Rechercher dans ce blog

01 novembre 2020

Semence (LEM 1195)

                                                 
Pour les fêtes, à Noël, j’aime aller en Bretagne.
Malgré vents et crachins, ça vaut bien une Espagne.
Neurones  stimulés faisant tout revenir,
Respirer l’air breton m’est mine à souvenirs.
De plus en plus anciens quand je deviens plus vieux,
En vacances, ils m’assaillent, aussitôt clos mes yeux.

*****
Dans les rangs de l’école où régnait la terreur,
Officiait Cœur-de-pierre, un «distilleur» de peur.
Bien armé de sa règle, il châtiait les dormeurs,
Les cancres et les distraits, les rêveurs, les farceurs.
Son vrai nom, «Kerdampierre», en tous points de la classe,
Evoquait cent leçons qu’il fallait qu’on potasse.

Les baignoires fuyantes ou bien se remplissant,
Les trains qui se croisaient ou bien se dépassant,
Sous les caprices odieux de robinets vicieux,
Ou de vieux chefs de gare à l’esprit malicieux,
Nous causaient des soucis comme à Polytechnique,
Qui me firent haïr toute l’arithmétique.

L’histoire et la géo étaient ses grands dadas,
Dont les noms compliqués nous causaient cent tracas.
Quant aux départements ridiculement nombreux,
Dont il fallait savoir les plus petits chefs-lieux,
C’étaient ses favoris pour tirer nos oreilles,
Si Nantes était dans l’Oise, ou Var : chef-lieu-Marseille.

En Roumanie Sofia ? En Hongrie Bucarest ?
Ou n’est-ce pas l’inverse : et serait Budapest ?
 «Tokyo n’est pas en Chine, Oslo n’est pas suédois !
Pour vous en souvenir, le copierez  cent fois …»
Mes notes trop salées, mes zéros et mes pleurs,
Etaient pures brimades à me mettre en fureur.

Mais le moment terrible, était au tableau noir
Où planté sur l’estrade, on cherchait sans espoir,
Au fond de nos mémoires un rudiment basique,
Qui aurait dû surgir mais restait amnésique.
Alors on me vengeait en lui jetant des flèches,
Fabriquées en papier par mes copains de mèche.

Plumes sergent-majors, crispées sur nos cahiers,
On transpirait d’angoisse, appliqués et inquiets.
Pour nous, les hectolitres ou les mètres carrés,
Les hectares ou centiares, étaient des coups fourrés.
Des mots de tolérance, empathie, liberté,
Des inégalités, de la laïcité, on entendait parler jusqu’à satiété.

Quant aux rois, empereurs, aux dates de l’histoire,
Ce n’étaient que tortures et pièges vexatoires.
Les Troyens m’agaçaient ; et pourtant, j’aimais Sparte,
Je détestais Colbert, j’adorais Bonaparte.
J’abhorrais les anglais, j’aimais Duguay-Trouin,
Je haïssais Nelson ; pas les corsaires malouins !

Tels les Grecs, les Romains, les Huns, les Wisigoths
Ces peuples sanguinaires avaient tous leurs despotes.
Je rêvais de Jeanne d’Arc, et pleurais sur Saint Louis,
 Mais la série des Louis ne m’avait pas séduit …
 Il voulait que l’on soit «de bons républicains»
Des «Français accueillants, des Français citoyens».

Comment peut-on ainsi exercer sans remord,
Un métier qui consiste à faire subir cent morts
A de gentils enfants qui font tous leurs efforts,
Pour devenir toujours plus savants et plus forts ?
Il faut aimer punir, avoir un mauvais fond,
Détester les élèves, haïr tout ce qu’ils font !

Dans cette école infâme où l’enfant que je fus,
A appris ce qu’il sait sans l’avoir jamais su,
J’ai ri tout en pleurant et j’ai pleuré en riant,
En souhaitant l’enfer à son affreux tyran,
Malgré mes chers parents, insensibles à mes plaintes,
Complices sûrement de toutes ces contraintes.

*******
Bien des années plus tard, profitant de vacances,
Avec femme et enfants dans l’ouest de la France,
Je me suis souvenu du fâcheux Cœur-de-pierre
En passant (est-ce hasard ?) vers sa maison côtière.
Il bêchait son jardin quand il me vît venir ;
«Eh bien, tu as grandi !», me dit-il sans sourire.

« As-tu au moins choisi un métier qui te plaît ?
- Oh, oui : à dix huit ans, j’ai décidé d’un trait.
C’est une vocation qui soudain m’est venue,
Sans bien savoir pourquoi elle tombait des nues.
C’est vrai : ces efforts-là me sont un vrai bonheur ;
Et j’en jouis chaque jour : je suis … instituteur.»

