Rechercher dans ce blog

03 août 2015

Médecine économe LEM 922

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 922 http://www.exmed.org/archives15/circu922.html
      2 août 2015


              
 
                                                           

                            Médecine économe


           
                            Docteur François-Marie Michaut


                               

     L’économe est traditionnellement, dans les salles de garde des hôpitaux, l’interne élu par ses pairs, chargé du bon déroulement des repas. Trois règles simples : ne pas parler de médecine, ne pas parler de politique, et demander à l’économe la permission avant de quitter la table.
En dehors de cet aspect folklorique des salles de garde de grand-papa, ce qui ne veut pas dire dénué de tout fondement de bon sens, la médecine ne semble guère soucieuse de la notion d’économie. Il existe, certes, une économie de la santé, mais que ne se préoccupe guère que de l’organisation de ce qui est censé aller dans le sens de la santé de la collectivité. Santé publique, dit-on, souvent engluée dans des calculs purement comptables du coût des soins, tournant comme une mouche autour du fameux trou de la sécurité sociale.     La santé que veut-on dire par là ? Si on se place du côté de chaque personne, la bonne santé pour tous et pour chacun, de la naissance à la mort, la perspective semble hors de toute réalité.     En regardant les choses avec la lorgnette du «social», pour désigner le collectif, la machinerie complexe de la fourniture des soins de santé aux citoyens se résume finalement à sa dimension économique. Combien ça coûte de se soigner en France, comment arriver à réduire la progression fantastique des moyens financiers investis pour nos soins ?

   Tout le monde semble accepter comme un phénomène parfaitement naturel que la quantité d’argent employée au nom d’une médecine de plus en plus performante suive une progression exponentielle. Le vivant nous le montre sans discussion : rien, absolument rien ne peut être en croissance perpétuelle. Bien entendu, nous pouvons faire comme pour nos énergies fossiles et continuer à les bruler dans nos voitures ou nos chaudières jusqu’au dernier baril sans nous soucier de la suite des évènements.   

   Le monde agricole, qui fait beaucoup parler de lui en ce moment, a connu une expansion industrielle systématique, avec les résultats destructeurs que nous commençons à percevoir dans toute leur gravité. Le mouvement de l’agriculture dite raisonnée a fait bouger les lignes et... les comportements pour passer du systématique binaire au systémique moins simpliste. La pensée écologique ( à ne pas confondre avec les partis politiques verts et les militants néo-hippies) nous imprègne peu à peu. Irréversiblement.

Le monde médical a été , lui aussi, entrainé depuis la seconde guerre mondiale dans une spirale menée par d’habiles industriels qui ont compris combien ils pouvaient en tirer de bénéfices. Une sorte de règle non dite du «toujours plus» a contaminé les esprits. Les hommes politiques ont sauté sur la valeur dans leur fief électorale des usines à soigner.
Bien des choses, comme les petits hôpitaux, les cabinets médicaux individuels en ville ou en campagne, s’effondrent sous nos yeux. Les fameux «déserts médicaux». Faut-il se taire, comme devant une fatalité imparable ?

Alors, si on se mettait à étudier comment et pourquoi nous gaspillons nos moyens matériels, intellectuels et humains au nom d’une idéologie globalisante qui ne dit jamais son nom et agit sans fin ? La notion de médecin économe, au sens le plus ménager de l’adjectif, mérite la plus grande attention. Oui, ça semble ringard. À première vue seulement.
Parce que si ce n’est pas l’homme médecin (comme tout autre «soignant») qui garde à l’esprit que c’est de lui seul que dépend la réalité d’une médecine judicieusement adaptée à la somme d’argent que notre société est disposée à dépenser pour se soigner, aucune évolution n’est possible.
C’est un retour à la responsabilité incontournable de chaque personne, toute action faite au nom de la collectivité demeure obligatoirement sans effet.
Continuer un chemin qui conduit à un gouffre sans fond n’a vraiment rien de séduisant. De moins en moins de médecins s’installent en France : ce n’est pas une coïncidence.


