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12 avril 2020

L'effet Corona (LEM 1166)


                                  
                               
  Quoi qu’il arrive, la pandémie de Covid 19 aura une fin. Jusqu’à ce jour, aucun agent infectieux, aussi redoutable ait-il pu être, n’est parvenu à occire jusqu’au dernier l’Homo Sapiens. Pour une raison que nous ignorons, ce qui ne veut surtout pas dire qu’elle n’existe pas. Soyons fous. Descendants des rescapés de toutes les endémies, acceptons l’hypothèse optimiste de la poursuite du vivant.

   Laissons de côté un instant le virus Corona 19 pour nous concentrer sur tout ce que sa présence perturbe gravement. Je me permets de le nommer ici l’effet Corona (1). L’idée est souvent exprimée ces derniers temps que rien ne sera plus pour nous comme avant. On comprend qu’elle soit exploitée sans modération par les esprits qui sont persuadés avoir en main, pour leur petit secteur, des solutions parcellaires aux problèmes qui ont conduit à cet énorme effondrement.

   Mais pourquoi vivons-nous ce jamais vu d’une humanité au fonctionnement bloqué pendant des semaines ou des mois par le voyage d’une minuscule chose un sac contenant juste une petite quantité d’ARN, de simples agents chargés d’information (2) ? L’image du grain de sable dans une machine est bien trop faible, ou celui d’un effet domino et son mécanisme de causalité linéaire vraiment simpliste pour avoir une vision d’ensemble.
Nous voici, devant l’ampleur inévitable de ce qui en train de se passer, hors du champ de notre brave vieille méthode cartésienne. Ce n’est pas faire injure au génie si productif jusqu’à ce jour de René Descartes (3) que de dire cela. Depuis le 17eme siècle, nous n’avons pas eu d’autre boussole, d’autre façon de comprendre la réalité pour pouvoir agir de plus en plus sur elle. Et avec la conviction quasi religieuse de pouvoir poursuivre sans limite et sans fin cette course vers ce qui nous semblait le progrès. Voir l’immortalité.

    Nous pouvions, en toute logique de causalité linéaire, nous en sentir très fiers et très forts. En dehors de quelques esprits classés comme marginaux, donc inaudibles du plus grand nombre. Notre culture occidentale a su exploiter à fond ce filon conduisant à toujours faire plus avec ce que nous avons sous la main, au point de parvenir à une domination absolue de ce qui est compris comme une mondialisation. Une sorte de moderne tour de Babel avec comme destination non plus le ciel auquel on ne croit plus, mais la richesse comme fruit d’une inépuisable expansion. Nos grands responsables y mettaient tous leurs espoirs, nos savants tous leurs savoirs.

  Et puis, patatras un maudit virus jusque là tapi dans l’ombre trouve la faille pour se répandre avec notre complicité. Notre Babel ne peut trouver de réponse à cette invasion qu’en arrêtant brutalement de fonctionner.
Nous nous sommes piégés tous seuls avec ce que nous avions mis en place au fil des siècles en pensant toujours faire mieux que ceux d’avant. Trop tard pour les actes de contrition ou des procès en responsabilité sans fin. Une seule urgence demeure. Ne pas répéter - parce que nous ne les avons pas repérées - les mêmes erreurs de compréhension du fonctionnement systémique de tout ce qui nous entoure (4). La seule prise en compte d’une causalité linéaire vient de nous sauter à la figure. Elle nous a conduit, en nous obligeant à morceler notre observation du réel pour être plus « efficaces», plus «savants»   à ne pas prendre les bonnes décisions.

   Le travail est immense de construire enfin un monde qui ne se tue plus lui-même. Nous avons hypertrophié une partie des capacités de notre cerveau, en même temps que nous avons de plus en plus négligé l’utilisation et l’existence même d’une autre partie de notre cerveau humain (5). Pourtant, nous médecins connaissons bien l’existence de nos deux hémisphères cérébraux.

     Tout ce propos peut encore sembler obscur tant nous sommes  sonnés comme des boxeurs par la nouveauté de ce que nous vivons. Mais, nous n’avons pas d’alternative si nous voulons vivre, je fais une totale confiance en la puissance motrice sans précédent de l’effet Corona sur chacun de nous. Toutes les divinités invoquées, dont les scientifiques pour beaucoup, demeurent muettes ou... inaudibles. Notre sort est entre nos seules mains.
                                

