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19 novembre 2017

Devenir de l'intelligence artificielle ( LEM 1042)

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 1042

     20 novembre 2017


                      Devenir de l’intelligence artificielle
                    


                                                    François-Marie Michaut

                              Ce qu’il est convenu de nommer l’intelligence artificielle (I.A.) part à l’assaut de la médecine. La journaliste Nathalie Silbert nous dit que le premier secteur concerné est la radiologie et l’imagerie médicale (1). 
La médiatique télémédecine est aussi dans les cibles des champions de l’I.A.
    Que dit la médecine de l’intelligence ? Faute de réponse du côté des neurosciences et de la génétique, elle envoie la balle à la psychologie. En 1986, la réunion d’une vingtaine d’experts internationaux en psychologie (2) n’est parvenue à aucun consensus. Il y a, bien sûr, le trop et mal connu test psychométrique QI, quotient intellectuel. Inventé par Binet et Simon en 1905, juste pour évaluer l’âge mental des enfants (3). En gros un simple chiffrage statistique de performances intellectuelles à un âge donné, rien de plus. 


    Pour aller plus loin, le plus fructueux me semble être d’essayer de comprendre ce qu’est vraiment cette intelligence artificielle. Faut-il en attendre des merveilles, faut-il en redouter les retombées néfastes ?
 Un guide compétent s’impose. Ayant eu l’occasion, grâce à internet, de croiser sa route, comme j’en ai parlé à de nombreuses reprises sur ce site, il me semble l’avoir trouvé. Rien moins qu'un des meilleurs spécialistes mondiaux de la vision artificielle il y a quelques années, donc des robots les plus perfectionnés actuellement concevables. L’ingénieur et physicien Philippe Guillemant a travaillé de longues années sur des projets industriels dans de multiples domaines, dont la santé. Il peut donc parler aux médecins de ce qu’il a vécu et découvert.

  

   Notre instructeur, déjà mentionné dans la LEM 983 il y a un an (4) est le chapitre 2 de son ouvrage Physique de la conscience, présenté sur ce site (5). « Idées fausses sur l’intelligence artificielle », on est au coeur du sujet (6). En seulement 15 pages !
D’abord éliminer ce que ne sont pas les robots intelligents. Ceux qui, sur le modèle des robots chirurgicaux ou des véhicules sans chauffeur, utilisent uniquement des informations introduites par un expert : automatisation de sa science. Il s’agit donc de créer des systèmes capables d’apprendre par eux-mêmes. Guillemant nous dit l’avoir réalisé au moyen de neurones mathématiques ou de fractales. La perspective de robots plus performants mentalement - j’insiste sur cet aspect limité- que des humains n’est  qu’une question de temps. De quoi être à la fois fascinés par la prouesse et effrayés par ce jeu « pour de vrai » d’apprenti sorcier. 
   

   A ceci près qui n’est pas un détail. L’activité mentale aussi sommaire ou sophistiquée soit-elle, n’est pas l’intelligence. Écoutons Guillemant. « On peut cependant prédire sans risque l’avénement des robots plus intelligents que l’homme, et mon sentiment à ce sujet est qu’il y aura de quoi être horrifié. Il s’agira cependant d’un mal pour un bien puisqu’en fabriquant des systèmes hyperintelligents nous allons comprendre que la vraie intelligence de l’homme n’est pas dans son cerveau.»
 Tel est pourtant un des dogmes fondateurs, et jamais mis en question, de nos prestigieuses neurosciences. Notre système nerveux bien entouré de ses protections osseuses ne nous a jamais apporté la preuve scientifique qu’il fabriquait notre conscience, pas plus que nos pensées, nos souvenirs, nos émotions. Le modèle théorique d’un espace temps à quatre dimensions ( trois dans l’espace et une dans le temps ), aussi fertile et spectaculaire a-t-il pu être dans les sciences et leurs applications jusqu’à maintenant, montre là sa limite.  Comme toutes les limites, une fois repérée comme telle, nous ne pouvons que chercher à la dépasser. Vaste chantier pour notre époque.
  Voici l’ultime phrase du texte de Guillemant : « L’élément le plus important à retenir en ce qui concerne la différence entre un humain et un robot est que l’humain est relié à un champ d’informations qui contient infiniment plus d’informations que celles de la réalité sensible, grâce à sa conscience dotée de mémoire quanto-gravitationnelle ». Oui, une mémoire liée aux «vibrations ou fluctuations de l’espace à l’échelle quantique» (7).
   Les sciences du vivant, médecine comprise, n’ont pas encore pris la mesure de notre ignorance de cet aspect de la réalité découverte par les physiciens.