                                              Jacques Grieu

 
Os court :

«  Les sciences peuvent seules enseigner la non-crédulité sans enseigner le scepticisme, ce suicide de la raison. »  

Paul Bert ( médecin, physiologiste de la plongée sous-marine, 1833-1866)
 



 Lettre d'Expression médicale
 
LEM n° 1195     2 novembre 2020

 
 

30 octobre 2020

T’es qui, toi, dis donc ? (Exmed)

   
Retour au chacun chez soi, notre virus oblige. Comme si, hypothèse audacieuse, il était collectivement doué de conscience et d’une fonction. Nous contraindre à nous laisser le temps de nous regarder nous-mêmes sans autre jugement  sur nous-mêmes que le notre. 
Qu’en ressortira-t-il au bout du compte ? Ni plus ni moins que ce que nous aurons chacun eu le temps de penser.

François-Marie Michaut
29 octobre - 1er novembre 2020

27 octobre 2020

«Salut à toi, dame Bêtise»
 (Exmed)

 
L'épidémie de Covid 19 aura été une effroyable parenthèse dans l'intelligence .
Un trou noir épistémologique.

Le monde a été terrassé par un virus qui épargne plus de 99,9% des humains
La faillite frauduleuse des modèles mathématiques y voit une de ses pires illustrations.
La foi du charbonnier dans la médecine de masse et les solutions moyenâgeuses en échec depuis 1000 ans....

Pas de tests quand il en fallait, pas de traçages crédibles, pas d'isolements CIBLÉS,  pas de protections INDIVIDUELLES crédibles.

Une communication anxiogène, qui a transformé des millions de citoyens en névrosés thanatophobes.

Une réanimation spectacle
Des applaudissements de 20 heures...

Des polémiques stériles
Des publications mensongères
Des prises de positions thérapeutiques liées à des connivences révoltantes

Une ingérence gouvernementale inadmissible dans les  traitements.

Y a t il une bêtise qui n'ait pas été faite ?

Jean-François Huet
, médecin anesthésiste-réanimateur
28-29 octobre 2020

Note de la rédaction : le titre de cet article a été emprunté à la chanson de Jacques Brel.

25 octobre 2020

Homo (non) sapiens (LEM 1194)

                                                
  Aveu liminaire. La procédure utilisée ici pour aborder un sujet consiste à en déterminer auparavant... le titre (1) Pour écrire cette LEM, j’avais d’abord songé à lui donner le titre d’Homo Ignorans. Vérification faite, cette dénomination a déjà été employée dans un sens différent (2). 
   C’est le bon docteur suédois Carl von Linné ( 1707-1778), un des pères de la systématique (3) qui, de sa Suède, inventa Homo sapiens pour désigner notre espèce. L’adjectif latin veut dire : «intelligent, sage, raisonnable, prudent».  Sans vouloir être trop sévère, le programme de la dénomination scientifique semble bien loin d’être réalisé par notre civilisation mondialisée actuelle. Quatre objectifs grandioses : l’intelligence, la sagesse, la raison, la prudence. Notre «sapience» est gravement en panne, le tohu-bohu dans les esprits déclenché par l’irruption du Covid 19 avec toutes ses conséquences en fait foi. Désolé, attentif lecteur, mais, à l’usage, Homo n’est pas du tout, ou pas encore, sapiens. D’où la parenthèse négative que je me suis permis d’insérer avec malice dans le nom ambitieux de notre espèce de primates.

   Et pourtant, impossible de le nier, que de connaissances avons nous réussi à accumuler et à thésauriser (4) au fil des âges et des cultures ! Nous savons beaucoup de choses dont les exploits techniques éclatants qu’ils autorisent sont aussi admirables que les impasses où elles nous conduisent sont terrifiantes.

   Alors, qu’est-ce qui peut bien faire que nos façons de vivre ne soient qu’en accord très imparfait avec cette «sapiensitude» que nous attribue généreusement la zoologie ? Une partie de nous-même se serait hypertrophiée aux dépens d’une autre que nous aurions laissé  dépérir par manque d’exercice ? L’hypothèse n’est pas invraisemblable pour un médecin qui sait qu’étant embryons, avant que les poumons soient formés nous disposions de branchies et qu’une indispensable glande endocrine, le thymus, s’est atrophiée  à la fin de l’enfance. La neurologie sait que notre cerveau est un organe unique. Elle a repéré également qu’il est constitué de deux hémisphères dont le fonctionnement est si différent qu’il est habituel de parler de cerveau droit et de cerveau gauche.
Comment se fait-il que nous ayons à ce point favorisé la rationalité purement matérialiste commandée par notre hémisphère gauche au détriment du fonctionnement de l’hémisphère droit demeurant dans le plus grand flou ? Les sciences ont choisi leur champ d’action qui s’est révélé incroyablement fertile grâce aux techniques. Au point de laisser entendre qu’en dehors de leurs méthodes, il ne pouvait exister aucune connaissance digne de ce nom. Les sciences étaient devenues LA Science, et la Science a endossé progressivement l’habit suprême de LA Connaissance.

