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27 mai 2018

REGRETTITUDES ? LEM 1069


                            REGRETTITUDES ? 
                             Jacques Grieu




Regrets ou bien remords ? Vaine interrogation ?
Plus souvent qu’on ne croit, on pose la question.
On peut fort bien avoir des regrets sans remords ;
L’inverse n’est pas vrai, ceux qui le disent ont tort.

D’avoir manqué tel film, je le regretterai
Mais c’est sans un remord que je m’en passerai.
J’ai regret d’annoncer le décès d’un ami :
Mais que font les remords dans cette phrase-ci ?

Mieux valent les remords d’avoir grugé untel,
Que des regrets tardifs de l’avoir mis en selle.
Ce n’est pas sans regrets que nous perdons nos vices,
Que ce soit volontaire ou imposé d’office.

La vie est parsemée de pourquoi et comment :
Ce sont bien les seconds les plus intéressants !
Sans regrets on renonce à trouver les premiers,
Et c’est sans un remord qu’on vise les derniers.

Le bienfait consenti un peu étourdiment,
Est souvent regrettable au bout de quelque temps.
Alors que le méfait commis bien posément,
Ne fait aucun remord à son bon artisan.

Vieillir, c’est régresser un peu sur tous les plans
Sauf celui des regrets qui vogue, au fil des ans.
On passe tant de temps à regretter nos faits,
Qu’on n’en a plus assez pour regrets de projets…

Qu’est-ce qu’un souvenir, si ce n’est un bouquet
Plein de fleurs qu’on arrose aux larmes des regrets ?
Pour certains, il s’agit de grands regrets sereins ;
Pour d’autres c’est d’aigreurs, de tourments, de chagrins.

Quand est-on vraiment vieux ? Comment le vérifier ?
C’est quand, au lieu des rêves, on n’a plus que regrets ?
De la vie qu’on a eue, en a-t-on des remords ?
Le regret de la vie : est-ce cela, la mort ?


         




Os Court : 
 
«  Toutes les doctrines d’action et de combat, avec leur appareil et leurs schémas, ne furent inventées que pour donner aux hommes bonne conscience, en leur permettant de se haïr... noblement, sans gêne ni remords.  »
  Emil Cioran


Lettre d'Expression médicale


LEM n° 1069  
http://www.exmed.org/archives18/circu1069.html
        27 mai 2018

Rétrospection (Exmed)

Rétrospection 


   Les archives écrites, c’est bien. Les mémoires numériques, c’est devenu un outil indispensable. Remèdes imparables contre l’oubli. Mais que faisons-nous, nous les humains avec notre capacité stupéfiante de remodeler ce qui nous est arrivé ? La médecine ne prend guère en compte que les déficits aigus ou chroniques des affections touchant le système neuro-encéphalique. Les amnésies.
Les scientifiques demeurent muets sur notre façon de regarder vers notre passé.  La poésie de Jacques Grieu ne craint pas de monter au créneau avec la LEM 1069 : REGRETTITUDES ? pour stimuler et alimenter nos esprits.


François-Marie Michaut,

CO d’Exmed 27-28 mai  2018

23 mai 2018

Chiffer sans oublier de déchiffrer (Exmed)

 Chiffrer sans oublier de déchiffrer



   Rien de plus dépourvu de toute dimension émotionnelle qu’un chiffre. Rêve rationnel jamais abouti de mettre dans le bain numérique tout ce que nous voudrions rigoureux ou même scientifique. Thomas Mesnier, médecin et député, affirme dans un rapport public que 43% des personnes s’adressant aux services hospitaliers d’urgence peuvent tout à fait être soignés par les médecins généralistes. La précision du chiffre peut impressionner les foules. Qui est capable de faire un tel calcul ? La médecine générale ne fait l’objet d’aucun enseignement pour nos confrères hospitaliers. Sur quels critères peuvent-ils alors décider de la pertinence du recours à un métier qu’ils ne connaissent pas ?


   Inversement, peut-on avoir une idée des effets pervers, le nocebo n’est pas un mirage, sur les malades de passer sans nécessité entre les mains des urgentistes ?


    Cessons de nous saouler de chiffrages, d’échelles de graduation des symptômes comme des fins en soi. Notre boulot de soignant, toutes disciplines mélangées, demeure toujours de déchiffrer ce qui se cache derrière tous les symptômes de dysfonctionnement.

François-Marie Michaut,
CO d’Exmed 24-25 mai  2018

22 mai 2018

Cernons nos incertitudes (LEM 1068)


                           Cernons nos incertitudes 
                          


                                                  François-Marie Michaut
    
     N’importe quel médecin, sauf pathologie mentale majeure, vit sa vie de soignant avec la peur constante de passer à côté d’une maladie grave faute de l’avoir diagnostiquée à temps. En médecine, rien - ni le pire, ni le meilleur - n’est jamais certain. De quoi choquer les adeptes du risque zéro et les zélateurs myopes du principe de précaution. Il est possible que cette réalité demeure peu connue de la foule des patients consommateurs. Et que le poids hors norme de cette inévitable incertitude de ce que Dame Réalité nous réserve ne soit jamais pris en compte par ceux dont la fonction, la jalousie, l’intérêt ou le plaisir est de bouffer du médecin comme jadis on bouffait du curé.
    Pas facile à porter, cette incertitude. Donner l’apparence que l’on est sûr de soi est le stratagème habituel des jeunes médecins, espérant ainsi ne pas porter atteinte à la confiance de leurs patients. Illusion, bien entendu. Toute tromperie devient un jour ou l’autre une évidence, dont la seule victime est... le trompeur. Il faut des années et des années de pratique et d’expérience pour pouvoir dire sans blesser l’autre qu’on ne sait pas.

