Et voici la dernière lettre hebdomadaire d'Exmed de 2015,
signée Jacques Grieu, toujours aussi virtuose dans la jungle colorée des mots.
Voici le lien pour la déguster entre deux chocolats.
Rechercher dans ce blog
27 décembre 2015
20 décembre 2015
A garder en poche LEM 942
Ce n’est ni un pavé, ni une notice technique ni un aide-mémoire : la médecine générale à l’usage des praticiens, cela s’écrit.
À garder en poche LEM 942 . http://www.exmed.org/archives15/circu942.html
À garder en poche LEM 942 . http://www.exmed.org/archives15/circu942.html
13 décembre 2015
GESTICULATIONS LEM 941
- Expression orale, bien sûr.
- Expression écrite, nous sommes ici en plein dedans.
- Et expression gestuelle, cela nous ramène au fait incontournable que nous avons un corps qui , sans un mot, ne cesse de dire plein de choses.
La LEM 941 de Jacques Grieu GESTICULATIONS en est l’illustration.
Bonne lecture à chacun.
- Expression écrite, nous sommes ici en plein dedans.
- Et expression gestuelle, cela nous ramène au fait incontournable que nous avons un corps qui , sans un mot, ne cesse de dire plein de choses.
La LEM 941 de Jacques Grieu GESTICULATIONS en est l’illustration.
Bonne lecture à chacun.
07 décembre 2015
Et Dieu dans tout ça ? LEM 940
Que ne fait-on pas au nom de Dieu ?
La question a tellement à voir avec l’actualité de notre monde qu’y consacrer quelques instants n’est pas un luxe.
Voici donc la LEM 940 Et Dieu dans tous ça ?
La question a tellement à voir avec l’actualité de notre monde qu’y consacrer quelques instants n’est pas un luxe.
Voici donc la LEM 940 Et Dieu dans tous ça ?
29 novembre 2015
LEM 939 : Vos gueules, les médecins !
D'une terreur à l'autre, ne surtout pas fermer les yeux sur l'actualité.
Suite sur www.exmed.org
pour présenter la LEM 939 : Vos gueules, les médecins !
Bonne lecture d'actualité décantée au jus systémique.
FMM
Suite sur www.exmed.org
pour présenter la LEM 939 : Vos gueules, les médecins !
Bonne lecture d'actualité décantée au jus systémique.
FMM
22 novembre 2015
ROUGEURS LABEL ROUGE LEM 938
Le rouge est d’une incontestable actualité.
Raison de plus pour passer au scanner libérateur de la poésie cette couleur qui est bien plus que celle de nos hématies.
Lire la LEM 938 ROUGEURS LABEL ROUGE de Jacques Grieu .
Raison de plus pour passer au scanner libérateur de la poésie cette couleur qui est bien plus que celle de nos hématies.
Lire la LEM 938 ROUGEURS LABEL ROUGE de Jacques Grieu .
15 novembre 2015
La guerre de la Connaissance LEM 937
La guerre de la Connaissance, vous avez déjà entendu parler ?
Pas du tout conventionnelle, mais encore non perçue par le plus grand nombre des gens d’ici et d’ailleurs.
Lire la LEM 937 La guerre de la Connaissance .
F-M Michaut
Pas du tout conventionnelle, mais encore non perçue par le plus grand nombre des gens d’ici et d’ailleurs.
Lire la LEM 937 La guerre de la Connaissance .
F-M Michaut
09 novembre 2015
Apoptose LEM 936
La mort, c’est, en permanence, ce qui se joue au niveau de nos petites cellules constituantes.
Lire la LEM 936 Apoptose de F-M Michaut .
Lire la LEM 936 Apoptose de F-M Michaut .
01 novembre 2015
VOIX DE FAIT VOIES OFF LEM 995
Bien plus complexes que ce qu'on peut en dire médicalement, notre fonction phonatoire et notre capacité d'orientation d'Homo Sapiens Sapiens sont au menu.
Lire la LEM 935 de Jacques Grieu . www.exmed.org/archives15/circu935.html
FMM
Lire la LEM 935 de Jacques Grieu . www.exmed.org/archives15/circu935.html
FMM
25 octobre 2015
L'époque des écrivants LEM 934
Le temps des écrivants est là, nous sommes dedans.
De quoi s'agit-il ?
La LEM 934 en dit plus. www.exmed.org/archives15/circu934.html
De quoi s'agit-il ?
La LEM 934 en dit plus. www.exmed.org/archives15/circu934.html
19 octobre 2015
Nouvelle et inhabituelle humilité scientifique LEM 933
La science n’échappe pas
... aux catégories cliniques habituelles des manières de penser la réalité.
La LEM 933 vous invite à une excursion du côté de ceux qui bousculent fermement une tradition solidement établie. Découvrir à :
www.exmed.org/archives15/circu933.htmlwww.exmed.org/archives15/circu933.html
11 octobre 2015
La fausse lanterne de la parité LEM 932
Si on parlait enfin un peu sérieusement des femmes et de leur vraie place dans nos sociétés du XXIème siècle ? La suite, sous la plume de FMM est à
www.exmed.org/archives15/circu931.htmlwww.exmed.org/archives15/circu932.html
03 octobre 2015
Contestation systémique de notre sécu LEM 931
Contestation systémique de notre sécu LEM 931
Docteur Jean-François Huet
Jean-François Huet nous livre son analyse - sans concession à la bien-pensance ambiante - sur le système sur lequel fonctionne ( de plus en plus mal) notre assurance maladie à la française.
www.exmed.org/archives15/circu931.htmlwww.exmed.org/archives15/circu931.html
F-M Michaut, maître-Toile d'Expression Médicale
27 septembre 2015
CARTES POSTÉES CARTOMANCIE LEM 930
Jacques Grieu,
dans la LEM 930 du 28 septembre 2015nous conduit sur la piste du monde des cartes où nous sommes plongés, le plus souvent malgré nous.
Juste de quoi se poser quelques questions et regarder d’un autre oeil ces accessoires devenus indispensables de la modernité.
www.exmed.org/archives15/circu930.html
FMM, webmestre d'Expression Médicale
18 septembre 2015
Octobre Rose, néo-religion sanitaire LEM 929
Octobre Rose, néo-religion sanitaire LEM 929
Le Docteur Cécile Bour, radiologue dans l’Est de la France, explique de façon à la fois argumentée et humoristique (l’un renforçant l’autre, nous en sommes persuadés à Exmed) les raisons très sérieuses pour lesquelles elle s’oppose très fermement à la campagne Octobre Rose.
Lire la LEM 929, illustrée par l'auteur(e).
À lire et à communiquer sans modération autour de soi. Le minimum est qu’un véritable débat entre tous les gens concernés par le cancer du sein s’organise autour de cette question.
F-M Michaut, webmestre d’Exmed
12 septembre 2015
Mer patrie REFUGE- LEM 928
Mer patrie REFUGE- LEM 928
Dans cette lettre hebdomadaire, Jacques Grieu, conduit le lecteur à une ouverture inattendue sur ce que peut recouvrir la réalité actuelle terrible des réfugiés du monde entier.Au delà des replis identitaires ou des élans idéologiques, l’outil poétique se révèle remarquable.
L’Os court en bas de page mérite le voyage.
À lire sur le site EXMED (Expression médicale)
07 septembre 2015
Système de santé, lauriers fanés LEM 927
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 927 sur EXMED 7 septembre 2015Système de santé, lauriers fanés
Docteur Jean-François Huet
Face aux cocoricos rituels sur notre prétendu meilleur système de santé du monde, pour ne pas tomber dans l’illusion, une analyse systémique objective s’impose.
Un bon système de santé doit être :
• Global : il ne doit négliger aucun secteur ou objectif.
