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22 août 2018

Tombe-t-on fou ?
 (Exmed)

Tombe-t-on fou ?



   On pourrait le croire en lisant le JIM du 19 août 2018. Un article se fait l'écho de travaux de psychiatres scandinaves démontrant que l'usage du tabac constituait « un sérieux facteur de risque» de psychose. Autrement dit, il semble admis qu'il existerait un passage entre un fonctionnement psychiatrique dans les limites statistiques d'une «normale névrotique» et un passage dans ce qui est nommé, en fonction de symptômes cliniques, psychotique.
   Il est simplement honnête de dire que rien ne permet de dire qu'une telle modification de structure de perception du réel peut exister. Des manifestations psychotiques peuvent apparaitre tout au long d'une vie, tout simplement parce qu'elles étaient tenues cachées auparavant ! Une étiquette de fou, personne ne court après.
François-Marie Michaut, CO d’Exmed   22-23 août  2018

19 août 2018

Maman les p’tits bateaux...
 (Exmed)

Maman les p’tits bateaux...



... qui vont sur l’eau ont-ils des jambes ? interroge la comptine enfantine. Si nous tentions, juste un bref instant, de demeurer dans cet univers des seules questions vraiment essentielles que les adultes évitent en nous traitant, comme dans la chanson, de gros nigaud ?


  Pourquoi aujourd’hui est-il différent d’hier, et que demain ne sera pas pareil que le jour où on est ?

    La LEM 1081 se paie le culot de donner à chaque lecteur une occasion de se forger son opinion personnelle. En espérant que cela puisse être, au moins pour certains, une lecture profitable.

  François-Marie Michaut,
CO d’Exmed   20-21 août  2018

Causalité linéaire, circulaire, ou «hélicoïdale» (LEM 1081)




           Causalité linéaire, circulaire, ou «hélicoïdale» 
                            



                                             François-Marie Michaut




      Le dramatique écroulement du viaduc autoroutier Morandi de Gênes évoqué dans le Coup d’Oeil du site du 16 août 2018 soulève une question qui n’a finalement rien de philosophique . Qu’est-ce qui fait que tel évènement est ou n’est pas ? Longtemps, nos ancêtres ont botté en touche en faisant intervenir la volonté des dieux ou du dieu unique de chaque culture.
Pour ne pas renier le tropisme d’Exmed, restons dans le domaine de la santé. Quitte, selon nos discutables  mais souvent fertiles habitudes, à ne pas hésiter à empiéter sur des territoires qui lui sont étrangers. Il y a trois siècles seulement,  ici personne ne contestait que la seule cause de toute maladie, comme de tout accident était la volonté divine. L’évolution bonne ou mauvaise de ce châtiment pour des fautes individuelles ou collectives était entre les mains de la providence (1). On peut parler ici d’une causalité linéaire. Elle a le grand avantage de la simplicité. Une cause entraine un effet. La rencontre entre un bacille de Koch et un organisme humain non immunisé entraine une tuberculose. Bien entendu, les observations médicales ne manquent pas de souligner que les choses sont beaucoup moins simples et automatiques. Sinon, il y a belle lurette qu’une seule épidémie aurait fait disparaitre Homo Sapiens ! Dans le vivant, A+B ne fait pas toujours C. La multiplication frénétique des causes possibles de chaque évènement, les historiens le démontrent, est une course sans fin. Et comment ne pas se moquer gentiment  de la façon dont nos auteurs anciens, sauf exceptions remarquables, ont pu dessiner  comment nos sociétés allaient  se transformer jusqu’à nous.