  Il est alors aisé de comprendre que la cité scientifique ne veuille pas,sa méthodologie le lui interdit,  aller à la recherche de ce à côté de quoi elle passe. Mais nous, les gens ordinaires, nous sentons bien depuis quelques années qu’il est de plus en plus difficile d’accepter que la connaissance scientifique, avec ses multiples facettes et innombrables données désormais numérisées, est l’alpha et l’oméga de nos performances mentales. Indépassable savoir, l’aventure du SRAS-Cov2 et la conscience écologique en expansion, tordent le cou à cette croyance que nous avions depuis la révolution industrielle d’un progrès libérateur matériel infini, le Progrès.
  Tentons de chausser nos lunettes systémiques.  Pour ne pas périr de désespoir devant ce qui ressemble de plus en plus à un échec. Chaque discipline scientifique, technique, artistique ou spirituelle , peut être grossièrement comparée à une tranche précieuse de connaissance aux frontières plus ou moins poreuses à ce qu’il y a autour. Notre cerveau de sapiens est-il capable de déterminer si oui ou non existe un système de connaissance plus large,  capable de respecter en les englobant toutes nos sciences, tous nos arts et toutes nos croyances, des plus anciennes aux plus actuelles ? Dit autrement : un système unique capable d’englober en les faisant travailler en harmonie tous les systèmes que nous pouvons connaitre est-il ou non une potentialité du cerveau humain à développer ?
Rien, à mon sens, ne permet à Homo sapiens , aussi inachevé soit-il encore - nous ne le constatons que trop - de répondre par la négative.

  Pour demeurer volontairement, car il n’est pas le seul à avoir osé travailler la question (5), dans le domaine des sciences, en 1955 déjà le danois Niels Bohr, un des pères de la physique quantique, écrivait :  " Le problème de l'unité de la connaissance est intimement lié à notre quête d'une compréhension universelle, destinée à élever la culture humaine."
                        
                               François-Marie Michaut
 

   Notes :

(1) Méthode interdite par les professeurs chargés de m’apprendre la langue française.

(2) « Homo Ignorans Deliberately Choosing Not to Know» , Ralph  Hertwig, Christopher Engel, Perspect PPsychol. Sci. 2016 May.   Ces personnes qui font le choix de ne pas savoir de quoi ils sont malades.



(3) Discipline scientifique permettant, avec la taxonomie,  de classer dans un ordre logique tous les organismes animaux et végétaux. Ne pas confondre avec la systémique souvent évoquée sur ce site.

(4)Amasser de l’argent sans le dépenser, selon Larousse.

(5) Une piste beaucoup plus large à ne pas négliger : F.Michaut, Aubiérisons-nous, LEM 1053, 5 février 2018 

 
Os court :


«  L’humanité a de multiples naissances, avant sapiens, avec sapiens, après sapiens, et peut-être promet une nouvelle naissance après nous.»  
               Edgar Morin, sociologue (1973)

 

Lettre d'Expression médicale
 
LEM n° 1194   26 octobre 2020

Conscience de nos limites (Exmed)

   
  Dans quelque domaine que ce soit, depuis le vieux Socrate, l’exercice est particulièrement délicat. Oser aller voir, ou choisir de ne pas s’y confronter ? À chacun sa réponse,  le déroulement de notre vie personnelle en témoigne plus que les discours.

   

La poussée des évènements, en grande partie liés aux conséquences non maitrisées de nos activités, devient pressante et ... opressante.
Voici donc à votre disposition la LEM 1194 Homo (non) sapiens.

François-Marie Michaut
26-27 octobre 2020

23 octobre 2020

Contagion n'est pas virulence (Exmed)

   Les soignants le  savent depuis des siècles, la facilité de transmission d’une maladie d’une personne à l’autre est totalement indépendante de l’intensité du pouvoir pathogène d’un microrganisme pour un individu donné. Faute d’avoir clairement en tête cette différence de nature entre le collectif et l’individuel, les chiffres censés rendre compte de la réalité et de l’évolution du Covid 19 sont incompréhensibles par la population, ses informateurs autoproclamés ou professionnels et, plus grave encore, par ses décideurs politiques. 

   Un climat anxiogène pas vraiment bon pour notre santé psychique et la crédibilité de nos élites. 

François-Marie Michaut
23-25 octobre 2020

20 octobre 2020

Les corbeaux virtuels (Exmed)


    Diffuser sur Internet - sans limite autre que la langue - des propos diffamatoires, sans dire qui on est, est proposé à chaque lecteur de réseau social. Il suffit de cliquer sur la mention «anonyme».
Faut-il continuer à conserver pieusement cet encouragement de fait à l’irresponsabilité éditoriale de chaque être humain, sous le prétexte de respecter la liberté d’expression ?
Achèteriez-vous un livre, liriez-vous un article médical, dépourvus de nom d’auteur ? Moi non plus.

      Tout internaute sait-il que partager un message non conforme à la loi fait automatiquement de qui s’y livre un complice de son lanceur ? Contagiosité numérique de la maladie des corbeaux.

 François-Marie Michaut
21-22 octobre 2020

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...