EN FRANCE l'assurance maladie ne s'est jamais impliquée dans les soins dentaires et l'optique. La mise en place de rémunération des médecins sur des objectifs de santé publique, définis par l'état-assureur maladie , est un biais manifeste orientant la pratique au risque de négliger des pans entiers de la médecine
• Accessible : ceci suppose l’accessibilité géographique(proximité) et économique (coût)
EN FRANCE, on constate de plus en plus de déserts médicaux, une inégalité territoriale et sociale croissantes
-un renoncement aux soins (1) du fait de délais de rendez-vous trop longs et de l'insuffisance de spécialistes, voire absence de généraliste proche assurant mal l'aval des soins hospitaliers.
• Efficace, techniquement et économiquement.
EN FRANCE le niveau technique est bon sans être exceptionnel, mais la gestion du système de santé est catastrophique. Les hôpitaux et les cliniques sont en perpétuelles difficultés, il y a une crise des vocations dans certaines disciplines et un vieillissement important du corps médical . Celui-ci est démotivé et paupérisé, en dépit du coût exorbitant du système qui obère gravement l'économie du pays. L'obligation de souscription à deux assurances maladie (2) génère un surcoût de gestion stupide et particulièrement inopportun de plusieurs milliards d'euros pas an. La casse de la médecine générale de proximité a entraîné un recours excessif et ruineux aux services d'urgence. Les fermetures de services obéissent souvent à des motifs obscurs (affaire récente du service d'oncologie de Garches)
• Acceptable : c’est à dire ayant l’assentiment de la population et des professionnels.
EN FRANCE la satisfaction de la population semble liée à un fonctionnement « à guichet ouvert » donnant une illusion de gratuité. Il en résulte une déresponsabilisation et un coût exorbitant. On note par ailleurs un conflit permanent entre les autorités tutélaires et les praticiens qui se jugent déconsidérés et sous payés par rapports à leurs confrères européens. La radicalisation des positions de tous les acteurs les uns envers les autres est évidente, il en résulte un défaut évident d'écoute et de collaboration efficace
• Planifiable et évaluable
EN FRANCE :il n’y a qu’une planification fantaisiste, l’évaluation est inexistante en termes de besoin et de financement.
• Souple et modifiable (adaptable à une épidémie par exemple ou à descirconstances particulières)
EN FRANCE:Des flops répétés : Grippe aviaire, prion, grippe H1N1, Ebola
-scandales divers : transfusion, mediator ,
-interventions malencontreuses ; statines, pilules anticonceptionnelles ...
-recommandations contestables comme sur le dépistage du cancer de prostate déjà responsables sur le terrain de la constatation d'un grand nombre d'adénocarcinomes « dépassés» chez des sujets jeunes (« épidémie» de T3 inopérables en vue) (3)
-absence de démocratie sanitaire réelle en dépit de l'existence de dispositifs consultatifs qui constituent en fait des comités théodules (URPS, conférences sanitaires de secteurs )
-relations faussées avec des syndicats médicaux « accompagnateurs du système conventionnel » parce qu’ils sont subventionnés par l'assurance maladie collectivisée et non par les cotisations de leurs adhérents.
Au total, il existe en France un système étatisé, auto-satisfait, totalitaire et ruineux qui se juge lui-même et semble avoir ses propres objectifs dont le principal est le maintien, d'un système d'assurance maladie devenu en 2015 ubuesque obsolète et ruineux. C’est un héritage du collectivisme du siècle dernier, épaulé par des assurances complémentaires opportunistes qui ne résolvent en rien le problème récurrent de solvabilité économique et humaine du système.
Notre système de santé sur-administré ruineux verrouillé par des mécanismes étatisés qui seront aggravés par la Loi dite de modernisation de la santé ,est en déshérence et ne mérite plus depuis longtemps sa place de meilleur système mondial ni les commentaires dithyrambiques faits à son propos, il y a quelque années par l'OMS
Par ailleurs on sent nettement la « montée en puissance » d'une nomenklatura mutualiste et d'une connivence politico-économique qui nous éloigne tous les jours un peu plus des incantations solidaires et moralisatrices dont les responsables du système de santé sont coutumiers.
Une refonte totale du système est inévitable. Elle ne peut survenir qu’après une remise en cause sans concession du système d'assurance maladie tel que chacun peut l’observer.
________________________________________________
Notes :
(1) Et rarement pour des motifs économiques, en dépit des allégations fallacieuses des responsables du système. NDA
(2)La sécurité sociale obligatoire et l’assurance maladie complémentaire dite souvent «mutuelle». NDLR
(3)Nous reviendrons très prochainement ici, avec Cécile Bour, sur la question du dépistage du cancer du sein et de la discutable campagne Octobre rose. NDLR
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Os Court :
« Quand un diabétique meurt carbonisé, ne vous étonnez pas si ça sent le caramel ! »
Pierre Doris
31 août 2015
Islam sans voile LEM 926
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 926 sur EXMED
31 août 2015Islam sans voile
D.Marche
Ce site de santé a bien voulu publier un papier consacré à tenter de comprendre le Ramadan. Il est frappant de constater à quel point l’Islam, deuxième religion pratiquée en France, est mal connue du public, et même des élites intellectuelles. Quelques clichés sommaires, pas mal d’idées toutes faites portées au rouge par des actualités violentes, et c’est tout. Alors, vous qui avez la charge de donner vos soins à des familles et à des personnes se revendiquant de l’Islam, il vous est indispensable de faire l’effort de regarder derrière ce voile qui rend l’Islam non seulement incompréhensible, mais même inquiétant. Les historiens des religions, les éthnologues, les linguistes, comme les théologiens ou les hommes des différentes religions nous perdent dans des discours qui ratent toujours l’essentiel. Qu’est-ce que c’est que cette religion qui s’est répandue sur tous les continents, juste une infatigable machine de guerre depuis 14 siècles ?
Un livre qui ne ressemble à aucun autre, qui n’appartient à aucune institution, se révèle un guide unique. Son titre : « Fatimah, La délivrance de l’Islam » (1), annonce un constat initial sans complaisance. Le monde islamique est depuis des siècles dans une situation de blocage qu’il se montre incapable de diagnostiquer clairement, donc de pouvoir « soigner » comme il est devenu urgent de le faire. L’auteur, Dominique Blumenstilh, n’est pas un inconnu des lecteurs d’Exmed. Le docteur José Rizal, héros des Philippines, , Auchwitz et le devoir d’intelligence .
Le fil conducteur de cet ouvrage récent est le personnage de Fatimah. Fille bien aimée du Prophète, elle a été l’épouse d’Ali. Celui qui a été choisi par Mohammad comme son successeur. Or ce furent d’abord avec Abou B’kr, trois califes très «politiques» qui prirent le pouvoir. Ali, porteur d’un message beaucoup plus spirituel, enfin établi, fut assassiné. Et Fatimah, avec son enfant, mourut seule de misère. L’auteur se livre à une enquête minutieuse utilisant à la fois, et en parallèle, des outils empruntés à la kabbale hébraïque et aux sages souffis les plus célèbres. Alors, un petit effort de lecture et tout devient lumineux pour nos esprits imprégnés par le raisonnement scientifique. La réunion, jamais encore réalisée, entre les trois courants de perception du réel issus des descendants d’Abraham ( Judaïsme, Occident scientifique issu du Chritianisme et Islam enfin compréhensible ) se trouve constituer la seule issue possible pour notre monde qui marche sur la tête et court à la destruction de la planète. Ce n’est pas si fréquent, un livre d’une telle portée. Certains peuvent n‘y voir que l’élucubration habile d’un intellectuel isolé dans une pensée ésotérique pas du tout à la mode du jour. Le point de vue change quand c’est de l’Iran, lui-même, l’un des pays les plus importants de l’Islam, que nous parvient un film hors du commun. Il s’agit, en rupture totale avec la longue tradition d’interdiction de représenter le Prophète, de raconter l’enfance de Mohammad et son évolution si singulière. Il y a deux jours, c’est la superproduction «Mahomet» de Majid Majiidi qui a été choisie pour l’ouverture du festival de Montréal. Écoutons la présentation de l’auteur. Quelque chose de bien plus important que le fracas des armes se passe en ce moment pour qui accepte d’ouvrir lucidement les yeux et les oreilles et de se servir de son cerveau.