    Du côté de la biologie, un autre mode de compréhension s’est imposé. L’accroissement considérable des connaissances des sciences et de la médecine ont rendues moins crédibles les croyances des religieux. La persistance de pélerinages  sous tous les climats demeure cependant vivace (2). Dans le monde du vivant, beaucoup de choses, sinon toutes, se passent par cycles. Plus moyen pour un étudiant d’échapper au cycle de Krebs ou au cycle ovarien, tout des acides aminés aux molécules les plus spécialisées de notre machinerie interne semble danser une ronde sans fin. De la flèche élémentaire allant de son arc vers sa cible, nous voici dans un univers bien plus complexe où les mêmes évènements s’enchainent de la même façon, pour, finalement, sembler revenir au point de départ. Une nouvelle cellule prend la place d’une ancienne. Les systémiciens de l’École de Palo Alto des années 1970 ont démontré la richesse de cette causalité circulaire dans le champ encore inexploré  (3) en psychiatrie de la thérapie familiale dite systémique. Ces cycles, l’observation le prouve, ont une tendance naturelle à se mordre la queue comme le fait un cercle. Pour le meilleur comme pour, cela concerne au premier chef les soignants, le pire avec en ligne de mire la mort. La circonférence des différents stades enchaînés parcourue, se retrouve-t-on au point de départ, comme si rien ne s’était passé ? Vision désespérante d’un non changement obligatoire. À moins qu’un pantin magique ne soit chargé de rebattre les cartes de cet univers immuable pour trouver une issue. Il porte un nom : le hasard (4). Devenu au fil du temps le joker scientifique de nos ignorances.

      Pas de panique, un espoir demeure. Celui de passer d’une pensée plane en deux dimensions à une vision en relief à trois dimensions  (5). Le cercle a alors deux options. Soit tourner parfaitement sur lui-même pour devenir une sphère. Soit, en prenant juste un peu de profondeur à chaque tour, avoir une trajectoire hélicoïdale (6). Nous voici parvenus à l’adjectif entouré de guillemets utilisé dans le titre de cette lettre. Essayons d’en dégager l’intérêt.
Quand un cycle est achevé, il ne reste pas qu’une sorte de détritus, de boule close totalement impénétrable. Quelque chose, aussi minime que ce soit, a portant pris naissance, comme les cendres d’un corps carbonisé. Ce reste infime est lui-même le premier élément capable de nourrir une nouvelle rotation qui, à son tour, en alimentera une autre. Jusqu’à ce jour, rien ne vient de rien. Le mouvement du réel n’est finalement  pas bien compliqué pour qui veut  faire un instant abstraction de tous les détails. Que ceux qui me font l’honneur de me lire veuillent m’excuser si mes mots pour l’exprimer manquent de clarté.
Ce que je dis est-il en contradiction avec quelque observation que nous avons pu faire du réel, des connaissances traditionnelles les plus anciennes aux éclairages scientfiques contemporains les plus pointus ? J’ai la faiblesse de ne pas le croire. Mais, allez donc savoir, je suis peut être  le seul !


Notes :


(1) Ambroise Paré (1510-1590), l’un des pères de la chirurgie moderne des champs de bataille,  écrivait : « Je l’ai pansé, Dieu l’a guéri».



(2) Le jour où ce texte est écrit commence en Arabie Séoudite le hadj qui rassemble 2 millions de pélerins du monde entier.    



(3) Et toujours mal compris dans ses applications en médecine générale dont elle devrait être l’élément central autour duquel s’articulent les indispensables spécialités. 



(4) Mot d’origine arabe ( al-zarh), signifiant jeu de dés.  Particulièrement étudié au XIIème siècle à Cordoue par Averroès, philosophe et médecin de confession musulmane, avec sa « science de la Chance».

(5) Les peintres florentains de la Renaissance ont su réaliser cet exploit en inventant la perspective.  

   

(6) La meilleure image est celle d’une hélice d’avion s’enfonçant comme une vrille dans l’air.





Os Court : 
  «  Je sais bien que certains prétendent que le stalinisme a été prévu, mais, alors, pourquoi n’a-t-il pas été évité , le danger de l’histoire, c’est de faire croire, après coup, à une causalité linéaire qui n’existe jamais. »

 Henri Laborit (Éloge de la fuite, 1976)



Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1081  
http://www.exmed.org/archives18/circu1081.html
        20 août 2018

16 août 2018

Pont et fausse route (Exmed)

Pont et fausse route

    Dramatique à souhait, l’effondrement du pont Morandi de Gênes. L’opinion publique s’embrase et crie à la curée. Il nous faut, et tout de suite, des coupables à punir, et à faire payer le plus cher possible ...  ce qui n’a pas de valeur marchande.

    Bien entendu la police et la justice, c’est leur travail, finiront par épingler ceux qui ont livré au public cet ouvrage d’art impressionnant. Cette vision ne prenant en compte que notre façon de jeter la pierre aux accusés, hélas, risque de brider une compréhension moins étroite de ce drame.

