La question de la santé s’est révélée ces derniers mois comme une priorité absolue dans nos comportements humains. Autrement dit, elle s’est trouvée hisssée au plus haut niveau des stratégies politiques et... économiques.
Ce bouleversement remet en question la pertinence des objectifs qui nous semblaient auparavant les plus importants. Rien ne peut plus être comme avant, qu’on se le dise à Ségur comme partout ailleurs sur la planète. Nous vivons désormais l’ère covidienne.
Quelles que soient les fantaisies évolutives imprévisibles de notre Corona du jour et le désespoir des gens qui se sentent exploités, oubliés et humiliés !
François-Marie Michaut
17-18 juin 2020
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16 juin 2020
14 juin 2020
La parole, outil de création (Exmed)
Ce ne sont que des paroles verbales aimait dire en plaisantant un ami pour qualifier la faible fiabilité de ce que disent les bouches. Ce texte est écrit le matin même où le président Macron doit s’expliquer sur la perception qu’il a de la crise sans précédent et d’ampleur planétaire du Covid19 que nous vivons.
La LEM 1175, conservant en toile de fond implicite l’ouvrage trop négligé « La Face cachée du Cerveau» (Dominique Aubier), a le culot de soutenir une thèse systémique simple sur notre fonctionnement humain. Son titre ? « Chaque connaissance est un récit »
François-Marie Michaut 15-16 juin 2020
Chaque connaissance est un récit (LEM 1175)
Chaque civilisation, nous ont appris les éthnologues, a su construire et transmettre au fil du temps l'histoire de ses origines. Savoir comment et pourquoi nous sommes en vie, et dans quel environnement se déroule cette aventure : il faut bien croire que cela nous démange les méninges. Prurit interrogatif qui ne nous a jamais quittés quels que soient les efforts de toutes les élites dominantes supposées savoir tout et une fois pour toutes.
Il est commode d'établir une frontière entre ce que les religions, et autres sagesses traditionnelles, ont su mettre en forme de manière directe ou symbolique, et ce que disent de plus en plus fort depuis Descartes en Occident les sciences. Sans ignorer qu'existèrent bien avant Archimède, Thales, Maïmonide et Hippocrate. Et toutes les médecines traditionnelles du monde encore si vivaces en Orient.
Toute science, et il en existe des multitudes en 2020, est la construction d'un récit, aussi exhaustif que possible, d'une partie de la réalité que les outils qu'elle se crée elle-même lui permettent d'observer. Elle établit donc Chaque connaissance ses frontières qu'elle s'interdit formellement de franchir. L'une d'elle, et parmi les plus solides, est son propre langage (1). Ces jargons spécifiques, souvent enrichis de sigles, de chiffres et d'emprunts à l'anglais, deviennent un lien spécifique renforçant la cohésion interne et la capacité d'expertise d'une discipline. Hélas, il en résulte un inconvénient majeur : entre scientifiques, il devient de plus en plus difficile de comprendre ce dont parlent les autres et comment ils en parlent. Comme dans la tour de Babel de la Bible, la langue unique disparait et les parlers divers se multiplient. Jusqu'à ce que le bâtiment devenu inconstructible s'effondre (2).
Mais pour chacun de nous, qu'en est-il ? Sommes-nous de simples éponges plus ou moins capables d'absorber les connaissances sans cesse rendues plus accessibles à tous (3) ? Que faisons-nous de cette manne permanente, si fragile à l'oubli et à l'erreur d'interprétation ? Si perméable aux émotions, aux sensations, aux rêves, aux intuitions, aux manipulations, sans lesquels nous ne sommes pas humains. La seule solution, en bonne mnémotechnique, est d'en faire pour soi-même un récit. Pas celui d'un savant bibliothéquaire, celui d'un humain ordinaire comme chacun de nous. Nous nous racontons tout ce que nous vivons, et nous vivons tout ce qui est nouveau pour nous. En dehors de nous comme en nous. Ce récit se modifie sans cesse de la naissance à la mort. Sur le modèle d'un palimpseste (4) il est dans sa nature d'être sujet à l'oubli et aux modifications. Les maladies de la mémoire nous le rappellent.
Introduire une hiérarchie de valeur ontologique entre ces différents types de connaissance me semble une posture aussi habituelle que dangereuse. Il ne peut en résulter que des conflits frontaliers, des luttes de pouvoir. entre institutions en place. Et une impossibilité d'oser explorer ce qui n'a pas pignon sur rue dans la pensée actuelle sans encourir les foudres de la bien pensance ambiante.