Note :
(1) Dominique Blumenstilh, Fatimah, La délivrance de l’Islam, 228 pages. Éditions Peleman,2015, ISBN: 2-9522261-5-6
Os Court :
« Prendre conscience, c’est transformer le voile qui recouvre la lumière en miroir. »
Lao-Tseu ( 571-525 Av J-C )
23 août 2015
Mal à dire LEM 925
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 925 sur le site EXMED 24 août 2015
Mal à dire
Docteur François-Marie Michaut
Citer l’auteur dont les propos éveillent en moi un écho me semble de simple justice intellectuelle et de saine méthode de travail. C’est le nom d’Amélie Nothomb, romancière belge bien connue des médias et du public. Une femme de lettres, à l’allure faussement fantaisiste et volontiers provocatrice, pour guider une réflexion sur un sujet aussi grave que la maladie, est-ce bien raisonnable ? Pour moi, oui. Parce qu’il y a un bon moment que la question de savoir ce qu’est une maladie me taraude. Il faut d’abord remarquer que, dans la langue française, la notion de malade a précédé celle de maladie. L’homme passant après les choses techniques, nous avons inversé au fil du temps l’importance de ces deux notions. « Male habitus » serait l’origine latine de qui en est frappé selon les dictionnaires. Celui qui a eu une mauvaise chose dans sa vie ( habere, avoir selon mes souvenirs lointains). Les jeunes médecins du siècle dernier, quand ils rédigeaient les observations hospitalières, remplissaient une rubrique nommée «habitus» destinée à répertorier les façons de vivre, comme la consommation de tabac, d’alcool etc... Amélie Nothomb écrit (1) : « Plus tard, j’appris l’étymologie du mot « maladie ». C’était « mal à dire ». Le malade, c’était celui qui avait du mal à dire quelque chose. Son corps le disait à sa place sous la forme d’une maladie. Idée fascinante qui supposait que, si l’on réussissait à dire, on ne souffrirait plus».
Onze ans après cette publication, les cerveaux médicaux, si tant est que cela existe, ne font rien de cette trouvaille ? Les Grecs, suivis par les théoriciens de la psychanalyse, dont la remarquable et confidentielle école parisienne de psychosomatique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychosomatique_psychanalytique ne sont pas parvenus, en particulier avec le mécanisme de catharsis, à convaincre une grande partie du corps médical. La formulation de madame Nothomb n’est pas scientifique ? Elle est trop générale pour être simplement utilisable en pratique médicale habituelle ? Une telle façon de penser est-elle trop révolutionnaire pour des gens de métier, qui sont persuadés, en toute bonne foi, être capables de parler au nom, et à la place, de leurs patients. Pour une fois si bien nommés, quand ils se font voler par le parler médical ce qu’ils ont de plus intime.
Le cabinet médical est un lieu bien particulier dans la vie de chacun. C’est là, de plus en plus avec la disparition des visites à domicile d’antan, où le médecin fait tout pour comprendre, avec ses outils matériels, intellectuels, psychologiques - mais aussi, ce n’est jamais dit, spirituels - ce qui arrive à la personne qui vient le voir. Mais, c’est aussi l’endroit unique où le patient peut enfin, un jour imprévisible par personne, accoucher d’une partie, ou de la totalité de ce qu’il a tant de mal à dire autrement que par son corps en souffrance. Peu importe que l’expression en soit verbale, élaborée ou sommaire, ou non verbale. Peu importe que le praticien comprenne ou non ce qui se passe, que des noms savants y soient apposés, que des chiffres ou des courbes l’objectivent, le processus de guérison se met en route. Jacques Blais, dont le souvenir anime toujours au fil des années les propos proposés sur ce site, aimait parler de phénomène d’auto-guérison et de la fonction théâtrale indissociable de tout lieu de consultation. L’expression médicale, que cela plaise ou non à quiconque n’y peut rien changer, c’est aussi cela.
(1) Amélie Nothomb, Biographie de la faim (page 30), Albin Michel 2004, ISBN 2-226-15394-2
Os Court :
« Les idées n’ont pas véritablement de patrie sur terre, elles flottent dans l’air entre les peuples. »
Stefan Zweig
18 août 2015
Partitions A PART ÇA LEM 924
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 924 sur le site EXMED
18 août 2015
Partitions
À PART ÇA
Jacques Grieu
Sans demander son reste, on part souvent à tort ;
Alors que si l’on reste, on a un meilleur sort.
Quand on part, on vous dit que c’est « mourir un peu »
Est-ce mourir beaucoup quand c’est partir à deux ?
Quand on aime, on part peu, mais c’est partir quand même ;
Et si on part à deux, à quand, l’onction extrême ?
On part toujours perdant, sur la ligne, au départ,
Si l’on n’a pas d’espoir et peur d’être en retard.
Le mourant ne part pas : il finit quelque part.
C’est de l’éternité que Dieu, pour le temps, part.
On a fait la part belle à ceux qui ont prié ;
Heureux celui qui part avant que d’arriver …
Si l’on voit l’avenir à partir du passé,
Alors de toutes parts, on sera agressé.
On pare au plus pressé pour prévoir l’avenir ;
Si on ne part à temps, ensuite, il faut courir,
On a sa quote-part des ennuis de la terre,
Sans trouver nulle part où pleurer sa misère.
Il y a parts et par et aussi parts sociales.
Encore « pare-choc » ou gilet « pare-balles ».
Le golfeur « fait le par » quand sa balle part bien.
D’autre part, à la boxe, on pare avec entrain.
De part en part la pluie traverse le cycliste
Qui fait la part des choses et n’en devient pas triste.
De la plume du paon, se pare le vain fat,
Qui voudra faire part de faits qui nous épatent.
Il se pare de titres et les fait ronfler fort,
Et en mauvaise part, il prend tous les rapports.
Mis à part les crédules (ils feront bande à part),
Blague à part, il ennuie . Dites-lui de ma part …
Os Court :
« Cela ne m’intéresse pas, cela me hante. »
Louis Scutenaire
09 août 2015
Pas fous, juste soumis LEM 923
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 923 sur le site Expression Médicale
10 août 2015
Le propos de Boris Cyrulnik à France Info le 6 août 2015 m’a frappé. Il a rappelé que la folie meurtrière d’Hitler, dont il a tant souffert dans son enfance, avait été expliquée par le corps médical d’alors comme une conséquence d’une syphilis nerveuse ancienne. Depuis, les antibiotiques sont nés et leur usage a fait disparaitre du paysage la terrible vérole qui terrorisait les familles, les pouvoirs publics, tout comme les soignants. La folie hitlérienne n’était pas le résultat des dégâts neuronaux du fameux tréponème pâle, mais d’un autre ordre. Alors, si Hitler était cliniquement fou, ce qui n’est guère contesté, les innombrables citoyens des grands pays germaniques qui l’ont suivi avec enthousiasme l’étaient-ils aussi ? Notre célèbre neuropsychiatre-écrivain ne le croit pas un instant. Dans leur immense majorité, affirme-t-il, les Nazis ne présentaient aucun trouble psychiatrique décelable. Qu’est-ce qui a fait qu’ils ont adhéré sans discussion à un programme politique aussi destructeur, et aussi profondément inhumain ?
Ils se sont simplement, quasi mathématiquement, et incontestablement mimétiquement, soumis à l’autorité qui s’était emparée du pouvoir par la force et la violence. Simple retour au mécanisme animal qui assure la cohésion des groupes : un dominant s’est imposé, faisant de tous les autres des dominés ? Se soumettre, c’est accepter, de gré ou de force, de se placer en dessous. Et de s’y maintenir. Comment, et aussi longtemps, un aussi grand peuple que le peuple allemand , d’une culture aussi remarquable dans tous les domaines, a-t-il pu cultiver cette soumission ? Cela laisse pantois qui ne veut pas se contenter d’explications socio-psychologiquement simplistes.
