Toutes ces maladies, en particulier infectieuses, qui nous pourrissent la vie, nous avons le rêve de nous en débarasser. Les médecins sont implicitement investis dans cette mission
collective. L’Organisation mondiale de la santé, une des branches des Nations-Unies, annonce avec fierté que tel ou tel fléau meutrier a été éradiqué. Peu importe ici que les renseignements ne proviennent que de ce que les états ont pu observer ou voulu tansmettre. En langage ordinaire, éradiquer veut dire enlever la racine. Qui peut sérieusement croire que nous avons fait disparaitre définitivement de la planète le virus de la variole il y a 40 ans, ou prochainement le virus de la poliomyélite ? Un effet magique des vaccins contraignant les virus à renoncer à évoluer, donc à s’adapter au milieu où ils sont tapis en temps «ordinaire» ?
Alors, un peu plus de modestie, un petit peu de rigueur dans les termes que nous utilisons, une dose homéopathique de culture scientifique dans les cerveaux. Et, COVID 19 ou pas, tout le monde se portera mieux.
François-Marie Michaut
30 septembre-1 octobre 2020
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29 septembre 2020
Nous entendons éradication (Exmed)
27 septembre 2020
P/endémie ? (LEM 1190)
Puisque la réalité d’un turbulent coronavirus, quittant sur son ARN ses discrets hôtes animaux dans l’Extrême Orient, est parvenue à transformer la masse des êtres humains au cerveau gavé par les écrans numériques en virologues avertis , enfonçons encore un peu le clou.
Aiguillonnés par la lourde incertitude de ce qui sera demain pour chacun de nous, propulsés par la Toile, les mots fusent de tous les côtés. Parfois balancés comme des grenades pour tenter de convaincre les lecteurs-auditeurs-électeurs s’agitant dans tous les sens. Dans cette situation médiatiquement évoquée jusqu’à l’écoeurement, il me semble de plus en plus nécessaire de se livrer à un exercice à visée clinique. Et pas, ce serait se méprendre, simplement littéraire ou esthétique.
Nous avons d’abord vécu une épidémie, quand une forme nouvelle de syndrome respiratoire aigu (SRAS 2) a atteint et s’est répandu dans le peuple chinois. Notre bougeote incessante sur toute la planète a permis au Corona 2, se comportant en astucieux passager clandestin, de se répandre un peu partout dans presque toutes les parties du monde. C’est la définition même du mot pandémie : tous les peuples. L’OMS en a délivré le certificat officiel d’authenticité. Jusque là, nous semblons tous d’accord. Exception faite d’inoxydables tenants des théories complotistes et des moi-j’veux-pas-le-savoir.
Mais, les inventions imagées (commodes pour manipuler les esprits maigrement informés) de «nouvelle vague» ou de « rebond» de Covid19 résistent mal à notre ignorance de tout exemple historique comparable. Il est souvent invoqué, sans plus de détail mais avec déférence, l’utilisation de modèles mathématiques capables de digérer tout ce que nous engrangeons, de préférence sous forme chiffrée. Qui d’entre nous a entendu parler du succès de la prédiction mathématique de tel ou tel événement ? Ce n’est pas pour rien que nous avons inventé les statistiques et les calculs de probabilité. Faire en permanence appel au hasard pour ne pas dire ce que nous ne savons pas est un faux-fuyant. Az-zarh, ce sont les dés à jouer.
Sommes-nous pourtant en voie de passer de la pandémie que certains pensent en train de décroitre(1) vers ce qui se nomme une endémie ? Une maladie contagieuse ou transmissible qui s’installe de façon permanente dans une population. En Afrique, Lèpre, Tuberculose, Sida, paludisme ou bilharziose. En Europe, plus dicrétement, ne pas oublier le zona, l’hépaptite C ou l’herpes si fréquents.
C’est possible, c’est loin d’être certain. Mais, comme nous vivons très mal l’incertitude, habitués au confort que nous avons la chance de vivre, il nous faut un panneau indicateur de la route qui nous est imposée par la réalité. Il est humain, peut-être indispensable, de se construire un récit de ce qui nous arrive. Le seul outil que nous avons, aussi riche soit-il en émotion, est de lui donner un nom pour lui donner une existence pensable.
