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03 juin 2016

Juste une bonne raison de devenir généraliste

Juste une bonne raison de devenir généraliste


    Ah, ça, on aime compter chez nous. L’Ordre, ennemi patenté du désordre, annonce au premier janvier 2016 un chiffre de 88 886 médecins généralistes en activité. Dont un bon paquet de retraités. Dix ans auparavant, nous fûmes 97 012. Et on adore aussi se lamenter dans les gazettes sur le fléau des déserts médicaux. Les sucettes proposées pour convaincre les jeunes diplômés de s’installer en libéral sont un échec patent. Ça fait rien, on continue.
   Il est plus que temps que les neurones des états-major du microcosme qui a des responsabilités dans les soins de santé se mettent à tourner dans le bon sens. Pour décider de s’installer dans son cabinet personnel, aux siècles derniers comme au notre, il faut un détonateur assez puissant. Plongeon à haut risque .

    Alors, messieurs dames qui êtes censés tenir la barre du rafiot, vous ne pouvez pas vous retrancher derrière des «solutions» mercantiles à coups de promesse de financements ou d’avantages matériels.
 C’est au corps social tout entier, et non à ses élites manipulatrices, à ses nantis institutionnels, de faire savoir pourquoi il tient tellement à ses généralistes et ce qu’il attend d’eux. Oui, cette source d’énergie venant des autres, et uniquement de là, porte le nom démodé de reconnaissance. Sans  elle, la plus rigoureuse discipline médicale qui puisse exister est inexorablement à rayer du paysage de la France.


F-M Michaut , CO d'Exmed 3-5 juin 2016

01 juin 2016

Mortel de zéro à 100% CO 1-2 juin 2015

 Mortel de zéro à 100%
La très sérieuse revue internationale Neurology du 17 mai 2016 publie un article de Darin Zahuranec de l’université du Michigan.  Lien http://www.neurology.org/search?fulltext=Zahuranec . Il s’agit du pronostic de patients ayant subi un accident vasculaire cérébral hémorragique.  Chacun des 752 médecins américains devait établir le pronostic   vital de quatre malades,  pour des cas de gravité variable chez des sujets entre 56 et 83 ans. Le taux de mortalité a varié de zéro à 100%.
Prévoir l’avenir se révèle donc un exercice de haute voltige, même pour des praticiens d’expérience incontestable.
Empiler toutes les informations que comporte un diagnostic précis est une chose. En tirer une probabilité, même approximative, qu’il va se passer telle ou telle chose dans la réalité semble un exercice impossible.
Pour ceux qui s’en étonneraient, je rappellerais ici les travaux effectués par le physicien Philippe Guillemant sur les trajectoires des boules de billard. Système en apparence on ne peut plus simple dans le déterminisme mécanique. Au delà de trois boules de billard en interaction entre elles, il est très rapidement impossible de calculer les trajectoires tant la quantité d’informations nécessaires devient importante.

Référence :  GUILLEMANT, Philippe, La physique de la conscience, Trédaniel, 2015, p.65-72, L’enseignement du billard. Article princeps du même auteur : « Characterising the transition from classical to quantum as an irreversible loss of physical information », Arxiv 1311:5349, Quantum Physics, 2013.

Une mise à jour de nos façons de concevoir la réalité médicale n’est pas une fantaisie pour rêveurs désoeuvrés. Il n’y a plus qu’à...
F-M Michaut

29 mai 2016

PASSAGE À MI-VEAU LEM 965

Lettre d'Expression médicale
LEM n° 965 sur Exmed
30 mai 2016

                             PASSAGE À MI-VEAU
                     
                           Jacques Grieu





Les Français sont des veaux, a dit Charles de Gaulle :
Il n’avait pas compris la grandeur du foutbaul !
La remarque est acide et vaut ce qu’est le veau,
Mais tuer le veau gras est bien notre gros lot…
La blanquette de veau et nos petits conforts,
Sont plus chers à nos cœurs que du pays le sort.
Les moutons, pour autant, sont-ils plus convaincants ?
La France moutonnière n’avance qu’en bêlant.

Un autre des héros dont la France a pléthore,
Eut la tête de veau comme témoin d’essor.
N’achetons pas la corde avant d’avoir le veau :
Les sondages et la presse, on sait ce que ça vaut…
D’un beau veau, on espère obtenir un beau bœuf
Mais d’une maigre poule on n’espère qu’un œuf.
On peut facilement apprécier le caviar,
Et la tête de veau garder pour étendard.