La question de la soumission demeure d’une tragique actualité. La plus récente des trois religions monothéïstes se réclamant d’Abraham ( judaïsme, christianisme, islamisme) a même choisi de se nommer elle-même la soumission. C’est le sens du mot islam. Se soumettre totalement au Dieu créateur unique par un retour aux origines véritables qui se seraient en grande partie perdues au fil des siècles dans le judaïsme et le christianisme, tel est le programme annoncé par le Prophète. Soumission à la seule divinité créatrice, révélée dans sa pureté absolue. L’homme étant ce qu’il est, le glissement de cette attitude de soumission s’est élargie aux hommes chargés de transmettre la révélation divine, ou parvenant à persuader leurs prochains qu’ils agissaient au nom du seul vrai Dieu.
Quand des jeunes gens décapitent devant les caméras les victimes qu’ils ont massacrées au nom des injonctions de leurs commanditaires de l’ombre, ils ne sont pas fous. La banalité totale de leur parcours personnel antérieur, leur «normalité» sociale apparente, sautent aux yeux. Oui, ils sont simplement soumis, et ils sont disposés à faire n’importe quoi pour démontrer la force de cette attitude. Il serait encore facile de stigmatiser cette façon d’être à un seul État Islamique, mais les choses vont bien plus loin. Ce n’est pas avec des forces militaires qu’il est possible de lutter contre de telles formes de terrorisme. C’est en apprenant à débusquer toutes les formes de soumission, où qu’elle se nichent. Soumission à des hommes toujours, surtout s’ils prétendent parler au nom de leur Dieu, ou de toute autre divinité supra-humaine ou erzatz à la mode du moment. Apprendre à ne pas se soumettre, à critiquer tous les jougs que nous nous imposons à nous-mêmes, que nous acceptons par intérêt, par vanité ou par faiblesse, c’est un vaste chantier. Il ne dépend que de la volonté et du courage de chacun. Il ne peut pas faire l’objet d’un enseignement ou d’une formation organisée. Tout simplement parce que cette capacité de libre-arbitre ne peut que heurter tous les pouvoirs en place. Et sans aucune exception. Quand on pense au nombre d’années sans cesse croissant (bac plus je ne sais plus combien) consacrée à nous catéchiser, l’entreprise intellectuelle et comportementales pour les sur-formés, médecins en tête, est encore plus ardue. Mais, il n’y a pas des siècles, une petite poignée de gens baptisés « dissidents », avec leur seul cerveau comme arme, a réussi à mettre à bas un des systèmes politiques les plus puissants que l’humanité ait connu. D’autres existent. Des oreilles attentives s’ouvrent de plus en plus, « les insoumis » du monde entier, merci les échanges par Internet, un jour seront compris et entendus.
Os Court :
« L‘ inverse de l’humour, ce n’est pas le sérieux, c’est la soumission. »
Guy Bedos
LEM n° 923 sur le site Expression Médicale
10 août 2015
Pas fous, juste soumis
Docteur François-Marie Michaut
Le propos de Boris Cyrulnik à France Info le 6 août 2015 m’a frappé. Il a rappelé que la folie meurtrière d’Hitler, dont il a tant souffert dans son enfance, avait été expliquée par le corps médical d’alors comme une conséquence d’une syphilis nerveuse ancienne. Depuis, les antibiotiques sont nés et leur usage a fait disparaitre du paysage la terrible vérole qui terrorisait les familles, les pouvoirs publics, tout comme les soignants. La folie hitlérienne n’était pas le résultat des dégâts neuronaux du fameux tréponème pâle, mais d’un autre ordre. Alors, si Hitler était cliniquement fou, ce qui n’est guère contesté, les innombrables citoyens des grands pays germaniques qui l’ont suivi avec enthousiasme l’étaient-ils aussi ? Notre célèbre neuropsychiatre-écrivain ne le croit pas un instant. Dans leur immense majorité, affirme-t-il, les Nazis ne présentaient aucun trouble psychiatrique décelable. Qu’est-ce qui a fait qu’ils ont adhéré sans discussion à un programme politique aussi destructeur, et aussi profondément inhumain ?
Ils se sont simplement, quasi mathématiquement, et incontestablement mimétiquement, soumis à l’autorité qui s’était emparée du pouvoir par la force et la violence. Simple retour au mécanisme animal qui assure la cohésion des groupes : un dominant s’est imposé, faisant de tous les autres des dominés ? Se soumettre, c’est accepter, de gré ou de force, de se placer en dessous. Et de s’y maintenir. Comment, et aussi longtemps, un aussi grand peuple que le peuple allemand , d’une culture aussi remarquable dans tous les domaines, a-t-il pu cultiver cette soumission ? Cela laisse pantois qui ne veut pas se contenter d’explications socio-psychologiquement simplistes.
La question de la soumission demeure d’une tragique actualité. La plus récente des trois religions monothéïstes se réclamant d’Abraham ( judaïsme, christianisme, islamisme) a même choisi de se nommer elle-même la soumission. C’est le sens du mot islam. Se soumettre totalement au Dieu créateur unique par un retour aux origines véritables qui se seraient en grande partie perdues au fil des siècles dans le judaïsme et le christianisme, tel est le programme annoncé par le Prophète. Soumission à la seule divinité créatrice, révélée dans sa pureté absolue. L’homme étant ce qu’il est, le glissement de cette attitude de soumission s’est élargie aux hommes chargés de transmettre la révélation divine, ou parvenant à persuader leurs prochains qu’ils agissaient au nom du seul vrai Dieu.
Quand des jeunes gens décapitent devant les caméras les victimes qu’ils ont massacrées au nom des injonctions de leurs commanditaires de l’ombre, ils ne sont pas fous. La banalité totale de leur parcours personnel antérieur, leur «normalité» sociale apparente, sautent aux yeux. Oui, ils sont simplement soumis, et ils sont disposés à faire n’importe quoi pour démontrer la force de cette attitude. Il serait encore facile de stigmatiser cette façon d’être à un seul État Islamique, mais les choses vont bien plus loin. Ce n’est pas avec des forces militaires qu’il est possible de lutter contre de telles formes de terrorisme. C’est en apprenant à débusquer toutes les formes de soumission, où qu’elle se nichent. Soumission à des hommes toujours, surtout s’ils prétendent parler au nom de leur Dieu, ou de toute autre divinité supra-humaine ou erzatz à la mode du moment. Apprendre à ne pas se soumettre, à critiquer tous les jougs que nous nous imposons à nous-mêmes, que nous acceptons par intérêt, par vanité ou par faiblesse, c’est un vaste chantier. Il ne dépend que de la volonté et du courage de chacun. Il ne peut pas faire l’objet d’un enseignement ou d’une formation organisée. Tout simplement parce que cette capacité de libre-arbitre ne peut que heurter tous les pouvoirs en place. Et sans aucune exception. Quand on pense au nombre d’années sans cesse croissant (bac plus je ne sais plus combien) consacrée à nous catéchiser, l’entreprise intellectuelle et comportementales pour les sur-formés, médecins en tête, est encore plus ardue. Mais, il n’y a pas des siècles, une petite poignée de gens baptisés « dissidents », avec leur seul cerveau comme arme, a réussi à mettre à bas un des systèmes politiques les plus puissants que l’humanité ait connu. D’autres existent. Des oreilles attentives s’ouvrent de plus en plus, « les insoumis » du monde entier, merci les échanges par Internet, un jour seront compris et entendus.
Os Court :
« L‘ inverse de l’humour, ce n’est pas le sérieux, c’est la soumission. »
Guy Bedos
03 août 2015
Médecine économe LEM 922
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 922 http://www.exmed.org/archives15/circu922.html 2 août 2015
Médecine économe
Docteur François-Marie Michaut
L’économe est traditionnellement, dans les salles de garde des hôpitaux, l’interne élu par ses pairs, chargé du bon déroulement des repas. Trois règles simples : ne pas parler de médecine, ne pas parler de politique, et demander à l’économe la permission avant de quitter la table.