    Un peu d’imagination, une bonne dose d’intelligence, un minimum d’attention à ceux qui sont capables de donner des pistes pour que la médecine, sortant enfin de sa soumission intellectuelle à la domination américano-anglaise, redevienne ce qu’elle a toujours été : un art en constante mutation pour aider au mieux à vivre son propre univers culturel. Et là, pas question de se montrer économes de nos efforts pour soigner encore mieux ceux qui en ont tellement besoin.
Les moyens, cela ne peut que suivre, jamais précéder.
 

                                    

  
Os Court :
 
«  L’homme économe se reconnait à ce que, s’éloignant des onctions superflues, il ne se frictionne qu’aux huiles essentielles.  »
 Philippe Bouvard

27 juillet 2015

Il faut cultiver notre jardin LEM 921

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 921 sur EXMED     27 juillet 2015

              
 
                                                           

                           Il faut cultiver notre jardin


           

                                              Docteur François-Marie Michaut

                               

    Voltaire termine son Candide  sur cette injonction sybilline pour des lycéens urbains : « ... mais il faut cultiver notre jardin».  Quand de grandes manoeuvres politico-diplomatiques se mettent en place avec l’objectif de sauver la planète des conséquences du réchauffement climatique favorisé par nos activités, la question de l’écologie, de la conscience écologique plus exactement, se révèle d’une actualité... brûlante.

    En vérité, les soignants, médecins en tête, sans doute trop marqués par le blanc de leur blouse, ne donnent pas la preuve de leur tropisme pour la verte écologie. Les sciences, chimie en tête avec le légendaire Pasteur, ont marqué au fer rouge nos façons de percevoir le vivant, et d’intervenir pour tenter de redresser ses déviations pathologiques. Dieu sait si cette pauvre médecine a été affublée, ces dernières années, de qualificatifs destinés à singulariser tel ou tel de ses aspects particuliers. Nous n’avons pas vu fleurir de proposition d’une médecine écologique, en dehors de quelques cercles militants confidentiels.

   Penser la santé de chaque homme comme une conséquence du fonctionnement de toute la biosphère demeure un exercice intellectuel pour le moins inhabituel. L’antique enseignement ( faire de l’alimentation notre premier remède) attribué à Hippocrate demeure lettre morte face aux puissantes industries chimico-agro-alimentaires. À la décharge du corps médical, la masse des connaissances jugées nécessaires au traitement des seules maladies répertoriées est telle que le temps d’une vie étudiante puis professionnelle est trop court pour aller plus loin. Est-ce suffisant pour juger que l’intérêt médical pour l’écologie est hors sujet ? La progression des pathologies directement liées à nos façons d’exploiter la nature sans autre motivation qu’économique nous contraint chaque jour d’avantage à sortir de notre inertie aveugle de nantis de la  planète. Et, changement climatique ou non, désertification de la planète ou pas, ce n’est qu’un début.

   Il est plus que temps que la pensée médicale fasse l’effort de se démédicaliser pour cesser d’être l’auxiliaire de fait du gigantesque suicide collectif de notre espèce Homo Sapiens qui est en cours. Sapiens, celui qui sait. Cela reste à prouver dans les faits et les façons de vie pour chacun d’entre nous.

   Alors, peut-être que cultiver son jardin, dans tous les sens possibles de l’expression, demeure tout aussi urgent et vital qu’au siècle des Lumières.

             

  
Os Court :
 
« Une croissance indéfinie est impossible, nous n’avons qu’une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l’opinon les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s’y opposent.  »

 René Dumont, agronome, 1904-2001 


13 juillet 2015

LEM 919 : Sous la démocratie

Lettre d'Expression médicale

La LEM n° 919 est sur le site Exmed à :
http://www.exmed.org/archives15/circu919.html
     

13 juillet 2015

              
 
                                                           

                          Sous la démocratie 


                           Docteur François-Marie Michaut

                              

                
    « Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas », la poésie doucement anarchisante de Georges Brassens demeure troublante. 