 Notes :


 (1) À différencier de « l’effet couronne, ou corona» qui est une décharge partielle d’électrons sur les isolants d’une ligne électrique quand l’atmosphère est fortement inonisée.

 (2) Les milieux scientifiques sont divisés sur la question de savoir si les virus doivent ou non être considérés comme faisant partie du vivant.


(3)  Toutes nos sciences et nos techniques les plus spectaculaires y ont trouvé leur racine.


(4)  Michaut F-M, Causalité linéaire, circulaire ou «hélicoïdale», LEM 1081 du 20 août 2018 Lien

(5) Michaut F-M, Aubiérisons-nous LEM 1053 du 5 février 2018. Lien       

                             François-Marie Michaut
                 
Os court :

« La réalité ne pardonne pas une seule erreur à la théorie. »  
  Léon Trotski

Site Expression Médicale

LEM n° 1166    

13 avril 2020
                              

3 commentaires:

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  2. Bonjour

    Pas toujours simple de vous suivre!
    Néanmoins, la lecture de votre texte m'amène une réflexion.
    Vous écrivez :
    "je fais une totale confiance en la puissance motrice sans précédent de l’effet Corona sur chacun de nous"
    Et si justement, cette crise nous apprenait que le "faire" peut-être délétère?
    En effet, toute notre société est axée sur l'action.
    Nos gouvernants n'ont que cela dans leur discours, il faut agir, réformer etc.
    Et si justement cette crise nous apprenait que "ne pas faire" peut être plus utile que "faire".
    Je ne dis pas que rien faire est la solution à tout. Non je dis juste qu'avant d'agir, il faut réfléchir et peser le "pour et le contre".
    Or c'est ce qu'il me semble ce qui ne se fait quasiment jamais, même si cela parait évident quand on le lit.

    Nos gouvernants ont-ils peser le pour et le contre du confinement?
    Ont-ils peser tout ce que le confinement pourra entraîner de problèmes et de morts peut-être supérieurs comme certains l'évoquent, aux morts évités par le confinement ?
    Mais confiner la population c'est agir contre le virus!

    De la même façon cette hystérie avec la chloroquine promus par le Pr Raoult et soutenu par nombres de personnes apparemment majoritaires dans la société; n'était-elle pas encore "faire" ?
    En effet, aujourd'hui le triomphe de la médecine est considéré dans le faire, la prescription de médicaments.
    Qui a en mémoire le nombre de morts annuels consécutifs à la prise d'un médicaments?
    Qui applique le sacro-saint principe d'Hippocrate : "primum non nocere", "d'abord ne pas nuire" quand l'injonction est à faire ?

    Cette épidémie nous montre que nous sommes impuissant à la diffusion d'un virus.
    Tout notre savoir FAIRE ne l'empêche pas de circuler.
    Par contre notre savoir faire nous permet en réanimation de pouvoir sauver certaines vies qui auraient disparus sans notre capacité technique.
    Mais c'est elle qui nous manque actuellement.
    Pas le fait de confiner.

    Donc, il faut garder à l’esprit que ne pas faire est souvent bien plus performant que de faire et peut-être arriverons nous à nous en souvenir ?
    Personnellement j’en doute quand on voit nos capacités à apprendre de nos erreurs du passé!

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  3. D'abord, merci d'avoir fait l'effort de tenter de suivre mon propos.
    Il me semble que vous avez fort bien compris une chose bien trop ignorée. La façon dont marche notre cerveau.
    Nous avons bien un côté du cerveau qui est celui du qui-fait. Le plus évident, le plus bruyant, celui-là même que le confinement fait taire de façon spectaculaire. Mais, comme vous le soulignez faire quelque chose parce qu'on a la capacité de le faire conduit à des stupidités fort dangereuses.
    L'autre cerveau humain est notre côté qui-sait, celui qui est capable de se brancher sur d'autres énergies que celle du simple faire pour faire. Les spiritualités ( dont les religions ne sont que des systèmes visant à leur exploitation pour diriger les humains) cherchent toutes à comprendre de quoi il peut bien retourner.
    Toute décision se faisant sans tenir compte de notre dualité mentale constitutionnelle ne peut-être que... boiteuse.
    J'ai conscience de ne pas être facile à suivre, faisant référence personnelle à une source qui est demeurée confidentielle.
    Pour les curieux, ma piste est indiquée dans ma note n°5 de la LEM 1166

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