En dehors de cet aspect folklorique des salles de garde de grand-papa, ce qui ne veut pas dire dénué de tout fondement de bon sens, la médecine ne semble guère soucieuse de la notion d’économie. Il existe, certes, une économie de la santé, mais que ne se préoccupe guère que de l’organisation de ce qui est censé aller dans le sens de la santé de la collectivité. Santé publique, dit-on, souvent engluée dans des calculs purement comptables du coût des soins, tournant comme une mouche autour du fameux trou de la sécurité sociale. La santé que veut-on dire par là ? Si on se place du côté de chaque personne, la bonne santé pour tous et pour chacun, de la naissance à la mort, la perspective semble hors de toute réalité. En regardant les choses avec la lorgnette du «social», pour désigner le collectif, la machinerie complexe de la fourniture des soins de santé aux citoyens se résume finalement à sa dimension économique. Combien ça coûte de se soigner en France, comment arriver à réduire la progression fantastique des moyens financiers investis pour nos soins ?
Tout le monde semble accepter comme un phénomène parfaitement naturel que la quantité d’argent employée au nom d’une médecine de plus en plus performante suive une progression exponentielle. Le vivant nous le montre sans discussion : rien, absolument rien ne peut être en croissance perpétuelle. Bien entendu, nous pouvons faire comme pour nos énergies fossiles et continuer à les bruler dans nos voitures ou nos chaudières jusqu’au dernier baril sans nous soucier de la suite des évènements.
Le monde agricole, qui fait beaucoup parler de lui en ce moment, a connu une expansion industrielle systématique, avec les résultats destructeurs que nous commençons à percevoir dans toute leur gravité. Le mouvement de l’agriculture dite raisonnée a fait bouger les lignes et... les comportements pour passer du systématique binaire au systémique moins simpliste. La pensée écologique ( à ne pas confondre avec les partis politiques verts et les militants néo-hippies) nous imprègne peu à peu. Irréversiblement. Le monde médical a été , lui aussi, entrainé depuis la seconde guerre mondiale dans une spirale menée par d’habiles industriels qui ont compris combien ils pouvaient en tirer de bénéfices. Une sorte de règle non dite du «toujours plus» a contaminé les esprits. Les hommes politiques ont sauté sur la valeur dans leur fief électorale des usines à soigner. Bien des choses, comme les petits hôpitaux, les cabinets médicaux individuels en ville ou en campagne, s’effondrent sous nos yeux. Les fameux «déserts médicaux». Faut-il se taire, comme devant une fatalité imparable ? Alors, si on se mettait à étudier comment et pourquoi nous gaspillons nos moyens matériels, intellectuels et humains au nom d’une idéologie globalisante qui ne dit jamais son nom et agit sans fin ? La notion de médecin économe, au sens le plus ménager de l’adjectif, mérite la plus grande attention. Oui, ça semble ringard. À première vue seulement. Parce que si ce n’est pas l’homme médecin (comme tout autre «soignant») qui garde à l’esprit que c’est de lui seul que dépend la réalité d’une médecine judicieusement adaptée à la somme d’argent que notre société est disposée à dépenser pour se soigner, aucune évolution n’est possible. C’est un retour à la responsabilité incontournable de chaque personne, toute action faite au nom de la collectivité demeure obligatoirement sans effet. Continuer un chemin qui conduit à un gouffre sans fond n’a vraiment rien de séduisant. De moins en moins de médecins s’installent en France : ce n’est pas une coïncidence.
Un peu d’imagination, une bonne dose d’intelligence, un minimum d’attention à ceux qui sont capables de donner des pistes pour que la médecine, sortant enfin de sa soumission intellectuelle à la domination américano-anglaise, redevienne ce qu’elle a toujours été : un art en constante mutation pour aider au mieux à vivre son propre univers culturel. Et là, pas question de se montrer économes de nos efforts pour soigner encore mieux ceux qui en ont tellement besoin.
Les moyens, cela ne peut que suivre, jamais précéder.
Os Court :
« L’homme économe se reconnait à ce que, s’éloignant des onctions superflues, il ne se frictionne qu’aux huiles essentielles. »
Philippe Bouvard
27 juillet 2015
Il faut cultiver notre jardin LEM 921
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 921 sur EXMED 27 juillet 2015Il faut cultiver notre jardin
Docteur François-Marie Michaut
Voltaire termine son Candide sur cette injonction sybilline pour des lycéens urbains : « ... mais il faut cultiver notre jardin». Quand de grandes manoeuvres politico-diplomatiques se mettent en place avec l’objectif de sauver la planète des conséquences du réchauffement climatique favorisé par nos activités, la question de l’écologie, de la conscience écologique plus exactement, se révèle d’une actualité... brûlante.
En vérité, les soignants, médecins en tête, sans doute trop marqués par le blanc de leur blouse, ne donnent pas la preuve de leur tropisme pour la verte écologie. Les sciences, chimie en tête avec le légendaire Pasteur, ont marqué au fer rouge nos façons de percevoir le vivant, et d’intervenir pour tenter de redresser ses déviations pathologiques. Dieu sait si cette pauvre médecine a été affublée, ces dernières années, de qualificatifs destinés à singulariser tel ou tel de ses aspects particuliers. Nous n’avons pas vu fleurir de proposition d’une médecine écologique, en dehors de quelques cercles militants confidentiels.
Penser la santé de chaque homme comme une conséquence du fonctionnement de toute la biosphère demeure un exercice intellectuel pour le moins inhabituel. L’antique enseignement ( faire de l’alimentation notre premier remède) attribué à Hippocrate demeure lettre morte face aux puissantes industries chimico-agro-alimentaires. À la décharge du corps médical, la masse des connaissances jugées nécessaires au traitement des seules maladies répertoriées est telle que le temps d’une vie étudiante puis professionnelle est trop court pour aller plus loin. Est-ce suffisant pour juger que l’intérêt médical pour l’écologie est hors sujet ? La progression des pathologies directement liées à nos façons d’exploiter la nature sans autre motivation qu’économique nous contraint chaque jour d’avantage à sortir de notre inertie aveugle de nantis de la planète. Et, changement climatique ou non, désertification de la planète ou pas, ce n’est qu’un début.
Il est plus que temps que la pensée médicale fasse l’effort de se démédicaliser pour cesser d’être l’auxiliaire de fait du gigantesque suicide collectif de notre espèce Homo Sapiens qui est en cours. Sapiens, celui qui sait. Cela reste à prouver dans les faits et les façons de vie pour chacun d’entre nous.
Alors, peut-être que cultiver son jardin, dans tous les sens possibles de l’expression, demeure tout aussi urgent et vital qu’au siècle des Lumières.
Os Court :
« Une croissance indéfinie est impossible, nous n’avons qu’une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l’opinon les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s’y opposent. »
René Dumont, agronome, 1904-2001
13 juillet 2015
LEM 919 : Sous la démocratie
Lettre d'Expression médicale
La LEM n° 919 est sur le site Exmed à :http://www.exmed.org/archives15/circu919.html
13 juillet 2015
Sous la démocratie
Docteur François-Marie Michaut
« Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas », la poésie doucement anarchisante de Georges Brassens demeure troublante.
Ce fameux mois de juillet, nous souvenons-nous qu’il est nommé ainsi depuis plus de deux mille ans en l’honneur d’un certain Jules César ? Le même exactement que dans les aventures d’Astérix le gaulois. Le titre de gloire de cet empereur romain ? Celui d’avoir été le zélé écrivain-reporter et le brillant vainqueur de cette guerre des Gaules que nous avons perdue.
Alors, comment ne pas sourire quand nous avons choisi, en plein milieu de ce mois impérial colonisateur, le 14 juillet 1789 comme le symbole de la révolution donnant, pour la première fois, le pouvoir au peuple en le retirant à ses souverains de droit divin ? Jusque là, sous nos cieux, aucune discussion n’était possible, il ne pouvait exister qu’un seul pouvoir, celui de notre Dieu créateur dont la volonté et la parole ne pouvait passer que par l’intermédiaire d’un clergé omniprésent.
La volonté populaire aurait pris la place de la volonté divine ? Le message est dur, la pilule pas franchement facile à avaler pour la plus grande partie des sujets appelés à devenir les nouveaux citoyens.