Alors, au travail. Puisque, nous l’avons survolé rapidement dans ce papier, ne peuvent plus convenir ni l’épidémie et son extension planétaire la pandémie, et que l’endémie n’est pas d’actualité, il faut oser se forger une invention verbale acceptable. J’avais d’abord songé au mot pendémie. Mais, juste transformer un a en é n’est pas assez parlant (3). L’orthographe, même pour les plus attentifs lecteurs, ne saute pas toujours aux yeux. Un ami, hier au téléphone, m’a suggéré P endémie. Un espace vide dans un mot. Pourquoi ne pas introduire un signe inhabituel dans ce mot, mais familier aux internautes, le slash (2) ?
Penser que nous sommes les premiers humains à vivre cette p/endémie, ça donne du coeur au ventre quand le moral fléchit, vous ne trouvez pas ?
Et enfin, cerise sur le gateau, la petite trouvaille sémantique proposée ici sera de courte vie. Parce que la situation que nous vivons collectivement et individuellement, à l’image de tout le vivant, ne peut qu’évoluer au fil du temps. Le p/ inusité de notre p/endémie livrera sa destinée. P comme pré, p comme péri, p comme para ? La liste n’est pas limitative.
Qui (sur)vivra le saura.
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Notes
(1) Une pandémie qui ralentit malgré tout, G.H.
Journal International de Médecine, JIM.fr du 23 septembre 2020
(2) Barre de séparation oblique de gauche à droite en partant du bas / utilisé dans les fichiers internet. Anglicisme technique sans traduction française.
(3) Pour les non initiés au langage des médecins.
Os court :
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire viennent aisément »
Nicolas Boileau-Despréaux (Art poétique 1674)
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 1190 28 septembre 2020
P/endémie ?
François-Marie Michaut
Tous les maux ont leur mot (Exmed)
Le soignant commence tout traitement en donnant au patient un nom à ce qu’il cherche à maitriser. Un diagnostic, qu’il faut souvent expliquer : c’est son travail. Le patient en a besoin pour se construire son image à lui , et même son récit de cette partie de sa vie , de ce qu’il doit affronter. Tel est l’acte un de toute thérapie.
Alors quand l’actualité met à nu le manque d’une dénomination bien adaptée à un événement inconnu, nous voici tous dans un climat de malaise. La LEM 1190 au titre étrange de P/endémie ? propose à ses lecteurs un cheminement de l’esprit se voulant ouvert.
À vous d’en juger.
François-Marie Michaut
28-29 septembre 2020
24 septembre 2020
Attention, les petits (Exmed)
Les Pères Fouettard se portent toujours bien, merci. Mesures administratives musclées pour nous enfoncer dans la tête que le pouvoir, le seul, le vrai ne peut venir que d’en haut. Et que si les choses covidiennes ne s’arrangent pas aussi vite que le souhaite le public, c’est que nous ne faisons pas assez bien ce qui nous est imposé.
Peut-être sont-ils trop cultivés pour pouvoir oublier ce précepte de maitre Jean Cocteau ? « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur». Quant aux vieux, comme dans une bande dessinée, tous fragiles, il sont condamnés, pour leur bien indiscutable, à rester dans leur bulle.
François-Marie Michaut
25-27 septembre 2020
22 septembre 2020
Décloner nos carabins (Exmed)
Le Monde du 22 septembre 2020 ( Soazig Le Nevé ) met en titre de la réforme annoncée des études médicales un terrible : « Jusqu’ici, on fabriquait des clones». Un système jugé par le gouvernement lui-même « un gâchis humain» . Nous qui avons dû devenir de force, au fil des générations, des sortes d’êtres deshumanisés, nous voici devant un défi... surhumain.
Comment, les plus hautement diplômés étant devenus les plus robustement robotisés, allons-nous trouver dans nos rangs des enseignants de taille à «décloner» l’esprit de nos confrères de demain ? Nota : le verbe décloner n’est pas reconnu par les moteurs de recherche.
Des clonés formant des non clonés, la manipulation ne va pas de soi.
De quels médecins avons-nous besoin ? Pour exercer quels types de médecine ? Pour quelle médecine répondant au mieux aux besoins des hommes, et non des intérêts marchands ou administratifs ?