Ce fameux mois de juillet, nous souvenons-nous qu’il est nommé ainsi depuis plus de deux mille ans en l’honneur d’un certain Jules César ? Le même exactement que dans les aventures d’Astérix le gaulois. Le titre de gloire de cet empereur romain ? Celui d’avoir été le zélé écrivain-reporter et le brillant vainqueur de cette guerre des Gaules que nous avons perdue.

   Alors, comment ne pas sourire quand nous avons choisi, en plein milieu de ce mois impérial colonisateur, le 14 juillet 1789 comme le symbole de la révolution donnant, pour la première fois, le pouvoir au peuple en le retirant à ses souverains de droit divin ?
Jusque là, sous nos cieux, aucune discussion n’était possible, il ne pouvait exister qu’un seul pouvoir, celui de notre Dieu créateur dont la volonté et la parole ne pouvait passer que par l’intermédiaire d’un clergé omniprésent.

La volonté populaire aurait pris la place de la volonté divine ? Le message est dur, la pilule pas franchement facile à avaler pour la plus grande partie des sujets appelés à devenir les nouveaux citoyens.

Quand on constate un peu partout une volonté de rejeter cette démocratie dite «occidentale» par des formes ancestrales de théocratie inspirées d’un certain «Islam», une question devient inévitable.

   Quelles sont les racines de notre démocratie ? D’où avons-nous tiré nos valeurs fondatrices, le fameux liberté-égalité-fraternité pour simplifier à l’excès ?
Évoquer de simples causalités historiques comme les abus de régimes essouflés, ou des raisons économiques, est insuffisant. Il a fallu une grande énergie à quelques esprits pour penser autrement notre monde et les relations entre les humains. C’est à la recherche de cette énergie, et à ses racines, qu’il convient de s’élancer.
Ce n’est qu’en la comprenant enfin, sans se mettre aucune oeillère intellectuelle,  qu’il devient possible de se mesurer autrement que par la force des armes avec les gens qui prétendent imposer au monde entier ce que leur coutume a laissé vivant dans leur esprit.

   Tout le reste - qui occupe si fort les médias - n’est que gesticulation politique ou manipulation économique, qui ne peut qu’exacerber encore plus dangereusement des extrémismes meurtriers.



                 

  
Os Court :
 
«  La démocratie, ce curieux abus de la statistique. » 
   
José Luis Borges

06 juillet 2015

Civilisation, guerre ou paix LEM 918

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 918     6 juillet 2015


              
 
                                                           

                         Civilisation, guerre ou paix ?  

           

                           Docteur François-Marie Michaut

                              

                
    Faire en sorte que nos hordes humaines sortent du statut de prédateurs collectifs disposés à se déchaîner au moindre prétexte semble un devenir des plus difficiles à organiser. Pour ne pas dire physiologiquement impossible pour l’espèce zoologique homo sapens sapiens depuis son apparition sur la planète. Les braves gens en ont fait une maxime : la guerre a toujours existé, donc elle existera toujours. Sauf que, désormais, c’est tout le monde vivant que nous avons la capacité de faire disparaitre à tout jamais.

   Les bruits d’explosion, les bilans macabres des exterminations, les rodomontades de groupuscules activistes confondant le monde des hommes et les productions cinématographiques, avec un fort relent infantile de jeux vidéo, polluent tellement par leur violence notre perception de la réalité que nous voilà incapables de penser que les choses peuvent être autrement. Peuvent, pourraient, devraient ?

    Nous avons été dressés au récit historique des grands empires que le monde a connu , aux vastes épopées conquérantes et à ce que nous nommons, avec des trémolos dans la voix, les civilisations. Avec leur triple état de naissance, tel le récit mythique de Romulus et Remus, de plénitude superbe, puis, après un dernier éclat remarquable, de leur disparition. Là encore, avec une sélectivité toute occidentale, pour nous permettre de nous affirmer les dignes héritiers des plus illustres épopées humaines. Que les autres continents que le nôtre aient pu connaitre des cultures aussi admirables que celles de nos ancêtres revendiqués est un sentiment récent. Les discours des colonisateurs, comme notre cher Jules Ferry, après ceux des Croisés, en disent long sur nos anciennes façons de penser « les autres ».