De nos bonnes recettes, le veau est un ténor :
Escalope et sauté font partie du folklore !
Si c’est le cuir de veau qu’on appelle vélin,
Alors, Vaux-en-Velin a un curieux destin…
Quant aux belles promesses, elles vont à vau-l’eau ;
Autant meurent les veaux que les vaches au préau !
Pour bien dormir en paix, n’ayez vaches ni veaux,
Être propriétaire est le pire fléau.

Le veau d’or est debout du matin jusqu’au soir
Qui avec le veau-d’où n’eut jamais rien à voir.
Veaux de mer : est-ce ainsi qu’on perçoit nos marins ?
Ne nous laissons donc pas avachir par certains.
La dette est notre corde usant le cou du veau
Qui vache ne sera qu’en serrant son écot.
        Le veau d’or fait manger de la vache enragée :
Pleurons nos ris de veau si gais à digérer !

                            Jacques Grieu


   
 

 Os Court :
 « Le lion et le veau devraient se coucher côte à côte mais le veau ne dormirait pas beaucoup. »

        Woody Allen

        


Vaut le détour CO Exmed 30-31 mai 2016

30-31 mai 2016


Vaut le détour LEM 965


Consommer de la viande de veau n’a rien à voir avec la fête chrétienne de la Pentecôte. Ce bien curieux jour où le Saint-Esprit ( personnage le plus mystérieux de la trinité divine) serait descendu sur la tête des disciples de Jésus. Juste une idée de commerçant.


Jacques Grieu le tient dans sa ligne de mire, et pas qu’à moitié, ce mammifère des prés réputé larmoyant. Voici, pour notre plaisir, PASSAGE À MI-VEAU. Bonne dégustation à www.exmed.org/archives16/circu965.html .

F-M Michaut

27 mai 2016

Verdun 2016
 CO exmed 27-29 mai 2016


Verdun 2016


En brandissant le slogan - ô combien difficile à faire entrer dans les comportements - du devoir de mémoire, nous célébrons le centenaire de la bataille de Verdun. Belles initiatives pour les télévisions, débordant d’étalage de grands principes et de bons sentiments. Ne pas oublier, mémoire oblige, la chanson si lucide du Guy Béart. L’affrontement en cours sous le prétexte d’une loi censée moderniser les règles du travail édifiées au siècle dernier, n’est pas sans rappeler, dans ses façons de penser et d’agir, la grande boucherie verdunoise. Où est la réalité du travail des hommes en 2016 ? Est-elle - matériellement parlant - compatible avec la généreuse idéologie qui s’est développée depuis 1936, dynamisée en 1945, avec les saints acquis sociaux ? La guerre n’est plus celle des canons, c’est celle des consciences et des intelligences pour parler sans détour.


F-M Michaut CO d'Exmed 27-29 mai 2016

25 mai 2016


En France, on n’a pas de pétrole CO d'Exmed 25-26 mai

25-26 mai 2015


En France, on n’a pas de pétrole


Mais on a des idées affirmait sans rougir Giscard d’Estaing, président de la République, en réponse à la crise pétrolière de 1974. L’actualité, volontiers radoteuse, nous ramène à la pénurie d’hydrocarbures en France. Il est alors légitime de se demander où sont les idées.

Quelques petits pour cent de salariés, au nom d’une opinion infiniment plus importante refusant une loi réformant le travail, a décidé de bloquer ce qui fait fonctionner le pays. C’est leur droit, dans les limites du respect de la loi.

    Mais, un blocage qui n’est justifié par aucune proposition réaliste au problème du chômage endémique a toutes les chances de se faire traiter de déblocage. 
Le primum nocere comme force motrice, de quoi laisser dubitatifs ceux qui ont comme ligne de conduite professionnelle le primum non nocere.

F-M Michaut

22 mai 2016

Placebo, faille béante
 LEM 964

Lettre d'Expression médicale
LEM n° 964

23 mai 2016

                             Placebo, faille béante
                     

                                           Docteur François-Marie Michaut
  

  
    On en parle souvent de cet effet placebo. Sans toujours savoir de quoi il s’agit. Le mot placebo est emprunté au latin. Il veut dire : je plairai. Voilà qui flaire un univers de séduction, pour ne pas parler de manipulation. Les premiers usages connus dans le traitement des maladies semblent dater de 1935 (1). Un certain Elsha Perkins, médecin américain, bénéficie d’une certaine notoriété, et pas mal de moqueries, avec ses « tracteurs de Perkins». Baguettes d’un alliage  métallique breveté présentées comme thérapeutiques quand on les promène sur la peau. Comment ne pas penser au baquet magnétique de Messmer ? Nous voici donc dans un univers qui, dans notre optique médicale classique, manque de clarté et de rigueur. En un mot, les frontières du rationnel sont franchies. Les tenants du cartésianisme à tout crin marquent le stop.

