de Ségolène Royal en mai 2007 faisant scander à une foule de militants : Tous ensemble, tous ensemble !

(3) Ph. Guillemant, La route du temps, théorie de la double causalité, ( Le temps présent 2014)  ISBN 978-2-35185-163-0

(4) Les séparatismes, compirationnismes, extrêmismes, ségrégationismes, fondamentalismes et autres sectarismes florissants pour n’en citer que quelques uns.
 
Os court :
« Vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d’exister.  »

Oscar Wilde

 Lettre d'Expression médicale
 
LEM n° 1205   1er janvier 2021   

 
 

2 commentaires:

  1. Bonjour

    Je partage votre analyse et voudrait rajouter un commentaire.

    "Vivre autrement" que ce monde de virtualité dans lequel nous nous sommes plongés ces dernières années.
    Comment avons nous pu croire que le réel n'existait pas?
    Que seul existait ce que nous racontait nos écrans, nos médias?
    Comment avons nous pu croire que nous n'étions plus vulnérables aux infections?
    La croyance, régulièrement affirmée par tous les experts médicaux et repris dans les médias de la toute puissance de la médecine qui allait même, je l'ai lu, finir par vaincre la mort.
    Mais les faits, et le réel nous a brusquement rattrapé avec ce virus.

    Vivre autrement, c'est désormais ne plus vivre dans cette "bulle" d'illusion?
    Quand on lit le développement des "fakenews" et tous les complotismes divers et variés, il est peu probable que le "autrement", que vivre dans le "réel" a une chance de voir le jour demain.

    Les vendeurs d'illusion, de "miracles" ne sont pas près de "baisser pavillon".
    Surtout avec la facilité que leur apporte internet.

    Et pourtant, il me parait évident que cette crise nous a montré que le réel, que la nature ne répond pas à nos injonctions humaines de domination.

    En tout cas, je souhaites à tous une belle année 2021 et surtout beaucoup de lucidité dans la prise en compte du réel.

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    1. Bien entendu, cela fait toujours plaisir quelqu'un qui a une opinion rejoignant la sienne.
      L'appel à la lucidité, aux yeux ouverts en un mot à l'indépendance de tout esprit humain respectant simplement ce qu'il est, mais c'est devenu prioritaire.
      Bravo à tous ceux qui en comprennent l'importance, ils sont nos seuls vrais "héros".

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