Quand on constate un peu partout une volonté de rejeter cette démocratie dite «occidentale» par des formes ancestrales de théocratie inspirées d’un certain «Islam», une question devient inévitable.
Quelles sont les racines de notre démocratie ? D’où avons-nous tiré nos valeurs fondatrices, le fameux liberté-égalité-fraternité pour simplifier à l’excès ?
Évoquer de simples causalités historiques comme les abus de régimes essouflés, ou des raisons économiques, est insuffisant. Il a fallu une grande énergie à quelques esprits pour penser autrement notre monde et les relations entre les humains. C’est à la recherche de cette énergie, et à ses racines, qu’il convient de s’élancer.
Ce n’est qu’en la comprenant enfin, sans se mettre aucune oeillère intellectuelle, qu’il devient possible de se mesurer autrement que par la force des armes avec les gens qui prétendent imposer au monde entier ce que leur coutume a laissé vivant dans leur esprit.
Tout le reste - qui occupe si fort les médias - n’est que gesticulation politique ou manipulation économique, qui ne peut qu’exacerber encore plus dangereusement des extrémismes meurtriers.
Os Court :
« La démocratie, ce curieux abus de la statistique. »
José Luis Borges
06 juillet 2015
Civilisation, guerre ou paix LEM 918
Lettre d'Expression médicale
Faire en sorte que nos hordes humaines sortent du statut de prédateurs collectifs disposés à se déchaîner au moindre prétexte semble un devenir des plus difficiles à organiser. Pour ne pas dire physiologiquement impossible pour l’espèce zoologique homo sapens sapiens depuis son apparition sur la planète. Les braves gens en ont fait une maxime : la guerre a toujours existé, donc elle existera toujours. Sauf que, désormais, c’est tout le monde vivant que nous avons la capacité de faire disparaitre à tout jamais.
Les bruits d’explosion, les bilans macabres des exterminations, les rodomontades de groupuscules activistes confondant le monde des hommes et les productions cinématographiques, avec un fort relent infantile de jeux vidéo, polluent tellement par leur violence notre perception de la réalité que nous voilà incapables de penser que les choses peuvent être autrement. Peuvent, pourraient, devraient ?
Nous avons été dressés au récit historique des grands empires que le monde a connu , aux vastes épopées conquérantes et à ce que nous nommons, avec des trémolos dans la voix, les civilisations. Avec leur triple état de naissance, tel le récit mythique de Romulus et Remus, de plénitude superbe, puis, après un dernier éclat remarquable, de leur disparition. Là encore, avec une sélectivité toute occidentale, pour nous permettre de nous affirmer les dignes héritiers des plus illustres épopées humaines. Que les autres continents que le nôtre aient pu connaitre des cultures aussi admirables que celles de nos ancêtres revendiqués est un sentiment récent. Les discours des colonisateurs, comme notre cher Jules Ferry, après ceux des Croisés, en disent long sur nos anciennes façons de penser « les autres ».
Alors, parler, comme le font nos leaders, de guerre des civilisations pour expliquer les agissements terroristes est une bien piètre explication. Des gens se réclamant, avec légèreté spirituelle selon beaucoup de connaisseurs, d’une civilisation fondée par Mahomet pour mener une forme de guerre psychologique d’extermination de la société dominante de ceux qui vivent dans le péché, ce n’est pas un vrai conflit. Même si nos armées se font entendre et voir, nous ne nous sentons pas en guerre contre une autre civilisation. Pour se battre, il faut être deux. S’agit-il pour autant d’un choc ? Pas vraiment. Parce qu’il faudrait pour cela que face à ceux qui brandissent leurs convictions, sans chercher à nous convaincre de leur supériorité, nous-mêmes soyons capables de définir sans la moindre zone d’obscurité ce qu’est notre civilisation.
Munis de ce diagnostic, établi avec la plus juste rigueur intellectuelle, en faisant appel à toutes les connaissances humaines disponibles accumulées ( donc, pas seulement les scientifiques) nous serions en position de partir enfin à la recherche d’une union irréversibles des différentes cultures de la planète.
Osons une hypothèse hardie que confortent quelques observations : même si nos politiques, trop paralysés par le quotidien, n’en ont pas encore pris conscience, ce mouvement là est en route.
Os Court :
« Quand fond la neige, où va le blanc ? » Shakespeare
LEM n° 918 6 juillet 2015
Civilisation, guerre ou paix ?
Docteur François-Marie Michaut
Faire en sorte que nos hordes humaines sortent du statut de prédateurs collectifs disposés à se déchaîner au moindre prétexte semble un devenir des plus difficiles à organiser. Pour ne pas dire physiologiquement impossible pour l’espèce zoologique homo sapens sapiens depuis son apparition sur la planète. Les braves gens en ont fait une maxime : la guerre a toujours existé, donc elle existera toujours. Sauf que, désormais, c’est tout le monde vivant que nous avons la capacité de faire disparaitre à tout jamais.
Les bruits d’explosion, les bilans macabres des exterminations, les rodomontades de groupuscules activistes confondant le monde des hommes et les productions cinématographiques, avec un fort relent infantile de jeux vidéo, polluent tellement par leur violence notre perception de la réalité que nous voilà incapables de penser que les choses peuvent être autrement. Peuvent, pourraient, devraient ?
Nous avons été dressés au récit historique des grands empires que le monde a connu , aux vastes épopées conquérantes et à ce que nous nommons, avec des trémolos dans la voix, les civilisations. Avec leur triple état de naissance, tel le récit mythique de Romulus et Remus, de plénitude superbe, puis, après un dernier éclat remarquable, de leur disparition. Là encore, avec une sélectivité toute occidentale, pour nous permettre de nous affirmer les dignes héritiers des plus illustres épopées humaines. Que les autres continents que le nôtre aient pu connaitre des cultures aussi admirables que celles de nos ancêtres revendiqués est un sentiment récent. Les discours des colonisateurs, comme notre cher Jules Ferry, après ceux des Croisés, en disent long sur nos anciennes façons de penser « les autres ».
Alors, parler, comme le font nos leaders, de guerre des civilisations pour expliquer les agissements terroristes est une bien piètre explication. Des gens se réclamant, avec légèreté spirituelle selon beaucoup de connaisseurs, d’une civilisation fondée par Mahomet pour mener une forme de guerre psychologique d’extermination de la société dominante de ceux qui vivent dans le péché, ce n’est pas un vrai conflit. Même si nos armées se font entendre et voir, nous ne nous sentons pas en guerre contre une autre civilisation. Pour se battre, il faut être deux. S’agit-il pour autant d’un choc ? Pas vraiment. Parce qu’il faudrait pour cela que face à ceux qui brandissent leurs convictions, sans chercher à nous convaincre de leur supériorité, nous-mêmes soyons capables de définir sans la moindre zone d’obscurité ce qu’est notre civilisation.
Munis de ce diagnostic, établi avec la plus juste rigueur intellectuelle, en faisant appel à toutes les connaissances humaines disponibles accumulées ( donc, pas seulement les scientifiques) nous serions en position de partir enfin à la recherche d’une union irréversibles des différentes cultures de la planète.
Osons une hypothèse hardie que confortent quelques observations : même si nos politiques, trop paralysés par le quotidien, n’en ont pas encore pris conscience, ce mouvement là est en route.
Os Court :
« Quand fond la neige, où va le blanc ? » Shakespeare
29 juin 2015
Brouets DANS LE POTAGE LEM 917
Lettre d'Expression médicale
Os Court :
« L’indécis laisse geler sa soupe de l’assiette à la bouche. » Don Quichotte (Cervantès)
LEM n° 917 29 juin 2015
Brouets
DANS LE POTAGE
Jacques Grieu
Même dans mon enfance, encore pas bien grand,
Je posais des questions sans cesse à mes parents.
« Grandit, bois donc ta soupe, on verra ça plus tard ! »
Après beaucoup de soupe, et voyant mon retard,
Mes questions repartaient. Dégoûté du potage,
J’entendais les réponses : « attends ! Et reste sage ! »
J’ai donc laissé mûrir mais n’ai toujours rien vu.
