L’autre jour, dans ma rue, arpentée à grands pas,
(Le pas du confiné) , pour remplir mon cabas,
Je rasais tous les murs, évitant les passants
Et toussant dans mon coude avec un bel élan.
Chez tous les commerçants, on parlait du virus
Tout en s’écartant bien, respectant le blocus.
Où se terrait la bête ? Et on se regardait,
Lorgnant sur son voisin : et si lui, le savait ?
Je revins fort déçu et une fois de plus,
Intrigué et marri de ne pas l’avoir vu.
Existait-il vraiment ? Etait-ce une invention ?
Un gros épouvantail pour les populations ?
Pourtant, tout en marchant, regagnant mes pénates
J’avais la sensation que tel un névropathe,
J’étais bien poursuivi par quelqu’un d’invisible.
Quelqu’un qui se cachait et qui m’avait pour cible…
Et c’est juste au moment où je passais ma porte,
Que soudain, je le vis : un énorme cloporte
Qui me guettait dans l’ombre avec des yeux féroces,
S’apprêtant à charger tel un rhinocéros !
Vite je m’enfermais et, me barricadant,
Sautais sur mes pinceaux tout en me souvenant :
Il fallait qu’aussitôt, je fasse Son portrait
Pour le revoir exact, tel qu’Il est, traits pour traits.
Jacques Grieu
Os court :
« Il resta accroupi toute une nuit glaciale, pelotonné comme un vieux cloporte dans sa pelisse râpée. » Pierre Loti
Lettre d'Expression médicale 1165
LEM n° 1165
6 avril 2020

Tableau de Jacques Grieu ( tous droits réservés)
Gentil pied de nez à tous ces facies télévisés qui se sentent obligés de montrer une tronche d'enterrement dès qu'il est question - et on parle de rien d'autre- du covid19 !
RépondreSupprimerMerci l'artiste pour ce moment rare.