   Alors, parler, comme le font nos leaders, de guerre des civilisations pour expliquer les agissements terroristes est une bien piètre explication. Des gens se réclamant, avec légèreté spirituelle selon beaucoup de connaisseurs, d’une civilisation fondée par Mahomet pour mener une forme de guerre psychologique d’extermination de la société dominante de ceux qui vivent dans le péché, ce n’est pas un vrai conflit.
Même si nos armées se font entendre et voir, nous ne nous sentons pas en guerre contre une autre civilisation. Pour se battre, il faut être deux.

   S’agit-il pour autant d’un choc ? Pas vraiment. Parce qu’il faudrait pour cela que face à ceux qui brandissent leurs convictions, sans chercher à nous convaincre de leur supériorité, nous-mêmes soyons capables de définir sans la moindre zone d’obscurité ce qu’est notre civilisation.

   Munis de ce diagnostic, établi avec la plus juste rigueur intellectuelle, en faisant appel à toutes les connaissances humaines disponibles accumulées ( donc, pas seulement les scientifiques) nous serions en position de partir enfin à la recherche d’une union irréversibles des différentes cultures de la planète. 


Osons une hypothèse hardie que confortent quelques observations : même si nos politiques, trop paralysés par le quotidien, n’en ont pas encore pris conscience, ce mouvement là est en route.



                        

  
Os Court :
 
«  Quand fond la neige, où va le blanc ?  » 
     Shakespeare

29 juin 2015

Brouets DANS LE POTAGE LEM 917

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 917      29 juin 2015


              
 
                                                           

                                               Brouets

                                     DANS LE POTAGE

                     

                                                         Jacques Grieu

                              

                
Même dans mon enfance, encore pas bien grand,
Je posais des questions sans cesse à mes parents.
« Grandit,  bois donc ta soupe, on verra ça plus tard ! »
Après beaucoup de soupe, et voyant mon retard,
Mes questions repartaient. Dégoûté du potage,
J’entendais les réponses : « attends ! Et reste sage ! »
J’ai donc laissé mûrir mais n’ai toujours rien vu.
« Attends donc la retraite, il faut avoir vécu ! »
Maintenant retraité, je suis toujours déçu ;
Personne n’est plus là, qui m’aurait répondu.

J’ai soupé de la soupe et ne veux plus l’aimer ;
Que ce soit du bouillon, le meilleur consommé,
Garbure ou velouté, goulasch ou minestrone,
Me donnent l’impression que quelqu’un m’empoisonne.
La bisque ou le pistou, le brouet de bécasse,
Sont devenus pour moi, des soupes à la grimace.
« Vous crachez dans la soupe », ont dit certains quidams
Sans voir que dès l’enfance, il y avait ce drame.
Sur la tête, un cheveu ne se remarque pas ;
Mais s’il est dans la soupe, on en fait tout un plat.

Pourtant, la soupe aux choux, je ne peux m’en passer.
D’ailleurs, Molière aussi nous a bien énoncé :
« On vit de bonne soupe et non de beau langage ».
« Qui soupe bien dort bien », a ajouté le sage.
Et puis, dans un vieux pot, on fait de bonne soupe :
Quand on a moins de dents, la soupe a vent en poupe …
Plutôt que « pas de soupe », ôtons donc la cuillère :
La soupe on peut servir sans verser la soupière !
« Par ici bonne soupe » aurait dit Henri IV
Goûtant sa poule au pot sans se laisser abattre.

Ce qu’hostie est à messe, arme l’est à la troupe, 
Les légumes au potage et le chou à la soupe.
Une vie sans danger n’est que soupe sans sel ;
Le pleutre, à la goûter, se dit qu’elle est mortelle.
A se lever trop tard, on trouve soupe froide :
L’indécis, hésitant, mange de la panade,
Et donc, pour tout potage, il n’aura que des restes,
Pestant contre la vie au brouet indigeste… 
Comme on fera la soupe, on boira le bouillon ;
Ne chauffons pas la mer pour cuire le poisson !

