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25 janvier 2015

Cause toujours CAUSALITÉ, LEM 897

Lettre d'Expression Médicale n° 897
Sur le site EXPRESSION MÉDICALE

26 janvier 2015


                                                           
 Cause toujours
 
                                                         CAUSALITÉ
                               

                                 Jacques Grieu


   


Petites sont les causes et grands sont les effets
Si les effets sont grands, c’est donc qu’ils sont surfaits.
Et des effets trop grands souvent habillent mal.
Un tailleur mis en cause aurait dit : c’est fatal,
La cause est trop petite et rend l’effet bancal.
Il aurait gain de cause au moindre tribunal.
La cause est entendue ; sera-t-elle écoutée ?
En tout état de cause, les effets sont restés.

La cause du divorce, elle est le mariage ; 
Ce n’est pas moi, c’est l’autre, est un vain caquetage …
Un danger fait moins peur quand sa cause est connue,
Alors, cause cachée excuse tout abus ?
La cause a peu d’effet si c’est mal énoncé ;
On n’est jamais puni pour avoir mal pensé.
L’effet de la colère est pire que sa cause
Et la cause vénielle, en effet, elle explose.

On peut fermer les yeux pour cause de décès ;
C’est là question de cause ou d’effet angoissé  ?
Car de cause à effet, les faits restent les faits.
Fait et cause je prends pour les insatisfaits.
Nul ne peut être juge en sa cause privée,
Et la raison pour soi n’est pas cause prouvée.
Mon cœur et mon esprit sont mes doubles prisons,
Et je demeure, hélas, ma cause et ma raison …


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NDLR : La citation finale est de Mihàli Babits, écrivain et poète hongrois 1883-1941, membre de la revue d’avant garde Nyugat (Occident)

  

           
 
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Os Court :
«   La croyance au rapport de cause à effet est la superstition.»  

    Ludwig Wittgenstein ( philosophe autrichien, puis britannique 1889-1951)


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19 janvier 2015

Un "JE SUIS" à ne pas rater. LEM 896



Lettre d'Expression médicale
LEM n° 896 http://www.exmed.org/archives15/circu896.html
   
19 janvier 2015

              
 
                                                           
                  Un « JE SUIS ...» à ne pas rater
                               

                                Docteur François-Marie Michaut  

   Le 11 janvier 2015, des millions de gens défilant ensemble dans les rues, dans les campagnes, à Paris et toutes les villes de France, des cortèges semblables dans de nombreux pays du monde, quel évènement ! Que ces rassemblements n’aient donné lieu à aucune violence relève de l’inédit.
Que chaque participant, ou presque, de sa propre initiative ait tenu à brandir un  « Je suis Charlie », avec un certain nombre de variantes personnelles, mérite une grande attention.

Ce ne sont pas les corps constitués, les groupes organisés, les responsables religieux, philosophiques, syndicalistes, associatifs, les leaders culturels ou les ténors des médias qui ont pris cette initiative. Juste la trouvaille pleine de talent d’un internaute qui n’a pas oublié Kennedy à Berlin. Comme par génération spontanée, ces sortes de cartes d’identité montrées à tous sont apparues dans un ensemble totalement hors de nos habitudes. Le fait que les mots juif, policier, musulman, au féminin comme au masculin, que le «je» cherche parfois à devenir le «nous» se voulant rassembleur, soient affichés n’a entrainé  dans les rues aucun conflit apparent.

Il ne reste alors, pour qui veut pousser sa vision d’une journée sans aucun précédent connu, qu’à se demander ce que veut dire cette revendication de reconnaissance d’identité quand, oubliant un instant Charlie et tous les autres, on ne prend en compte que le JE SUIS.
Je l’écris volontairement en lettre capitales pour signifier qu’il s’agit d’un cri, silencieux mais puissant. Ce n’est pas  une affirmation douce ou un banal verbe auxiliaire. J’affirme mon existence, ce n’est pas rien.
Qu’il ait été figuré en lettres blanches sur fond noir souligne la gravité de la déclaration.