   Comment imaginer que des robots que nous créons en utilisant notre vision de la réalité encore si limitée puissent aller naviguer par miracle dans des domaines ignorés de leurs concepteurs ?
 Leur prêter la capacité d’entrer en connexion avec des informations en provenance de ces machins dont nous ignorons tout, sauf leur existence, c’est en faire des êtres vivants qu’ils ne sont pas. 
   Le transhumanisme (8), qui  tente depuis des années de s’imposer sur toute la planète, est en 2017  définitivement à côté de la plaque.

(Photo Jipé)

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Notes :



(1) Nathalie Silbert https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/030810579263-lintelligence-artificielle-aux-portes-de-limagerie-medicale-2129217.php 


(2) Steinberg, Robert J., and Douglas K. Detherman, eds. What is intelligence ? « Contempory Wiewpoints on its nature and definition». Praedger Pub Text 1986


(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence


(4) Michaut F.M. , Ça décoiffe, ça décape, LEM 968 http://www.exmed.org/archives16/circu968.html


(5) Michaut F.M., Intelligence artificielle , LEM 983 octobre 2016 http://www.exmed.org/archives16/circu983.html


(6) Guillemant Ph, «Idées fausses sur l’intelligence artificielle» 229,236, La physique de la conscience, Trédaniel, 2016



(7) id. p.318.



(8) Michaut F.M., Transhumanisme, LEM 958, avril 2016


Os Court :

«   Une année de travail sur l’intelligence artificielle est suffisante pour vous faire croire en Dieu. » 


Alan Jay Perlis (scientifique informaticien américain 1922-1990)

3 commentaires:

  1. Vous écrivez :

    "Les sciences du vivant, médecine comprise, n’ont pas encore pris la mesure de notre ignorance de cet aspect de la réalité découverte par les physiciens."

    J'aurais été moins restrictif : c'est notre ignorance, tout court, dont nous n'avons pas pris la mesure.

    Quand je vois que des académiciens crient au scandale parce que l'un d'entre eux exprime un questionnement là où ces derniers détiennent la vérité. Je me dis qu'il n'y a pas de prise en compte de notre ignorance.
    Qui plus est quand certain nous démontre que notre cerveau nous trompe ( Système 1 Système 2 de Daniel KAHNEMAN, prix Nobel lui aussi), tant d'arrogance me "déprime".

    Non prise en compte de notre ignorance et son corollaire manque d'humilité; il y a du chemin à parcourir !

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  2. Étudiant, il y a si longtemps, il me semblait qu'il était du devoir de chaque médecin d'avoir réponse à tout et tout de suite. Ceux que je rencontrais dans les hôpitaux ne présentaient pas le moindre signe d'humilité.
    Oui nous avons appris plein de trucs ( souvent inutiles ou rapidement caducs ) sauf les deux moteurs essentiels dont vous parlez.
    Au fronton de chaque fac ( et toutes autres académies ) en lettres d'or :
    IGNORANCE et HUMILITÉ.
    Le chemin à parcourir, cher MG, c'est à chacun de nous de le faire en refusant de suivre ceux qui disent tout savoir mieux que les autres. Le Net peut en être un vecteur puissant pour qui veut bien.
    Je garde toujours en tête l'histoire de la chute du mur de Berlin que personne n'avait pu prédire.

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  3. Bien la photo d'illustration ! Celle de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf.

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