     Il faut aller plus loin encore dans le domaine si bien dissimulé de nos incertitudes. C’est chacune de nos croyances, c’est tout ce qui a le statut de vérité bien établie, d’opinions communément admises à une époque et dans un lieu déterminés qui doivent passer à la moulinette de l’esprit critique. Aucun domaine de la pensée humaine ne doit y échapper. Pas plus celui des sciences, des plus établies aux plus douteuses que celui de chacune de nos religions.
Les intégrismes, peu importe le dogme qu’ils défendent, cherchent tous à nous imposer, y compris par la violence la plus extrême, leur propre certitude. Leur monde intérieur ne peut être que de pure certitude. Les tentatives de «déradicalisation» dont on nous parle sont elles en capacité de faire comprendre que toute certitude est un mirage (1) et pas un miracle ?
Une certaine façon de parler de la médecine n’est finalement pas très éloignée de la dénégation de toute incertitude. Les slogans qui se veulent préventifs, comme les cinq fruits et légumes à manger chaque jour, les boissons fermentées à consommer avec modération ou l’eau à ingurgiter à longueur de journée, tout cela nous maintient dans un univers illusoire d’une certitude rassurante. Pour un oeil médical, toute forme de vie est un permanent cheminement dans un environnement mouvant où ne peut exister aucune certitude. Sinon celle de l’apoptose finale de toutes les cellules, autre façon de parler de cette mort dont le nom même nous fait trembler. Une seule certitude, et, soyons francs, elle nous pourrit la vie.
   Se réfugier derrière des certitudes en ne mettant pas en doute leur véracité, c’est bien ce  que notre espèce a mis tant de temps et tant d’énergie à mettre en place. Et à tenter de maintenir au prix de souffrances inouïes sans jamais y parvenir. Malgré les résistances redoutables de tous les fondamentalismes désormais condamnés à disparaitre, un tout autre horizon est devenu pensable et possible en 2018.

Note :
(1) Siri Hustvedt, Les mirages de la certitude, Actes Sud, 2018.






Os Court : 
  « La seule certitude, c’est que rien n’est certain. »
 Pline l’Ancien (23-79)


  Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1068

http://www.exmed.org/archives18/circu1068.html
        20 mai 2018

Plus que l’ombre d’un doute (Exmed)

Plus que l’ombre d’un doute


 Notre camarade Descartes a bien tenté de nous faire rentrer dans la tête l'importance de la notion de doute dans le fonctionnement de notre pensée. Avec un succès, soyons optimistes, partiel. C'est le temps des certitudes qui est sur la sellette de la LEM 1068 : Cernons nos incertitudes. Bonne lecture, critique comme il se doit.

François-Marie Michaut,

CO d’Exmed 22-23 mai  2018

18 mai 2018

De la justice dans l'air (Exmed)

De la justice dans l’air



C’est devant la Cour de justice de l’Union européenne que doit comparaitre la France pour ne pas avoir respecté les normes de 2008 sur la qualité de l’air ( source : LE MONDE du 17 mai 2018). Les commentateurs adorent qualifier le moindre bobo de «problème de santé publique». Là il s’agirait de la mort de 500 000 personnes en Europe, dont 48 000 pour la France. Pour mémoire, les accidents de la route ont couté la vie en 2017 dans notre pays à 3 693 personnes ( Observatoire interministériel de la sécurité routière ).


   Autant qu’on sache ce qui pourra bien se révéler dans quelques années, notamment avec les effets chroniques des nanoparticules inhalées dont on ignore presque tout.


  «Ah laissez-moi respirer...» chantait la Castafiora des albums de Tintin. Si pouvoir public veut encore dire quelque chose, il est urgent de le prouver avant que nous soyons tous asphyxiés.

François-Marie Michaut,


CO d’Exmed 18-20 mai  2018

15 mai 2018

Former à l’émotion (Exmed)

 Former à l’émotion



   Réponse pavlovienne du ministère à une lamentable affaire de  refus de prendre en compte une demande vitale d’assistance médicale : il faut mieux former les agents hospitaliers chargés de recevoir les appels téléphoniques d’urgence. Mettre en place des techniques plus fines d’analyse et des contrôles plus pertinents, personne ne peut s’y opposer. Seul hic, c’est insuffisant.

   La dimension émotionnelle de toute relation humaine est un élément majeur. Elle est intraduisible en chiffres, en courbes ou en règles de conduite à tenir. Elle n’est mesurable par aucun appareil, et ,faute d’algorithme possible, elle ne peut être produite par aucune machine. Elle n’a rien à voir avec la seule logique. Sans émotion, a-t-on le droit de parler d’intelligence ? Peut-on même évoquer la conscience ou la compétence ? Quelle boite de Pandore avons-nous ouvert en enlevant aux médecins généralistes la responsabilité de gérer les urgences de leurs patients dans leur secteur géographique ?


François-Marie Michaut,

CO d’Exmed 16-17 mai  2018

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...