Affirmer aux yeux de tous sa volonté personnelle d’être un humain capable de choisir par lui-même sa propre conception de la vie et des rapports aux autres n’est pas un exercice habituel. Nous sommes tellement  rodés à n’être que des numéros, comme pour la sécurité sociale, les administrations, des électeurs pour les politiques, des consommateurs pour les vendeurs, des fidèles ou des infidèles pour les organisations religieuses, ou intellectuelles ! L’individu, celui qu’on ne peut pas couper en morceaux, est une espèce en voie de disparition. L’individualisme est partout vilipendé, point de salut hors des groupes constitués semblait-on nous faire croire jusqu’au 11 janvier 2015.
Alors, retour de bâton magistral dans le sillage involontaire du fameux Charlie et de ses voisins d’affichage. Je prends conscience que je suis, sans le savoir le plus souvent, le porteur de valeurs d’ordre métaphysique, pour ne pas employer le terme  sulfureux de spirituel. Je dis sans me cacher aux yeux si facilement moqueurs des autres, que c’est là ma colonne vertébrale et que je ne donne à personne le droit d’en disposer à sa guise. Peu importe que certains y accolent de grands mots, de grands principes, l’essentiel n’est pas là.

Voilà ce que j’ai cru comprendre avant que le rouleau compresseur des commentateurs de tous les bords ne produise une bouillie intellectuelle des plus indigeste.

Une fois encore, même si elle n’est pas pleinement mise en avant, la question du libre arbitre  de chaque humain refait surface. Mais qui se soucie encore de lire, Maïmonide le médecin, Thomas d’Aquin le théologien,  Spinozza le philosophe, parmi bien d’autres,  quand les images et les bavardages factuels nous inondent ?
Alors au lieu de nous précipiter sur des mesures matérielles pour «lutter contre» notre peur, perdons tout le temps nécessaire pour prendre la mesure de ce que le réel nous a dit à tous.

   Au moment de mettre un point final à cette lettre, me revient en mémoire un avis d’internaute, il y a quelques semaines, me reprochant -très justement - de ne pas aller assez loin dans mes conclusions. Alors, allons-y.
Oser dire «je suis», ce n’est pas une forfanterie gratuite, ce n’est pas tenter de faire croire à qui que ce soit que je suis quelqu’un... d’important. C’est affirmer que je suis conscient d’avoir une existence propre, et à nulle autre semblable, qui mérite d’être respectée. Je n’ai pas à me prendre la tête afin de devenir ce que les autres (famille, religion, métier, tradition, culture etc...) me poussent, parfois avec violence, à être. M’accepter comme je suis, sans me juger, exactement comme Socrate disait à ses disciples « connais-toi toi-même».
Cette prise de conscience ne peut avoir aucune conséquence pratique sur notre avenir le plus quotidien ? Bien malin est celui qui peut le parier. 
Qui d’entre nous, il y a seulement un mois, aurait misé un kopeck sur le retentissement mondial fulgurant d’un journal marginal brûlant ses dernières cartouches financières, faute de lecteurs ? 
Cet hebdo agonisant se nommait Charlie, personne ne l’a oublié. Nul ne sait à cette heure quel sera son avenir et... le notre.




                 répondre    

  
Os Court :
«  Je suis celui qui est. » 

    Dieu à Moïse (L’Exode)

16 janvier 2015

La Connaissance pour 2015 LEM 894

    Lettre d'Expression médicale 894
  http://www.exmed.org/archives15/circu894.html

LEM n° 894 Édition courriel    4 janvier 2015

              
 
                                                           
                         La Connaissance pour 2015
                               

                                Docteur François-Marie Michaut


   Franchement, les rétrospectives rituelles m’ennuient autant que les bilans annuels ou les inventaires de janvier. Je vous propose de sauter ensemble tous les détails pour aller droit au but.

    Qu’est-ce qui m’a le plus frappé dans ce qui s’est passé en 2014 ?
Les derniers mois ont été effarants, avec l’acharnement de destruction des écoles un peu partout dans le monde. De la banale vandalisation de lieux d’enseignement en Europe à l’enlèvement de lycéennes en Afrique pour les réduire en esclavage, sans oublier, hélas, les massacres systématiques effroyables perpétrés au Pakistan, en Syrie et ailleurs contre des enfants, des professeurs et des étudiants, les actes meurtriers à grand spectacle, une haine meurtrière s’est déchainée.

