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09 août 2015

Pas fous, juste soumis LEM 923

Lettre d'Expression médicale
LEM n° 923 sur le site Expression Médicale    
10 août 2015

              
 
                                           

                

                              Pas fous, juste soumis

           

                            Docteur François-Marie Michaut


                               

      Le propos de Boris Cyrulnik à France Info le 6 août 2015 m’a frappé. Il a rappelé que la folie meurtrière d’Hitler, dont il a tant souffert dans son enfance, avait été expliquée par le corps médical d’alors comme une conséquence d’une syphilis nerveuse ancienne. Depuis, les antibiotiques sont nés et leur usage a fait disparaitre du paysage la terrible vérole qui terrorisait les familles, les pouvoirs publics, tout comme les soignants. La folie hitlérienne n’était pas le résultat des dégâts neuronaux du fameux tréponème pâle, mais d’un autre ordre.

   Alors, si Hitler était cliniquement fou, ce qui n’est guère contesté, les innombrables citoyens des grands pays germaniques qui l’ont suivi avec enthousiasme l’étaient-ils aussi ? Notre célèbre neuropsychiatre-écrivain ne le croit pas un instant. Dans leur immense majorité, affirme-t-il, les Nazis ne présentaient aucun trouble psychiatrique décelable. Qu’est-ce qui a fait qu’ils ont adhéré sans discussion à un programme politique aussi destructeur, et aussi profondément inhumain ?   

   Ils se sont simplement, quasi mathématiquement, et incontestablement mimétiquement, soumis à l’autorité qui s’était emparée du pouvoir par la force et la violence. Simple retour au mécanisme animal qui assure la cohésion des groupes : un dominant s’est imposé, faisant de tous les autres des dominés ?    Se soumettre, c’est accepter, de gré ou de force, de se placer en dessous. Et de s’y maintenir.    
Comment, et aussi longtemps, un aussi grand peuple que le peuple allemand , d’une culture aussi remarquable dans tous les domaines, a-t-il pu cultiver cette soumission ? Cela laisse pantois qui ne veut pas se contenter d’explications socio-psychologiquement simplistes.

   La question de la soumission demeure d’une tragique actualité. La plus récente des trois religions monothéïstes se réclamant d’Abraham ( judaïsme, christianisme, islamisme) a même choisi de se nommer elle-même la soumission. C’est le sens du mot islam. Se soumettre totalement au Dieu créateur unique par un retour aux origines véritables qui se seraient en grande partie perdues au fil des siècles dans le judaïsme et le christianisme, tel est le programme annoncé par le Prophète. Soumission à la seule divinité créatrice, révélée dans sa pureté absolue.
L’homme étant ce qu’il est, le glissement de cette attitude de soumission s’est élargie aux hommes chargés de transmettre la révélation divine, ou parvenant à persuader leurs prochains qu’ils agissaient au nom du seul vrai Dieu.

Quand des jeunes gens décapitent devant les caméras les victimes qu’ils ont massacrées au nom des injonctions de leurs commanditaires de l’ombre, ils ne sont pas fous. La banalité totale de leur parcours personnel antérieur, leur «normalité» sociale apparente, sautent aux yeux.     
Oui, ils sont simplement soumis, et ils sont disposés à faire n’importe quoi pour démontrer la force de cette attitude.
Il serait encore facile de stigmatiser cette façon d’être à un seul État Islamique, mais les choses vont bien plus loin.

Ce n’est pas avec des forces militaires qu’il est possible de lutter contre de telles formes de terrorisme. C’est en apprenant à débusquer toutes les formes de soumission, où qu’elle se nichent. Soumission à des hommes toujours, surtout s’ils prétendent parler au nom de leur Dieu, ou de toute autre divinité supra-humaine  ou erzatz à la mode du moment.
  Apprendre à ne pas se soumettre, à critiquer tous les jougs que nous nous imposons à nous-mêmes, que nous acceptons par intérêt, par vanité ou par faiblesse, c’est un vaste chantier. Il ne dépend que de la volonté et du courage de chacun. Il ne peut pas faire l’objet d’un enseignement  ou d’une formation organisée. Tout simplement parce que cette capacité de libre-arbitre ne peut que heurter tous les pouvoirs en place. Et sans aucune exception. Quand on pense au nombre d’années sans cesse croissant (bac plus je ne sais plus combien) consacrée à nous catéchiser, l’entreprise intellectuelle et comportementales pour les sur-formés, médecins en tête, est encore plus ardue.  
   Mais, il n’y a pas des siècles, une petite poignée de gens baptisés « dissidents », avec leur seul cerveau comme arme, a réussi à mettre à bas un des systèmes politiques les plus puissants que l’humanité ait connu.    D’autres existent. Des oreilles attentives s’ouvrent de plus en plus,  « les insoumis » du monde entier, merci les échanges par Internet, un jour seront compris et entendus.

                              

  
Os Court :
 
« L‘ inverse de l’humour, ce n’est pas le sérieux, c’est la soumission.  »
 Guy Bedos


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