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27 juillet 2015

Il faut cultiver notre jardin LEM 921

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 921 sur EXMED     27 juillet 2015

              
 
                                                           

                           Il faut cultiver notre jardin


           

                                              Docteur François-Marie Michaut

                               

    Voltaire termine son Candide  sur cette injonction sybilline pour des lycéens urbains : « ... mais il faut cultiver notre jardin».  Quand de grandes manoeuvres politico-diplomatiques se mettent en place avec l’objectif de sauver la planète des conséquences du réchauffement climatique favorisé par nos activités, la question de l’écologie, de la conscience écologique plus exactement, se révèle d’une actualité... brûlante.

    En vérité, les soignants, médecins en tête, sans doute trop marqués par le blanc de leur blouse, ne donnent pas la preuve de leur tropisme pour la verte écologie. Les sciences, chimie en tête avec le légendaire Pasteur, ont marqué au fer rouge nos façons de percevoir le vivant, et d’intervenir pour tenter de redresser ses déviations pathologiques. Dieu sait si cette pauvre médecine a été affublée, ces dernières années, de qualificatifs destinés à singulariser tel ou tel de ses aspects particuliers. Nous n’avons pas vu fleurir de proposition d’une médecine écologique, en dehors de quelques cercles militants confidentiels.

   Penser la santé de chaque homme comme une conséquence du fonctionnement de toute la biosphère demeure un exercice intellectuel pour le moins inhabituel. L’antique enseignement ( faire de l’alimentation notre premier remède) attribué à Hippocrate demeure lettre morte face aux puissantes industries chimico-agro-alimentaires. À la décharge du corps médical, la masse des connaissances jugées nécessaires au traitement des seules maladies répertoriées est telle que le temps d’une vie étudiante puis professionnelle est trop court pour aller plus loin. Est-ce suffisant pour juger que l’intérêt médical pour l’écologie est hors sujet ? La progression des pathologies directement liées à nos façons d’exploiter la nature sans autre motivation qu’économique nous contraint chaque jour d’avantage à sortir de notre inertie aveugle de nantis de la  planète. Et, changement climatique ou non, désertification de la planète ou pas, ce n’est qu’un début.

   Il est plus que temps que la pensée médicale fasse l’effort de se démédicaliser pour cesser d’être l’auxiliaire de fait du gigantesque suicide collectif de notre espèce Homo Sapiens qui est en cours. Sapiens, celui qui sait. Cela reste à prouver dans les faits et les façons de vie pour chacun d’entre nous.

   Alors, peut-être que cultiver son jardin, dans tous les sens possibles de l’expression, demeure tout aussi urgent et vital qu’au siècle des Lumières.

             

  
Os Court :
 
« Une croissance indéfinie est impossible, nous n’avons qu’une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l’opinon les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s’y opposent.  »

 René Dumont, agronome, 1904-2001 


13 juillet 2015

LEM 919 : Sous la démocratie

Lettre d'Expression médicale

La LEM n° 919 est sur le site Exmed à :
http://www.exmed.org/archives15/circu919.html
     

13 juillet 2015

              
 
                                                           

                          Sous la démocratie 


                           Docteur François-Marie Michaut

                              

                
    « Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas », la poésie doucement anarchisante de Georges Brassens demeure troublante. 



Ce fameux mois de juillet, nous souvenons-nous qu’il est nommé ainsi depuis plus de deux mille ans en l’honneur d’un certain Jules César ? Le même exactement que dans les aventures d’Astérix le gaulois. Le titre de gloire de cet empereur romain ? Celui d’avoir été le zélé écrivain-reporter et le brillant vainqueur de cette guerre des Gaules que nous avons perdue.

   Alors, comment ne pas sourire quand nous avons choisi, en plein milieu de ce mois impérial colonisateur, le 14 juillet 1789 comme le symbole de la révolution donnant, pour la première fois, le pouvoir au peuple en le retirant à ses souverains de droit divin ?
Jusque là, sous nos cieux, aucune discussion n’était possible, il ne pouvait exister qu’un seul pouvoir, celui de notre Dieu créateur dont la volonté et la parole ne pouvait passer que par l’intermédiaire d’un clergé omniprésent.

La volonté populaire aurait pris la place de la volonté divine ? Le message est dur, la pilule pas franchement facile à avaler pour la plus grande partie des sujets appelés à devenir les nouveaux citoyens.

Quand on constate un peu partout une volonté de rejeter cette démocratie dite «occidentale» par des formes ancestrales de théocratie inspirées d’un certain «Islam», une question devient inévitable.