    Pour compliquer encore un peu les choses, l’usage est fort répandu en milieu hospitalier de nommer les faux médicaments pour une affection donnée comme des placebos. Par exemple un comprimé d’antidouleur pour induire le sommeil. Quelle que soit l’efficacité de la prescription et le bénéfice (fréquent) qu’en tirent les patients, il s’agit alors d’une tromperie de la part du soignant. Suggestion, abus de confiance, façon de se débarrasser discrètement de malades supposés «imaginaires» ? Quant à l’illusion de transparence que donnerait le fait d’avertir le sujet qu’on lui délivre un placebo, elle est franchement humiliante pour le « soigné » .

L’effet placebo est une notion des plus sérieuses de la pharmacologie moderne. Des substances dénuées d’effet thérapeutique connu dans des symptômes diagnostiqués avec rigueur se montrent, dans un certain nombre de cas, aussi efficaces que les remèdes reconnus pharmacologiquement actifs. Il en est de même de l’utilisation de toutes les techniques médicales et chirurgicale. On a longtemps pratiqué la  ligature des artères mammaires internes pour soigner les coronarites.
De telles observations, purement cliniques, sont bien loin d’être marginales. Dans des affections liées à des atteintes d’organe ou de système ( hypertensions artérielle, angine de poitrine, diabète, cancers ) comme dans des troubles plus subjectifs ( douleurs, anxiété, gènes fonctionnelles, dépression...) l’effet placebo existe. Il est même si important que bien des molécules actives ont le plus grand mal, dans les expérimentations, à prouver que leur effet est supérieur au produit neutre. D’où la règle, bien connue des médecins, des expérimentations en double aveugle : ni le malade ni le médecin ne savent ce qu’ils prennent ou ce qu’ils prescrivent. Pour mémoire, la méthode du simple aveugle indique que soit le patient, soit le médecin n’est pas informé qu’il s’agit ou non d’un placebo.

    Il est facile de comprendre combien l’effet placebo, par son existence même, contrarie les intérêts dominateurs de la puissante et mondiale industrie pharmaceutique, et chimique  toute entière. Comme ce sont ces énormes puissances financières qui ont la main mise de fait sur la recherche médicale, et à travers elle, sur la presse scientifique, l’effet placebo demeure un sujet peu et mal étudié.

Sans vouloir désobliger quiconque, l’indigence des mécanismes, genre suggestion ou conditionnement, expliquant comment et pourquoi ce phénomène contraire aux lois fondant notre connaissance brave nos capacités de compréhension. Le constat doit être fait sans complaisance : avec les outils intellectuels dont nous disposons, en 2016, nous ne comprenons strictement rien à l’effet placebo. Le placebo est un effet bien observé, nous ne savons rien de sa cause. Là se situe cette faille béante annoncée en titre. De quelle nature est l’énergie qui actionne ce processus, d’où vient-elle, les facteurs qui l’augmentent, la diminue ou la transforme en son contraire : l’effet nocebo. Un simple exemple : l’effet blouse blanche. La pression artérielle augmente régulièrement quand elle est mesurée par le médecin par rapport à son niveau dans les auto mesures devenues d’usage courant.



   Pouvons-nous nous arrêter sur ce qui, pour le dire sans prendre de gants, ressemble à un constat d’échec cuisant de la pensée médicale ? 
Bien entendu, non.
La médecine n’a progressé, au fil des temps, que parce qu’elle s’est heurtée à des murs qui semblaient infranchissables. Des générations entières se sont consacrées à les franchir.
Je ne peux pas envisager une seconde que nous soyons devenus moins curieux et audacieux qu’eux.

  

Cette lettre, écrite par quelqu’un que les années ont dépouillé de toute ambition professionnelle, n’est qu’un message d’appel. Appel à ceux que la question intéresserait, à ceux qui auraient, ou ont déjà, des clefs pour que cette béance se transforme en voie royale afin que naisse une pensée médicale enfin délivrée de l’esclavage de fait de l’industrie chimique et de ses acolytes. Si vous le voulez bien, cela dépend de votre seul choix, nous  pouvons avoir l’occasion d’en reparler ici. Le fait de n’avoir aucun lien de dépendance par rapport à un pouvoir quelconque rend cela possible.



                  



   Notes de l'auteur :                             
(1) Wiki , article Placebo

(2) J.L. Vanherweghem,  De l’usage du placebo dans l’art de guérir

 

 Os Court :
 « Cause et effet sont des termes relatifs. »

      

Condillac ( Étienne Bonnot de, 1714-1780)

            



CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...