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25 octobre 2020

Homo (non) sapiens (LEM 1194)

                                                
  Aveu liminaire. La procédure utilisée ici pour aborder un sujet consiste à en déterminer auparavant... le titre (1) Pour écrire cette LEM, j’avais d’abord songé à lui donner le titre d’Homo Ignorans. Vérification faite, cette dénomination a déjà été employée dans un sens différent (2). 
   C’est le bon docteur suédois Carl von Linné ( 1707-1778), un des pères de la systématique (3) qui, de sa Suède, inventa Homo sapiens pour désigner notre espèce. L’adjectif latin veut dire : «intelligent, sage, raisonnable, prudent».  Sans vouloir être trop sévère, le programme de la dénomination scientifique semble bien loin d’être réalisé par notre civilisation mondialisée actuelle. Quatre objectifs grandioses : l’intelligence, la sagesse, la raison, la prudence. Notre «sapience» est gravement en panne, le tohu-bohu dans les esprits déclenché par l’irruption du Covid 19 avec toutes ses conséquences en fait foi. Désolé, attentif lecteur, mais, à l’usage, Homo n’est pas du tout, ou pas encore, sapiens. D’où la parenthèse négative que je me suis permis d’insérer avec malice dans le nom ambitieux de notre espèce de primates.

   Et pourtant, impossible de le nier, que de connaissances avons nous réussi à accumuler et à thésauriser (4) au fil des âges et des cultures ! Nous savons beaucoup de choses dont les exploits techniques éclatants qu’ils autorisent sont aussi admirables que les impasses où elles nous conduisent sont terrifiantes.

   Alors, qu’est-ce qui peut bien faire que nos façons de vivre ne soient qu’en accord très imparfait avec cette «sapiensitude» que nous attribue généreusement la zoologie ? Une partie de nous-même se serait hypertrophiée aux dépens d’une autre que nous aurions laissé  dépérir par manque d’exercice ? L’hypothèse n’est pas invraisemblable pour un médecin qui sait qu’étant embryons, avant que les poumons soient formés nous disposions de branchies et qu’une indispensable glande endocrine, le thymus, s’est atrophiée  à la fin de l’enfance. La neurologie sait que notre cerveau est un organe unique. Elle a repéré également qu’il est constitué de deux hémisphères dont le fonctionnement est si différent qu’il est habituel de parler de cerveau droit et de cerveau gauche.
Comment se fait-il que nous ayons à ce point favorisé la rationalité purement matérialiste commandée par notre hémisphère gauche au détriment du fonctionnement de l’hémisphère droit demeurant dans le plus grand flou ? Les sciences ont choisi leur champ d’action qui s’est révélé incroyablement fertile grâce aux techniques. Au point de laisser entendre qu’en dehors de leurs méthodes, il ne pouvait exister aucune connaissance digne de ce nom. Les sciences étaient devenues LA Science, et la Science a endossé progressivement l’habit suprême de LA Connaissance.

  Il est alors aisé de comprendre que la cité scientifique ne veuille pas,sa méthodologie le lui interdit,  aller à la recherche de ce à côté de quoi elle passe. Mais nous, les gens ordinaires, nous sentons bien depuis quelques années qu’il est de plus en plus difficile d’accepter que la connaissance scientifique, avec ses multiples facettes et innombrables données désormais numérisées, est l’alpha et l’oméga de nos performances mentales. Indépassable savoir, l’aventure du SRAS-Cov2 et la conscience écologique en expansion, tordent le cou à cette croyance que nous avions depuis la révolution industrielle d’un progrès libérateur matériel infini, le Progrès.
  Tentons de chausser nos lunettes systémiques.  Pour ne pas périr de désespoir devant ce qui ressemble de plus en plus à un échec. Chaque discipline scientifique, technique, artistique ou spirituelle , peut être grossièrement comparée à une tranche précieuse de connaissance aux frontières plus ou moins poreuses à ce qu’il y a autour. Notre cerveau de sapiens est-il capable de déterminer si oui ou non existe un système de connaissance plus large,  capable de respecter en les englobant toutes nos sciences, tous nos arts et toutes nos croyances, des plus anciennes aux plus actuelles ? Dit autrement : un système unique capable d’englober en les faisant travailler en harmonie tous les systèmes que nous pouvons connaitre est-il ou non une potentialité du cerveau humain à développer ?
Rien, à mon sens, ne permet à Homo sapiens , aussi inachevé soit-il encore - nous ne le constatons que trop - de répondre par la négative.