   Quelles sont les racines de notre démocratie ? D’où avons-nous tiré nos valeurs fondatrices, le fameux liberté-égalité-fraternité pour simplifier à l’excès ?
Évoquer de simples causalités historiques comme les abus de régimes essouflés, ou des raisons économiques, est insuffisant. Il a fallu une grande énergie à quelques esprits pour penser autrement notre monde et les relations entre les humains. C’est à la recherche de cette énergie, et à ses racines, qu’il convient de s’élancer.
Ce n’est qu’en la comprenant enfin, sans se mettre aucune oeillère intellectuelle,  qu’il devient possible de se mesurer autrement que par la force des armes avec les gens qui prétendent imposer au monde entier ce que leur coutume a laissé vivant dans leur esprit.

   Tout le reste - qui occupe si fort les médias - n’est que gesticulation politique ou manipulation économique, qui ne peut qu’exacerber encore plus dangereusement des extrémismes meurtriers.



                 

  
Os Court :
 
«  La démocratie, ce curieux abus de la statistique. » 
   
José Luis Borges

06 juillet 2015

Civilisation, guerre ou paix LEM 918

Lettre d'Expression médicale

LEM n° 918     6 juillet 2015


              
 
                                                           

                         Civilisation, guerre ou paix ?  

           

                           Docteur François-Marie Michaut

                              

                
    Faire en sorte que nos hordes humaines sortent du statut de prédateurs collectifs disposés à se déchaîner au moindre prétexte semble un devenir des plus difficiles à organiser. Pour ne pas dire physiologiquement impossible pour l’espèce zoologique homo sapens sapiens depuis son apparition sur la planète. Les braves gens en ont fait une maxime : la guerre a toujours existé, donc elle existera toujours. Sauf que, désormais, c’est tout le monde vivant que nous avons la capacité de faire disparaitre à tout jamais.

   Les bruits d’explosion, les bilans macabres des exterminations, les rodomontades de groupuscules activistes confondant le monde des hommes et les productions cinématographiques, avec un fort relent infantile de jeux vidéo, polluent tellement par leur violence notre perception de la réalité que nous voilà incapables de penser que les choses peuvent être autrement. Peuvent, pourraient, devraient ?

    Nous avons été dressés au récit historique des grands empires que le monde a connu , aux vastes épopées conquérantes et à ce que nous nommons, avec des trémolos dans la voix, les civilisations. Avec leur triple état de naissance, tel le récit mythique de Romulus et Remus, de plénitude superbe, puis, après un dernier éclat remarquable, de leur disparition. Là encore, avec une sélectivité toute occidentale, pour nous permettre de nous affirmer les dignes héritiers des plus illustres épopées humaines. Que les autres continents que le nôtre aient pu connaitre des cultures aussi admirables que celles de nos ancêtres revendiqués est un sentiment récent. Les discours des colonisateurs, comme notre cher Jules Ferry, après ceux des Croisés, en disent long sur nos anciennes façons de penser « les autres ».

   Alors, parler, comme le font nos leaders, de guerre des civilisations pour expliquer les agissements terroristes est une bien piètre explication. Des gens se réclamant, avec légèreté spirituelle selon beaucoup de connaisseurs, d’une civilisation fondée par Mahomet pour mener une forme de guerre psychologique d’extermination de la société dominante de ceux qui vivent dans le péché, ce n’est pas un vrai conflit.
Même si nos armées se font entendre et voir, nous ne nous sentons pas en guerre contre une autre civilisation. Pour se battre, il faut être deux.

   S’agit-il pour autant d’un choc ? Pas vraiment. Parce qu’il faudrait pour cela que face à ceux qui brandissent leurs convictions, sans chercher à nous convaincre de leur supériorité, nous-mêmes soyons capables de définir sans la moindre zone d’obscurité ce qu’est notre civilisation.

   Munis de ce diagnostic, établi avec la plus juste rigueur intellectuelle, en faisant appel à toutes les connaissances humaines disponibles accumulées ( donc, pas seulement les scientifiques) nous serions en position de partir enfin à la recherche d’une union irréversibles des différentes cultures de la planète. 


Osons une hypothèse hardie que confortent quelques observations : même si nos politiques, trop paralysés par le quotidien, n’en ont pas encore pris conscience, ce mouvement là est en route.



                        

  
Os Court :
 
«  Quand fond la neige, où va le blanc ?  » 
     Shakespeare

CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...