   Une tentative de compréhension en faisant l’effort de penser de façon systémique (et non, comme nous en avons l’habitude, en termes de causalité linéaire) n’est pas sans intérêt. Cela n’enlève rien à l’horreur que chaque personne peut légitimement ressentir face à de semblables atrocités, et ne saurait constituer une quelconque justification de ces crimes contre l’humanité toute entière, sans la moindre restriction.
Quel peut bien être le lien commun à toutes ces destructions volontaires de diverses origines de notre fragile humanité ?

   Première précaution à prendre, pour ne pas se laisser happer par des polémiques tournant en boucle. Ne pas s’arrêter aux discours des différentes parties, soit s’obstinant dans leur parti, souvent sous une bannière prétendue religieuse, soit se sentant le droit de parler au nom de la pensée globalisée de la planète entière.

La cible visée par les auteurs d’actions pour répandre la terreur dans les esprits du monde numérique tout entier est univoque. Il n’est qu’une cible dangereuse pour eux. Ce sont les écoles. Il faut les détruire, ou, à défaut, contraindre les jeunes à ne pas les fréquenter.
La connaissance est devenue le plus grand ennemi des mouvements les plus terroristes. Contraindre des populations entières à retourner, ou à demeurer dans l’obscurantisme, voilà qui doit faire retourner plus d’un Voltaire dans sa tombe !
    Puissent tous ceux qui souhaitent lutter contre les mouvances extrémistes  les plus sanguinaires ne pas oublier ce message. Le plus grand ennemi des terroristes, en fait le seul vraiment dangereux pour leur avenir, infiniment plus que tous les actes de guerre militaire ou économique, c’est la connaissance sous toutes ses formes. Donc, ce qui, à mes yeux, mérite de prendre le nom de la Connaissance avec une majuscule. Tout ce que les cerveaux humains de tous les temps et de tous les lieux ont été capables de comprendre et de construire, sans aucune exception, exclusion ou même hiérarchisation constitue notre bien le plus précieux. Personne n’a le droit, ni le pouvoir de détruire la Connaissance.

    Il nous faut aller au delà des réactions émotives qui sont des façons, calculées avec cynisme par ceux qui les provoquent, de manipuler les opinions publiques. Il ne faut surtout pas baisser les armes devant ceux qui veulent imposer leur système par la violence et la terreur des populations. Peu importe qu’Allah - ou tout autre principe suprême - soit mis en avant ou non. Aussi noble et vénérable soit l’invocation, tout prétexte transcendant n’est qu’un alibi vieux comme le monde pour assurer sa domination sur les autres.

   La victoire est assurée, tôt ou tard, pour ceux qui savent faire fonctionner leur cerveau en favorisant sans faiblesse le fonctionnement des têtes du plus grand nombre. Le mouvement de partage, encore inédit dans l’histoire de l’humanité (imprévisible il y a seulement un demi siècle), des connaissances de tous les ordres à travers toute la planète avec le numérique est irréversible. Une ère culturelle planétaire nouvelle est en action.
     L’information, au sens le plus large du mot - celui de la mise en forme d’une réalité - se révèle être une forme encore négligée d’énergie dans tout l’univers. Nous en mesurons aisément les faiblesses et les détournements. La puissance de cette énergie nous est encore difficilement perceptible.
      Ne manquons par pour autant d’en exploiter avec enthousiasme et opiniâtreté toutes les richesses actuelles et futures.
Travailler sans faillir pour la Connaissance est la seule réponse intelligente possible à tous les terrorismes et à tous les asservissements de notre belle terre. Si nous n’avons ni ce courage, ni ce talent, sachons au moins respecter les efforts de ceux qui s’y consacrent.

 



                                  Retrouver la confiance.
  

                                 Restaurer la conscience.
  
 
                          
                                Renforcer la compétence.


  
Os Court :
« La liberté commence où l’ignorance finit. » 

    Victor Hugo
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CONTRE NATURE  NATURELLEMENT                                 La nature, il paraît, aurait horreur du… vice, S’opposant, «  par nature »,  à ...