  Pour demeurer volontairement, car il n’est pas le seul à avoir osé travailler la question (5), dans le domaine des sciences, en 1955 déjà le danois Niels Bohr, un des pères de la physique quantique, écrivait :  " Le problème de l'unité de la connaissance est intimement lié à notre quête d'une compréhension universelle, destinée à élever la culture humaine."
                        
                               François-Marie Michaut
 

   Notes :

(1) Méthode interdite par les professeurs chargés de m’apprendre la langue française.

(2) « Homo Ignorans Deliberately Choosing Not to Know» , Ralph  Hertwig, Christopher Engel, Perspect PPsychol. Sci. 2016 May.   Ces personnes qui font le choix de ne pas savoir de quoi ils sont malades.



(3) Discipline scientifique permettant, avec la taxonomie,  de classer dans un ordre logique tous les organismes animaux et végétaux. Ne pas confondre avec la systémique souvent évoquée sur ce site.

(4)Amasser de l’argent sans le dépenser, selon Larousse.

(5) Une piste beaucoup plus large à ne pas négliger : F.Michaut, Aubiérisons-nous, LEM 1053, 5 février 2018 

 
Os court :


«  L’humanité a de multiples naissances, avant sapiens, avec sapiens, après sapiens, et peut-être promet une nouvelle naissance après nous.»  
               Edgar Morin, sociologue (1973)

 

Lettre d'Expression médicale
 
LEM n° 1194   26 octobre 2020

Conscience de nos limites (Exmed)

   
  Dans quelque domaine que ce soit, depuis le vieux Socrate, l’exercice est particulièrement délicat. Oser aller voir, ou choisir de ne pas s’y confronter ? À chacun sa réponse,  le déroulement de notre vie personnelle en témoigne plus que les discours.

   

La poussée des évènements, en grande partie liés aux conséquences non maitrisées de nos activités, devient pressante et ... opressante.
Voici donc à votre disposition la LEM 1194 Homo (non) sapiens.

François-Marie Michaut
26-27 octobre 2020

23 octobre 2020

Contagion n'est pas virulence (Exmed)

   Les soignants le  savent depuis des siècles, la facilité de transmission d’une maladie d’une personne à l’autre est totalement indépendante de l’intensité du pouvoir pathogène d’un microrganisme pour un individu donné. Faute d’avoir clairement en tête cette différence de nature entre le collectif et l’individuel, les chiffres censés rendre compte de la réalité et de l’évolution du Covid 19 sont incompréhensibles par la population, ses informateurs autoproclamés ou professionnels et, plus grave encore, par ses décideurs politiques. 

   Un climat anxiogène pas vraiment bon pour notre santé psychique et la crédibilité de nos élites. 

François-Marie Michaut
23-25 octobre 2020

20 octobre 2020

Les corbeaux virtuels (Exmed)


    Diffuser sur Internet - sans limite autre que la langue - des propos diffamatoires, sans dire qui on est, est proposé à chaque lecteur de réseau social. Il suffit de cliquer sur la mention «anonyme».
Faut-il continuer à conserver pieusement cet encouragement de fait à l’irresponsabilité éditoriale de chaque être humain, sous le prétexte de respecter la liberté d’expression ?
Achèteriez-vous un livre, liriez-vous un article médical, dépourvus de nom d’auteur ? Moi non plus.