           
   
  
Os Court :
 
« L’indécis laisse geler sa soupe de l’assiette à la bouche.  » 
    Don Quichotte (Cervantès)

22 juin 2015

Comprendre le ramadan LEM 916

Lettre d'Expression médicale
LEM n° 916      22 juin 2015

              
 
                                                           

                        Comprendre le ramadan                         


                                  D. Marche



   Comme chaque année, le mois du ramadan est un évènement en France. Nous y sommes en ce moment.  Observer ses obligations est l’un des cinq piliers de l’Islam. Que peuvent bien comprendre ceux qui ne partagent pas la foi musulmane ? Pas grand chose, sauf qu’il s’agit d’un jeûne entre le lever et le coucher du soleil durant un mois lunaire.
Les personnes dont le métier est de soigner les autres devraient se demander quelle est la signification de cette pratique vécue comme un grand moment de l’année par bien des gens autour de nous.

   Les modalités pratiques sont accessibles à chacun. En voici un rappel. Pour les adultes en bonne santé, la prise de tout aliment ou boisson durant la journée est interdite. Il en est ainsi pour l’usage du tabac ou les relations sexuelles.
Par contre, la nuit, il est prescrit de se régaler et de ne pas se priver des plaisirs de la chair. Ceci diffère totalement du carême des chrétiens, où ne se retrouve pas cette opposition entre le jour et la nuit.

   Pour ceux qui n’ont pas les yeux de la foi, et qui veulent quand même tenter de comprendre, ce sont les symboles qui sont à déchiffrer. Un symbole, comme en chimie, est un signe visible de tous qui accompagne une réalité moins accessible à  la connaissance.
Ici, le symbole est double. La lumière du soleil et l’ombre de la nuit. Du jour vient toute source de vie ( photosynthèse végétale entre autre). La lune qui éclaire la nuit n’est que le reflet de l’énergie envoyée par l’astre solaire.
La lumière, c’est la forme particulière qui anime sous nos yeux toute la création. Pour les religions, dont celle du Prophète, c’est l’énergie divine en action. Priver son corps de ses carburants habituels, c’est contraindre l’esprit à se concentrer sur cette réalité. Le jour est le temps de la connaissance?

   La nuit est le moment où les choses se font, où les esprits travaillent librement, où les connaissances pratiques, les plans et les inventions se trament. Quand il est dit de se réjouir, de faire la fête, de quelle nourriture est-il question ? Pas seulement de festins matériels, de patisseries délicates à partager en famille. Il s’agit de dévorer à pleine dents toutes les connaissances accumulées par les têtes humaines, en particulier du côté de l’occident depuis des siècles.  C’est une invitation à  une véritable réconciliation entre le spirituel et le scientifique qui est ainsi lancée.

   L’Islam et l’Occident enfin capables de partager quelque chose de fondamental et de fondateur d’un avenir fertile au lieu de se recroqueviller chacun sur ses seules valeurs traditionnelles, l’enjeu est de toute première importance pour l’humanité toute entière.
Il n’est pas d’autre réponse possible aux mouvements terroristes se réclamant d’une tradition qu’ils ne connaissent pas en profondeur pour justifier leur fureur meurtrière.





 

                       

  
Os Court :
 
« Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt.  » 
 
Proverbe chinois

15 juin 2015

Quarante et un médecins LEM 915

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 915      15 juin 2015


              
 
                                                           

                                    Quarante et un médecins                          


                                             Docteur François-Marie Michaut



   C’est le nombre, non négligeable, de praticiens qui ont été consultés, en cinq ans, par Andreas Lubitz, le copilote qui a écrasé volontairement les 150 occupants de l’A320 de la compagnie Germanwings. Source : Le Monde du 11 juin 2015.
Comment peut-il se faire que pas un seul de ces médecins n’ait agi pour que ce sujet cesse de piloter des avions, en particulier ceux qui transportent des passagers ? Se poser cette question n’a rien d’illégitime.