L'affaire de la théorie journalistiquement dite du Big Bang inventée il y a une centaine d'année par l'abbé Lemaitre est intéressante. Faire débuter il y a 14 milliards d'années ce qui deviendra notre univers par le surgissement d'un grain de matière hyperdense issu soudain d'une marée d'énergie d'origine inconnaissable par nos lunettes scientifiques est un superbe récit. Un tour de magie qui sert de pierre fondatrice à toutes nos sciences de la matière et du vivant dirait un plaisantin. Nos fameux algoritmes, si sollicités avec le Covid 19 et tout le domaine de l'Intelligence Artificielle, ne sont-ils pas des récits typiques ? Faire le choix dans l'observation d'une réalité de ce qui semble le plus pertinent pour agir sur le problème qu'on veut résoudre, c'est laisser volontairement de côté ce qui est jugé accessoire. Pour un artiste peintre, le travail de création passe souvent par l'étape des croquis préliminaires. Le croquis n'est pas la toile plus que la peinture n'est le dessin préparatoire au crayon.
Toutes ces notions sont si simples, tellement fondées sur l'observation systémique, qu'elles peuvent être qualifiées d'enfoncement de portes ouvertes. À un détail pratique près. Nos préjugés sont tellement confortables que nous avons un talent fou pour en blinder l'accès. Jusqu'au jour où la réalité, comme celle de la pandémie en cours, nous saute au visage en nous laissant sans défense. Nus devant la forêt de nos récits.
Vivre sa vie, qu'on soit individu, institution ou collectivité, n'est-il pas construire chaque jour, en fonction de ce qu'on rencontre, son propre récit ? Celui qui nous sert à déterminer quelle conduite adopter et quel écueil éviter ( 5 ). Ce récit est notre mémoire, et comme telle, il est en perpétuel remaniement avec son extraordinaire capacité d'oubli et de transformation. Nos machines numériques sont, elles, limitées à de simples mises à jour périodiques. Nous savons décider, elles non. Dans cette optique, un récit n'est jamais réductible à un mythe ou une légende définitifs. Il doit être écouté avec soin, un médecin forgé par son métier ne saurait soutenir l'inverse.
____________________________
Notes :
(1) L'apprentissage des termes médicaux est une partie indispensable de la formation des soignants. Pour mémoire, la systématique botanique et animale n'utilise encore que la langue latine ( abandonnée le siècle dernier par les médecins pour leurs prescriptions magistrales).
(2) Une des fonctions spécifiques des médecins généralistes est de traduire aux patients dont ils s'occupent, en les harmonisant autant que possible, les récits de leur état que leur ont délivrés les différents spécialistes consultés. En déterminant au cas par cas, sous quelle forme le faire.Tache aussi délicate que tenue ignorée des instances médicales tant nos egos doctoraux sont facilement chatouillables.
(3) L'internet, comme l'écrit imprimé, y contribuent beaucoup.
(4) Manuscrit sur parchemin écrit gratté pour pouvoir être utilisé à nouveau. Concept largement utilisé par le neuropsychiatre Ludwig Fineltain dans son site.
(5)cf la cacophonie apparente, pour le public, des armées d'experts scientifiques s'exprimant depuis des mois dans mes médias sur le Covid19.
Os court :
« Tout est bien... Tout. L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ce n’est que cela. C’est tout, c’est tout ! Quand on le découvre, on devient heureux aussitôt, à l’instant même. »
Fiodor Dostoïevski
(écrivain 1821-1881, citation de Les possédés empruntée à Paul Watzlawick « Faites vous-même votre malheur» page 118 )
Lettre d'expression médicale
11 juin 2020
«Avant-guerre» (Exmed)
C’était le refrain des adultes au cours de mes jeunes années. Tout était tellement mieux, tellement plus beau, d’une qualité que l’on ne connait plus de nos jours. Quelle frustration pour un petit que cette histoire d’un paradis perdu qu’il n’a pas vécu.
Silence absolu des adultes sur l’horreur qui a servi de bouquet final à ce « merveilleux » passé. Celui qu’ils avaient eux-mêmes construit à grand peine pendant des générations.
Alors, attention à ne pas sombrer dans la nostalgie de l’avant covid. Des enfants sont là et écoutent avec attention ce qu’ils entendent dire autour d’eux. Ne les trompons pas, ils ont besoin d’être respectés dans leur vision du monde pour être le plus possible eux-mêmes.
François-Marie Michaut
12-14 juin 2020
09 juin 2020
Aux antipodes (Exmed)
Il m’a fallu aller fouiller dans Courrier International du 8 juin 2020 pour apprendre, avec joie, qu’un pays a pu déclarer ne plus compter aucun cas de Covid19. La lointaine Nouvelle-Zélande a annoncé qu’elle abandonnait les mesures de distanciation sociale.