      Tout internaute sait-il que partager un message non conforme à la loi fait automatiquement de qui s’y livre un complice de son lanceur ? Contagiosité numérique de la maladie des corbeaux.

 François-Marie Michaut
21-22 octobre 2020

18 octobre 2020

FLORAISONS
-EFFLORESCENCES (LEM 1193)

                      
La fleur est un symbole et qui est fort ancien :
Depuis le Moyen-Âge et déjà les Romains,
On avait codifié ses significations.
Chaque fleur nous parlait avec ses précisions.

À l’ajonc, la colère, à l’origan la joie,
À l‘œillet le caprice, aux centaurées, la foi,
Au buis, le stoïcisme, au muguet le bonheur,
Au crocus l’inquiétude, à l’ixia, le malheur.

Le fenouil, c’est la force et le fuchsia, la grâce,
L’aster est la gaieté, l’achillée, la menace,
L’arum, donne l’ardeur et le gui, la constance,
Le laurier, c’est la gloire et le houx, la défense.

Construire son bonheur, c’est donc faire un bouquet
Avec beaucoup de fleurs choisies sur son trajet.
Certaines resteront toujours inaccessibles ;
Il faut se contenter de celles disponibles.

On veut cueillir très tôt chaque fleur de la vie ;
Ce serait donc la mort qui pousserait ainsi ?
Sans doute les boutons font de belles promesses,
Mais leurs fleurs, il est vrai, en se fanant, nous pressent.

La vie n’est qu’un passage ? Alors sur ce chemin,
Autant semer des fleurs, plutôt que des chagrins…
La fleur de l’âge est bien la période euphorique ;
Viendra l’âge des fleurs, l’âge… nécrologique.

Ainsi allaient nos fleurs du temps de nos enfances ;
Aurait-on oublié toutes leurs… compétences ?
On n’ose plus savoir ce qu’elles prédestinent ?
Et surtout on craindrait qu’elles aient trop d’épines…
          
                        
                                    Jacques Grieu
 
 
Os court :

« Qu’est-ce qu’une fleur ? Un sexe géant qui s’est mis sur son trente et un.»
Amélie Nothomb
 


 Lettre d'Expression médicale
 
LEM n° 1193   19 octobre 2020

  

                          

Les fleurs parlent (Exmed)


  Il suffit d’un événement soulevant une énorme émotion collective, nous venons de le vivre avec le professeur Samuel Paty, pour que le premier geste spontané soit de se grouper autour des fleurs qui surgissent des lieux dramatiques. Sans le savoir, notre collectivité envoie un message, une réponse au delà de toute analyse rationnelle, qui mérite d’être décryptée.

  Jacques Grieu, dans un poème déjà ancien, dans la LEM 1193 FLORAISONS EFFLORESCENCES nous aide à nous plonger dans le monde de ce qu’expriment depuis des siècles les fleurs de nos plantes. La fleur au fusil, une expression à ne pas oublier. Surtout quand cherche à fleurir  la seule volonté d’imposer à la France l’obscurantisme des esprits.

François-Marie Michaut
19-20 octobre 2020

15 octobre 2020

Cordon sanitaire (Exmed)


    La France instaure un couvre-feu nocturne dans ses grandes métropoles. Au sens premier, répandre de la cendre sur un feu ouvert pour qu’il ne flambe plus et que les braises demeurent en sommeil pour pouvoir être réactivées pendant des heures. Saine économie domestique de nos anciens. Sous sa couverture, un feu continue de couver, n’est-ce pas ?
    

    Le cordon sanitaire a été inventé en France en 1821. Au moyen d’une occupation militaire massive (30 000 hommes), bloquer totalement l’accès à toute la frontière avec l’Espagne. Pour, officiellement, lutter contre une épidémie de Fièvre Jaune venue d’Amérique sévissant à Barcelone. Avec une mortalité, qui ferait mourir de peur  de nos jours, de 10% de la population.

 François-Marie Michaut
16-18 octobre 2020

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...