« Attends donc la retraite, il faut avoir vécu ! »
Maintenant retraité, je suis toujours déçu ;
Personne n’est plus là, qui m’aurait répondu.
J’ai soupé de la soupe et ne veux plus l’aimer ;
Que ce soit du bouillon, le meilleur consommé,
Garbure ou velouté, goulasch ou minestrone,
Me donnent l’impression que quelqu’un m’empoisonne.
La bisque ou le pistou, le brouet de bécasse,
Sont devenus pour moi, des soupes à la grimace.
« Vous crachez dans la soupe », ont dit certains quidams
Sans voir que dès l’enfance, il y avait ce drame.
Sur la tête, un cheveu ne se remarque pas ;
Mais s’il est dans la soupe, on en fait tout un plat.
Pourtant, la soupe aux choux, je ne peux m’en passer.
D’ailleurs, Molière aussi nous a bien énoncé :
« On vit de bonne soupe et non de beau langage ».
« Qui soupe bien dort bien », a ajouté le sage.
Et puis, dans un vieux pot, on fait de bonne soupe :
Quand on a moins de dents, la soupe a vent en poupe …
Plutôt que « pas de soupe », ôtons donc la cuillère :
La soupe on peut servir sans verser la soupière !
« Par ici bonne soupe » aurait dit Henri IV
Goûtant sa poule au pot sans se laisser abattre.
Ce qu’hostie est à messe, arme l’est à la troupe,
Les légumes au potage et le chou à la soupe.
Une vie sans danger n’est que soupe sans sel ;
Le pleutre, à la goûter, se dit qu’elle est mortelle.
A se lever trop tard, on trouve soupe froide :
L’indécis, hésitant, mange de la panade,
Et donc, pour tout potage, il n’aura que des restes,
Pestant contre la vie au brouet indigeste…
Comme on fera la soupe, on boira le bouillon ;
Ne chauffons pas la mer pour cuire le poisson !
Os Court :
« L’indécis laisse geler sa soupe de l’assiette à la bouche. » Don Quichotte (Cervantès)
22 juin 2015
Comprendre le ramadan LEM 916
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 916 22 juin 2015
Comme chaque année, le mois du ramadan est un évènement en France. Nous y sommes en ce moment. Observer ses obligations est l’un des cinq piliers de l’Islam. Que peuvent bien comprendre ceux qui ne partagent pas la foi musulmane ? Pas grand chose, sauf qu’il s’agit d’un jeûne entre le lever et le coucher du soleil durant un mois lunaire. Les personnes dont le métier est de soigner les autres devraient se demander quelle est la signification de cette pratique vécue comme un grand moment de l’année par bien des gens autour de nous. Les modalités pratiques sont accessibles à chacun. En voici un rappel. Pour les adultes en bonne santé, la prise de tout aliment ou boisson durant la journée est interdite. Il en est ainsi pour l’usage du tabac ou les relations sexuelles. Par contre, la nuit, il est prescrit de se régaler et de ne pas se priver des plaisirs de la chair. Ceci diffère totalement du carême des chrétiens, où ne se retrouve pas cette opposition entre le jour et la nuit.
Pour ceux qui n’ont pas les yeux de la foi, et qui veulent quand même tenter de comprendre, ce sont les symboles qui sont à déchiffrer. Un symbole, comme en chimie, est un signe visible de tous qui accompagne une réalité moins accessible à la connaissance. Ici, le symbole est double. La lumière du soleil et l’ombre de la nuit. Du jour vient toute source de vie ( photosynthèse végétale entre autre). La lune qui éclaire la nuit n’est que le reflet de l’énergie envoyée par l’astre solaire. La lumière, c’est la forme particulière qui anime sous nos yeux toute la création. Pour les religions, dont celle du Prophète, c’est l’énergie divine en action. Priver son corps de ses carburants habituels, c’est contraindre l’esprit à se concentrer sur cette réalité. Le jour est le temps de la connaissance?
La nuit est le moment où les choses se font, où les esprits travaillent librement, où les connaissances pratiques, les plans et les inventions se trament. Quand il est dit de se réjouir, de faire la fête, de quelle nourriture est-il question ? Pas seulement de festins matériels, de patisseries délicates à partager en famille. Il s’agit de dévorer à pleine dents toutes les connaissances accumulées par les têtes humaines, en particulier du côté de l’occident depuis des siècles. C’est une invitation à une véritable réconciliation entre le spirituel et le scientifique qui est ainsi lancée. L’Islam et l’Occident enfin capables de partager quelque chose de fondamental et de fondateur d’un avenir fertile au lieu de se recroqueviller chacun sur ses seules valeurs traditionnelles, l’enjeu est de toute première importance pour l’humanité toute entière. Il n’est pas d’autre réponse possible aux mouvements terroristes se réclamant d’une tradition qu’ils ne connaissent pas en profondeur pour justifier leur fureur meurtrière.
Os Court :
« Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt. »
Proverbe chinois
LEM n° 916 22 juin 2015
Comprendre le ramadan
D. Marche
Comme chaque année, le mois du ramadan est un évènement en France. Nous y sommes en ce moment. Observer ses obligations est l’un des cinq piliers de l’Islam. Que peuvent bien comprendre ceux qui ne partagent pas la foi musulmane ? Pas grand chose, sauf qu’il s’agit d’un jeûne entre le lever et le coucher du soleil durant un mois lunaire. Les personnes dont le métier est de soigner les autres devraient se demander quelle est la signification de cette pratique vécue comme un grand moment de l’année par bien des gens autour de nous. Les modalités pratiques sont accessibles à chacun. En voici un rappel. Pour les adultes en bonne santé, la prise de tout aliment ou boisson durant la journée est interdite. Il en est ainsi pour l’usage du tabac ou les relations sexuelles. Par contre, la nuit, il est prescrit de se régaler et de ne pas se priver des plaisirs de la chair. Ceci diffère totalement du carême des chrétiens, où ne se retrouve pas cette opposition entre le jour et la nuit.
Pour ceux qui n’ont pas les yeux de la foi, et qui veulent quand même tenter de comprendre, ce sont les symboles qui sont à déchiffrer. Un symbole, comme en chimie, est un signe visible de tous qui accompagne une réalité moins accessible à la connaissance. Ici, le symbole est double. La lumière du soleil et l’ombre de la nuit. Du jour vient toute source de vie ( photosynthèse végétale entre autre). La lune qui éclaire la nuit n’est que le reflet de l’énergie envoyée par l’astre solaire. La lumière, c’est la forme particulière qui anime sous nos yeux toute la création. Pour les religions, dont celle du Prophète, c’est l’énergie divine en action. Priver son corps de ses carburants habituels, c’est contraindre l’esprit à se concentrer sur cette réalité. Le jour est le temps de la connaissance?
La nuit est le moment où les choses se font, où les esprits travaillent librement, où les connaissances pratiques, les plans et les inventions se trament. Quand il est dit de se réjouir, de faire la fête, de quelle nourriture est-il question ? Pas seulement de festins matériels, de patisseries délicates à partager en famille. Il s’agit de dévorer à pleine dents toutes les connaissances accumulées par les têtes humaines, en particulier du côté de l’occident depuis des siècles. C’est une invitation à une véritable réconciliation entre le spirituel et le scientifique qui est ainsi lancée. L’Islam et l’Occident enfin capables de partager quelque chose de fondamental et de fondateur d’un avenir fertile au lieu de se recroqueviller chacun sur ses seules valeurs traditionnelles, l’enjeu est de toute première importance pour l’humanité toute entière. Il n’est pas d’autre réponse possible aux mouvements terroristes se réclamant d’une tradition qu’ils ne connaissent pas en profondeur pour justifier leur fureur meurtrière.