   N’y a-t-il pas un dramatique emballement de notre frénésie d’agir, en misant tout sur ce qui permet de faire plus, de faire plus vite, de développer sans savoir où nous allons tout ce que la technoscience sait nous proposer ?
Alors, si les vieux ressorts des appareils religieux d’antan continuent de nous actionner, ne jetons pas la notion de culpabilité sur le dos des lampistes. Osons l’appliquer à chacun de nous qui contribuons à cet emballement matérialiste aveugle. Ce sont bien de nouveaux ponts que nous avons un besoin pressant.

François-Marie Michaut,
CO d’Exmed   17-19 août  2018

12 août 2018

ENCHAINEMENTS (LEM 1080)


                           ENCHAÎNEMENTS                
                             Jacques Grieu




Il ne faut pas confondre : il y a chaine et chêne ;
Catena, quercinus, n’ont pas les mêmes gènes.
Métal et végétal, mais mêmes auréoles :
De la solidité, les deux sont des symboles !

Le chêne d’arpentage ou la chaine truffière
Sont de mauvais mélanges où le latin se perd.
Chaine-vert, chêne d’ancre ou chêne de vélo
Sont vilaines unions qui se moquent des mots. 

À la télévision, plus on offre de chaînes,
Plus la diversité nous apparaît lointaine.
La pléthore des choix ne les rend pas meilleurs :
Zapper est un effort puisqu’on est décideur…

La tristesse et la joie sont en opposition,
Mais les deux sont des chaines, il faut faire attention.
En plomb ou bien en or, elles nous emprisonnent,
Nos natures réelles, elles les conditionnent…

Tout ce qui nous arrive, en bien et en moins bien,
Tous ces évènements qui font nos quotidiens,
Maillons après maillons forment la comédie,
 Dont la chaine est la vie plus ou moins réussie.

L’homme forge ses chaines et n’en est pas conscient ;
Il y passe pourtant la moitié de son temps.
Pendant l’autre moitié, il cherche à s’en délier,
Ou bien il se résigne à devoir les porter.

Savoir qu’on le ressent est déjà un progrès
Qui pourra nous aider à plus de liberté.
La force d’une chaine est dans chaque maillon
Et donc dans le plus faible est la résolution.

La « chaine et le roseau » n’est pas la bonne fable :
La Fontaine, il est vrai, n’en est pas responsable.
Mais si la chaine plie, rarement elle rompt 
Toutes les dissensions lui semblent aquilons…

Sur la vie, la télé a un gros avantage :
On peut changer de chaine, on peut tourner les pages.
On passe aisément d’un univers à l’autre,
Sans devoir réfléchir aux buts qui sont les nôtres…


                        


Os Court : 
 

« Les chaînes de l’humanité torturée sont en papiers de ministères »
 Franz Kafka

 Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1080
 sur le site Exmed.org

        13-16 août 2018

Déchaînés ?
 (Exmed)

Déchaînés ?



   Trêve estivale de nos train-train quotidiens.  C’est la douce loi des vacances. Une bonne occasion de se poser, sans perdre le sourire, sur ce qui nous fait paradoxalement ressembler aux coureurs du Tour de France.

Parole à maître Jacques Grieu, estampillé maison és poésie, pour la LEM 1080 : ENCHAÎNEMENTS. Et pas l’ombre d’un fantôme en vue.


François-Marie Michaut, CO d’Exmed   13-16 août  2018

09 août 2018

Les scandalisés sanitaires (Exmed)

Les scandalisés sanitaires


    Il ne peut pas exister de scandale, dans quelque domaine que ce soit, sans que des personnes ne se considèrent comme scandalisées. La recette des créateurs de scandale est facile : utiliser les ressorts émotifs pour persuader qu’une faute lourde de conséquences a été commise. Les scandaleux, vrais ou supposés, doivent être démasqués et punis comme il se doit pour réparer leurs dégâts. Nous demeurons là dans un mode de pensée purement religieux tournant autour de prétendus péchés, d’autant plus redoutables qu’ils ne sont pas nommés.


  Les erreurs existent, les imprudences sont une réalité, les décisions prises sans vision à long terme font partie de nos caractéristiques d’humains toujours pressés. Comment améliorer nos façons de penser et d’agir quand elles conduisent à des catastrophes, telle est la question essentielle qui jamais n’est posée.

François-Marie Michaut,
CO d’Exmed   10-12 août  2018

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...