Personne - dans un pays se vantant de la qualité de ses soins de santé - ne semble vouloir soulever avec lucidité ces questions toujours balayées sous le tapis des mesures à prendre d’urgence.
François-Marie Michaut
23-24 septembre 2020
20 septembre 2020
MACHINATION (LEM 1189)
La nouvelle tendance, un peu comme une mode,
Est le dénigrement, (voyez si c’est commode ! )
De toutes les machines ou choses automatiques :
C’est l’ennemi, le diable, un diable mécanique.
Est-ce l’effet covid qui ainsi désespère ?
On reparlerait bien d’un retour à la terre…
Moi-même j’ai raillé la machine à penser,
La machine à soigner et celle à informer,
Tous ces automatismes ôtant nos réflexions,
Notre lucidité d’humaine condition.
La machine a bon dos comme bouc émissaire :
Apprendre à s’en servir, sans doute, est nécessaire.
La machine détruit l’emploi des travailleurs
Fait un monde factice et cause nos malheurs.
La productivité est son bel alibi
Mais pourtant la croissance halète et s’affaiblit.
Elle est répétitive, aveugle et routinière
Et sa fameuse « I.A. » n’est pas ce qu’on espère.
La machine devait supprimer nos efforts
Mais ne fait qu’en vouloir imposer de tous bords.
Elle nous promettait bien plus de liberté
Mais aura fait de nous des esclaves dorés.
La machine abrutit, empêche la culture
Et, en plus, nous pollue, et salit la nature.
Voici donc la machine habillée pour l’hiver !
Pourtant, réfléchissons. Tentons d’être sincères :
Qui voudrait se passer de machine à laver ?
Qui espère rincer sa vaisselle en évier ?
Qui voudrait revenir au téléphone à pied,
Au porte-plume ancien trempé dans l’encrier ?
Mettre à la voile un mois pour aller aux U.S. ?
Les voyages : à cheval ? le ski : sans tire-fesse ?
Les robots nous évitent un millier de corvées,
Aident la chirurgie, font vivre plus âgé.
L’exploration spatiale aux machines énormes,
Nous fait dans l’univers découvrir mille formes…
Lavoir et serpillère, ravaudage et tricot
On n’entend plus souvent le son de ces doux mots…
Et si bien des poètes en ont la nostalgie,
Laissons les nous chanter ces jolies litanies.
Comme l’aspirateur a tué le balai,
Le confort finira par tuer les regrets.
On voit bien sous ces airs de noirs dénigrements
Dame consommation exhibant des relents
Que notre société se plait à déplorer.
Mais c’est un faux sujet de pays évolué :
Les enfants du Kenya, quand ils n’auront plus faim,
Diront que la machine est le plus bel engin.
La machine n’est rien sans le cerveau des hommes.
Celui du chirurgien, celui de l’astronome,
Ceux de la ménagère ou bien du boulanger.
La crainte d’un robot nous dictant ses arrêts
En étant vigilants, un conte restera.
La machine sans l’homme ? Elle n’existe pas !
A se faire ainsi peur, les hommes adorent jouer
Mais leurs contradictions finissent par sombrer.
La machine est futée, autant qu’on l’a bâtie
Et au cerveau de l’homme est encore asservie.
Elle saura déjouer cette machination,
Puisqu’elle est le fruit seul de notre intervention.
Jacques Grieu
Os court :
« L’univers est une machine à faire de la conscience. » Hubert Reeves
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 1189 21 septembre 2020
Deus ex machina (Exmed)
Relation tumultueuse et ambigüe, celle que nous entretenons depuis le théâtre grec antique avec toutes nos machines. La LEM 1189 MACHINATION de Jacques Grieu nous propose d’y aller faire un tour. Un tour bien d’actualité, votre tour bien à vous, qui que vous soyez.
Les mots écrits vous rasent assez vite? Que diriez-vous de (re)faire connaissance avec un film muet de 1926 intitulé comme il se doit : Le mécano de la «General» . La signature du grand acteur Buster Keaton est un indice de qualité. Lien
Et toute ressemblance avec ce qui se passait il y a un siècle n’est pas fortuite.
François-Marie Michaut
21-22 septembre 2020
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