Os Court :
« Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt. »
Proverbe chinois
15 juin 2015
Quarante et un médecins LEM 915
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 915 15 juin 2015
Quarante et un médecins
Docteur François-Marie Michaut
C’est le nombre, non négligeable, de praticiens qui ont été consultés, en cinq ans, par Andreas Lubitz, le copilote qui a écrasé volontairement les 150 occupants de l’A320 de la compagnie Germanwings. Source : Le Monde du 11 juin 2015. Comment peut-il se faire que pas un seul de ces médecins n’ait agi pour que ce sujet cesse de piloter des avions, en particulier ceux qui transportent des passagers ? Se poser cette question n’a rien d’illégitime.
Pour des gens du métiers, les interrogations fusent de tous les côtés. En voici quelques unes.
La tendance, pour ne pas « enfermer » les patients dans des étiquettes qui puissent leur nuire, à ne pas poser de diagnostic psychiatrique est à mettre en question. Toute pathologie du comportement ne peut pas, scientifiquement parlant, être qualifiée de dépression. La simple description des symptômes, comme le fait le DSM américain pour contourner les querelles de chapelle entre spécialistes,n’est qu’un outil de recherche : l’utiliser comme manuel diagnostique est une tromperie intellectuelle majeure.
Le version édulcorée, chérie des journalistes comme des hommes de loi, est une prétendue «fragilité psychologique». Comme si notre fragile cerveau était une sorte de muscle plus ou moins bien entrainé ! Quand quelqu’un vit intérieurement dans une réalité déformée, quand ses limites personnelles ne lui sont pas perceptibles, nous sommes dans le domaine de la psychose. Cela doit pouvoir être dit aussi clairement que l’on parle d’une paraplégie, d’une surdité, d’une cécité ou de tout autre handicap. Il est vrai que la compréhension habituelle de la notion de psychose, comme une peur collective aussi contagieuse que peu motivée, ne simplifie pas les choses.
Le monde médical devrait rouspéter ouvertement quand est mise en avant une étiologie de sociologie de bazar aux comportements les plus graves. Le refrain de l’enfance malheureuse, des carences sociales ou affectives, des drames familiaux ordinaires n’a strictement aucun intérêt en dehors des tribunaux.
-La spécialisation médicale pose aussi de graves problèmes. Andreas se plaignait avant tout de troubles visuels, qui, disait-il, pouvaient l’empêcher un jour de voler. Il semble bien qu’aucun confrère n’ait détecté le moindre trouble objectif. Que pouvaient-ils faire d’autre que tenter de le rassurer : « Non, soyez tranquille, nos examens sont formels,votre bilan des yeux ne montre aucune anomalie ? Multiplier les avis différents et les consultations, quand on est persuadé de quelque chose, aussi folle soit cette conviction, cela ne laisse aucune trace. Toujours plus de la même chose, les systémiciens savent bien que cela ne sert jamais à rien. -Tout médecin est ligoté légalement, dans nos pays, par l’obligation du secret professionnel. Impossible donc de livrer un diagnostic à un employeur. C’est qu’intervient, ou devrait idéalement intervenir, la médecine du travail. À une double condition près. Que le médecin clinicien puisse le joindre ( il ne dispose que des dire de son patient) et lui faire part de son avis sur la dangerosité de la poursuite des activités professionnelles. La seconde condition est que le médecin du travail ne soit pas dans un lien de dépendance par rapport à l’entreprise en question. La question du secret médical dans cette discipline est loin d’être évidente.
-Sur les 41 médecins «consommées» en 5 ans, qui a bien pu se sentir responsable ? Un patient qui tire toutes les sonnettes, le praticien le sent vite, et le résultat est immédiat. Il ne peut pas s’investir. Michaël Balint l’a fort bien observé en Angleterre en nous expliquant le mécanisme de «la dilution des responsabilités». Finalement, sans faire de reproche à quiconque (et de quel droit le ferais-je ?), n’a-t-il pas manqué dans cette terrifiante affaire qu’un seul personnage médical ? Lequel ? Celui d’un véritable généraliste, occupant pleinement sa place, rien que sa place mais toute sa place dans un système sain de distribution des soins. Ce dernier aspect, soyez tranquille, il est bien trop dérangeant pour les pouvoirs en place. Vous ne le verrez évoquer dans aucun écrit. Il est simplement impensable pour les esprits issus de la connaissance technocratique. Chez ces gens influents, on préfère laisser mourir d’asphyxie ce métier si particulier.
Os Court :
« L’âme d’un homme est un domaine secret et difficilement accessible. »
Georges Duhamel (écrivain et médecin)
10 juin 2015
Merci Domi Bara,
Le principe de cette LEM, depuis 1997, est de limiter sa longueur à une page.
Parce qu'on lit peu, en particulier sur Internet.
Parce que nombreux sont ceux qui ont peu de temps dans le monde de la santé.
Cela demande un effort de concision à chaque auteur.
Le "coup d'oeil" est une façon de laisser ouverte la porte de sa liberté intellectuelle à chacun.
Les "retours" sont précieux pour améliorer nos échanges.
FMM
Le principe de cette LEM, depuis 1997, est de limiter sa longueur à une page.
Parce qu'on lit peu, en particulier sur Internet.
Parce que nombreux sont ceux qui ont peu de temps dans le monde de la santé.
Cela demande un effort de concision à chaque auteur.
Le "coup d'oeil" est une façon de laisser ouverte la porte de sa liberté intellectuelle à chacun.
Les "retours" sont précieux pour améliorer nos échanges.
FMM
09 juin 2015
La vie LEM 914
Lettre d'Expression médicale
LEM n° 914 sur Exmed
1er juin 2015La vie
Docteur François-Marie Michaut
La dramatique histoire de survie artificielle après un accident de la circulation de Vincent Lambert demeure au premier plan de l’actualité avec une décision de la Cour européenne de justice. Disons-le d’emblée : maintenir en vie pendant tant d’années un être humain aussi sévèrement atteint dans des fonctions vitales est un prodige stupéfiant des techniques médicales actuelles. La moindre des politesses est de remercier tous les membres des équipes soignantes qui travaillent tous les jours pour que Vincent Lambert ne soit pas rayé du nombre des vivants. J’imagine quelles pressions peuvent être exercées par ceux qui souhaitent que les soins soient poursuivis et ceux qui jugent un tel acharnement (non thérapeutique dans ce cas précis) contraire à toute dignité humaine.
Chacun a le droit absolu d’avoir sa propre opinion sur le cas Vincent Lambert. Le risque, cependant, est que ce soit l’émotion, infiniment plus que la réflexion en profondeur qui détermine les prises de position. Pour caricaturer un peu, nous sommes dans le domaine du «moi, à sa place, je voudrais que». Sauf que personne n’est, ni ne peut être, à sa place. Un peu plus subtilement peut être invoqué un « moi, si j’étais à la place de sa mère ou de sa femme, j’aurais telle position». Droit, morale, impératifs religieux ou philosophiques, tous les points de vue se mélangent, sans être capables de s’entendre.
La question de la mort humaine est finalement assez simple. L’heure inévitable où ce que nous observons comme la vie cesse de fonctionner. Au passage, même si cela nous ennuie beaucoup ou nous fait très peur, c’est notre seule certitude.
Le surgissement de toute nouvelle vie, à partir de rien d’autre que, dans un monde de probabilités possibles, de deux cellules étrangères qui se sont mystérieusement rencontrées. Rien d’autre nous dit la science. Une énergie a été nécessaire pour que ce mouvement unique, plutôt que rien, pour paraphraser Jacques Grieu (LEM 913) puisse se produire.
Alors cette vie, sachons l’admirer, à défaut de comprendre pourquoi elle est partout, avec tous ses défauts, comme avec toutes ses qualités.
Les trouvailles des sciences et des techniques ne doivent pas se dresser comme des filtres nous rendant incapables de garder pleine conscience de ce miracle permanent qui est la conservation sans aucune faille du cycle vie-mort-vie. Tout le reste n’est que querelles superficielles. Et comme la vie est courte, perdre son temps, c’est perdre une bonne partie de sa vie. Autrement dit, se comporter comme un déjà mort !
Os Court :
On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner.
Marcel Proust
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