   Pour des gens du métiers, les interrogations fusent de tous les côtés. En voici quelques unes.

La tendance, pour ne pas « enfermer » les patients dans des étiquettes qui puissent leur nuire, à ne pas poser de diagnostic psychiatrique est à mettre en question. Toute pathologie du comportement ne peut pas, scientifiquement parlant, être qualifiée de dépression. La simple description des symptômes, comme le fait le DSM américain pour contourner les querelles de chapelle entre spécialistes,n’est qu’un outil de recherche : l’utiliser comme manuel diagnostique est une tromperie intellectuelle majeure.

Le version édulcorée, chérie des journalistes comme des hommes de loi, est une prétendue «fragilité psychologique». Comme si notre fragile cerveau était une sorte de muscle plus ou moins bien entrainé ! Quand quelqu’un vit intérieurement dans une réalité déformée, quand ses limites personnelles ne lui sont pas perceptibles, nous sommes dans le domaine de la psychose. Cela doit pouvoir être dit aussi clairement que l’on parle d’une paraplégie, d’une surdité, d’une cécité ou de tout autre handicap. Il est vrai que la compréhension habituelle de la notion de psychose, comme une peur collective aussi contagieuse que peu motivée, ne simplifie pas les choses.

Le monde médical devrait rouspéter ouvertement quand est mise en avant une étiologie de sociologie de bazar aux comportements les plus graves. Le refrain de l’enfance malheureuse, des carences sociales ou affectives, des drames familiaux ordinaires n’a strictement aucun intérêt en dehors des tribunaux.

-La spécialisation médicale pose aussi de graves problèmes. Andreas se plaignait avant tout de troubles visuels, qui, disait-il, pouvaient l’empêcher un jour de voler. Il semble bien qu’aucun confrère n’ait détecté le moindre trouble objectif. Que pouvaient-ils faire d’autre que tenter de le rassurer : « Non, soyez tranquille, nos examens sont formels,votre bilan des yeux ne montre aucune anomalie ?
Multiplier les avis différents et les consultations, quand on est persuadé de quelque chose, aussi folle soit cette conviction, cela ne laisse aucune trace. Toujours plus de la même chose, les systémiciens savent bien que cela ne sert jamais à rien.

-Tout médecin est ligoté légalement, dans nos pays, par l’obligation du secret professionnel. Impossible donc de livrer un diagnostic à un employeur.
C’est qu’intervient, ou devrait idéalement intervenir, la médecine du travail. À  une double condition près. Que le médecin clinicien puisse le joindre ( il ne dispose que des dire de son patient)  et lui faire part de son avis sur la dangerosité de la poursuite des activités professionnelles. La seconde condition est que le médecin du travail ne soit pas dans un lien de dépendance par rapport à l’entreprise en question. La question du secret médical dans cette discipline est loin d’être évidente.

-Sur les 41 médecins «consommées» en 5 ans, qui a bien pu se sentir responsable ? Un patient qui tire toutes les sonnettes, le praticien le sent vite, et le résultat est immédiat. Il ne peut pas s’investir. Michaël Balint l’a fort bien observé en Angleterre en nous expliquant le mécanisme de «la dilution des responsabilités».

    Finalement, sans faire de reproche à quiconque (et de quel droit le ferais-je ?), n’a-t-il pas manqué dans cette terrifiante affaire qu’un seul personnage médical ?
Lequel ? Celui d’un véritable généraliste, occupant pleinement sa place, rien que sa place mais toute sa place dans un système sain de distribution des soins.
   Ce dernier aspect, soyez tranquille, il est bien trop dérangeant pour les pouvoirs en place. Vous ne le verrez évoquer dans aucun écrit.  Il est simplement impensable pour les esprits issus de la connaissance technocratique. Chez ces gens influents, on préfère laisser mourir d’asphyxie ce métier si particulier.



 

                      

  
Os Court :

 
« L’âme d’un homme est un domaine secret et difficilement accessible. » 
 

Georges Duhamel (écrivain et médecin)

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...