Curieux silence de nos bavards et bavardes de service nationaux. Pour quelle raison ? Le fait que la personne qui a tenu avec succès et intelligence la barre de son pays soit Jacinda Ardern, une femme ? Et qui plus est, jeune et mère d’une petite fille de deux ans ?
La période covidienne bouscule inexorablement tout ce qui a été. L’idée n’est peut-être pas stupide de faire désormais beaucoup plus confiance aux capacités des femmes plutôt qu’au recours aux seuls hommes pour diriger sainement nos nations. Le mot économie ne veut-il pas dire, on l’oublie, façon d’arranger sa maison ?
François-Marie Michaut
10-11 juin 2020
Curieux silence de nos bavards et bavardes de service nationaux. Pour quelle raison ? Le fait que la personne qui a tenu avec succès et intelligence la barre de son pays soit Jacinda Ardern, une femme ? Et qui plus est, jeune et mère d’une petite fille de deux ans ?
La période covidienne bouscule inexorablement tout ce qui a été. L’idée n’est peut-être pas stupide de faire désormais beaucoup plus confiance aux capacités des femmes plutôt qu’au recours aux seuls hommes pour diriger sainement nos nations. Le mot économie ne veut-il pas dire, on l’oublie, façon d’arranger sa maison ?
François-Marie Michaut
10-11 juin 2020
07 juin 2020
Autant en emporte le temps (Exmed)
Ce temps qu’on se plaint de ne pas avoir, quel que soit le temps qu’il fasse au dehors. Inusable alibi, qui n’est pas sans nous tenailler parfois la conscience. La pharmacologie ne propose rien. L’intelligence artificielle regarde à côté.
Nous sommes seuls devant le grand sablier de notre vie. Pas tout à fait.
François-Marie Michaut
8-9 juin 2020
APRÈS / PLUS TARD (LEM 1174)
Depuis toujours, le temps est pour l’homme un mystère.
Sa flèche est parfois lente et souvent s’accélère :
A peine est-on levé qu’il faut aller au lit;
A peine le lundi, qu’arrive vendredi.
Dès qu’on est en janvier, on voit la fin d’année
Et dès qu’on a dix ans, la mort montre son nez...
Il faut dès qu’on est né, profiter de l’instant
Sans remettre à plus tard la joie et le bon temps.
Chaque seconde échue doit être appréciée ;
Ne laissons refroidir ni moment ni santé.
Le jour d’après est là qui nous nargue et nous guète
Et nous tend ses regrets de choses incomplètes...
Le manque de mémoire est parfois une envie
Effaçant les remords pour moins de nostalgie.
Les attraits de l’oubli, on devrait célébrer,
Car l’oubli, c’est la vie, les charmes du passé.
L’oubli de ses erreurs est une absolution :
La perte de mémoire est parfois solution.
Écrire ses mémoires est toujours plus facile,
Quand les trous de l’oubli deviennent bien utiles.
Qui n’a pas de mémoire a donc de bonnes jambes,
Mais quand vient la vieillesse on n’est plus si ingambe.
Pourquoi les pense-bêtes sont-ils si délaissés ?
De nos mémoires on sait qu’ils sont les porte-clef !
L’ordinateur, dit-on, soulage la mémoire.
L’affirmation est vraie, mais ce n’est qu’accessoire :
Le meilleur des PC n’a aucun souvenir.
Sa mémoire est trop bonne, il ne sait s’en servir.
Les matériaux sont là : il ne sait quoi en faire
La mémoire est aux ordres, écoute qui opère.
Un peuple sans mémoire est privé de l’Histoire,
Et alors sans passé, plus d’avenir à croire.
Au cours des âges, aussi, l’histoire est bien caution,
Que l’oubli du public casse l’indignation.
Et si des politiques ont encor du crédit,
À nos trous de mémoire ils doivent leurs acquis.
Le bonheur n’est-il pas un mélange subtil,
D’espérance et d’oubli que par strates, on empile ?
Car à trop se pencher sur les faits du passé,
On risque de chuter, dans l’amnésie verser.
Les portes de l’oubli peuvent ne plus s’ouvrir :
Aux battants sont collés nos meilleurs souvenirs.
Supprimons les « après » pour mieux jouir du présent
Et du temps disponible, usons à tout moment.
« Trop tard » est le danger qui nous pend tous au nez !
Tels les bords de la mer, par les vents transformés,
Tous nos vieux souvenirs par l’oubli sont roulés.
Oublier d’oublier serait-il le secret ?
Jacques Grieu
Os court : « Se coucher tard nuit. » Raymond Devos
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